Et si nous parlions lectures ...

[Robert]

Avec les frimas revenus, la grisaille des jours et l'ennui qui derrière son rideau noir nous guette, la lecture est ou peut être un dérivatif appréciable.
Un échange entre "cyberpotes" lecteurs pourrait avoir un intérêt.
Notre ami "Manyair", sans doute pris par le "tourbillon de la vie" ne fréquente plus cette rubrique ; ses compétences culturelles manquent à l'évidence.

J'ouvre donc la chronique avec le dernier bouquin que j'ai lu : Je vous en recommande le titre.

Il s'agit l'ouvrage intitulé "PARFUMS" de Philippe Claudel édité chez Stock.
Comme le titre du livre l'indique, l'auteur évoque, à partir de sensations olfactives, des dizaines de souvenirs de son enfance et de sa jeunesse. Des textes concis, vifs, dans un style d'écriture propre à l'auteur et qui m'a enthousiasmé. Il s'agit d'une suite d'anecdotes, sans autre lien entre elles que leur point de départ : Un parfum ... Je devrais écrire une odeur car cela va, dans un ordre volontairement décousu et dicté par l'ordre alphabétique, de "Acacia" à "voyage", en passant par "la charogne", "le cigare" ou ... "le sexe féminin" ! C'est dire ! Tout un programme.

Philippe Claudel est un auteur lorrain contemporain et relativement jeune (quadragénaire je pense), dont j'ai lu plusieurs oeuvres, lectures qui ne m'ont jamais déçu, je cite :
- Les âmes grises
- La petite fille de monsieur Linh
- Le rapport Brodeck

[Denis]

As tu lu "la première gorgée de bière"? (j'ai oublié le nom de l'auteur...). Un veritable hymne aux petits bonheurs quotidiens qui font que notre vie est belle...

[Denis]

C'est Philippe Delerm, l'auteur...

[Denis]

En voici un extrait:

C’est la seule qui compte.....
Les autres, de plus en plus longues, de plus en plus anodines, ne donnent qu’un empatement tiédasse, une abondance gâcheuse.La dernière, peut-être, retrouve avec la désillusion de finir un semblant de pouvoir...
Mais la première gorgée ! Gorgée ? Ça commence bien avant la gorge. Sur les lèvres déjà cet or mousseux, frâicheur amplifiée par l’écume, puis lentement sur le palais bonheur tamisé d’amertume. Comme elle semble longue, la première gorgée ! On la boit tout de suite, avec une avidité faussement instinctive. En fait, tout est écrit : la quantité, ce ni trop ni trop peu qui fait l’amorce idéal ; le bien être immédiat ponctué par un soupir, un claquement de langue, ou un silence qui les vaut ; la sensation trompeuse d’un plaisir qui s’ouvre à l’infini.....En même temps, on sait déjà.
Tout le meilleur est pris.
On repose son verre, et on l’éloigne même un peu sur le petit carré buvardeux. On savoure la couleur , faux miel, soleil froid. Par tout un rituel de sagesse et d’attente, on voudrait maitriser le miracle qui vient à la fois de se produire et de s’échapper. On lit avec satisfaction sur la paroi du verre le nom précis de la bière que l’on avait commandée. Mais contenant et contenu peuvent s’interroger, se répondre en abîme, rien ne se multipliera plus. On aimerait garder le secret de l’or pur, et l’enfermer dans des formules. Mais devant sa petite table blanche éclaboussée de soleil, l’alchimiste déçu ne sauve que les apparences, et boit de plus en plus de bière avec de moins en moins de joie.
C’est un bonheur amer : on boit pour oublier la première gorgée.

[Robert]

En voici un extrait:

C’est la seule qui compte.....
Les autres, de plus en plus longues, de plus en plus anodines, ne donnent qu’un empatement tiédasse, une abondance gâcheuse.La dernière, peut-être, retrouve avec la désillusion de finir un semblant de pouvoir...
Mais la première gorgée ! Gorgée ? Ça commence bien avant la gorge. Sur les lèvres déjà cet or mousseux, frâicheur amplifiée par l’écume, puis lentement sur le palais bonheur tamisé d’amertume. Comme elle semble longue, la première gorgée ! On la boit tout de suite, avec une avidité faussement instinctive. En fait, tout est écrit : la quantité, ce ni trop ni trop peu qui fait l’amorce idéal ; le bien être immédiat ponctué par un soupir, un claquement de langue, ou un silence qui les vaut ; la sensation trompeuse d’un plaisir qui s’ouvre à l’infini.....En même temps, on sait déjà.
Tout le meilleur est pris.
On repose son verre, et on l’éloigne même un peu sur le petit carré buvardeux. On savoure la couleur , faux miel, soleil froid. Par tout un rituel de sagesse et d’attente, on voudrait maitriser le miracle qui vient à la fois de se produire et de s’échapper. On lit avec satisfaction sur la paroi du verre le nom précis de la bière que l’on avait commandée. Mais contenant et contenu peuvent s’interroger, se répondre en abîme, rien ne se multipliera plus. On aimerait garder le secret de l’or pur, et l’enfermer dans des formules. Mais devant sa petite table blanche éclaboussée de soleil, l’alchimiste déçu ne sauve que les apparences, et boit de plus en plus de bière avec de moins en moins de joie.
C’est un bonheur amer : on boit pour oublier la première gorgée.

La portée philosophique de ce passage est à la fois réaliste et ... très pessimiste.

[Tadkozh]

...après avoir terminé un "pavé" sur les guerres de religion, j'ai également fait un sort à un ouvrage de Jean-Christophe Notin "la guerre de l'ombre des Français en Afghanistan - 1975/2011" chez Fayard, puis à celui d'Antoine Peillon " ces 600 milliards qui manquent à la France", au seuil et je suis en train de me distraire avec "les dessous de la campagne" de Laurent Neumann chez Fayard...

Tadkozh

[phiphi76]

Vous téléchargez les bouquins sur le net ?
@cyberpotes + !

[Tadkozh]

Vous téléchargez les bouquins sur le net ?
@cyberpotes + !

...euh non....ce sont des bouquins réels...pas "virtuels"...et puis j'ai tendance à lire au lit..! d'accord, il y a les "tablettes" mais j'aime bien l'odeur des livres qui me rappelle la rentrée des classes quand j'étais "petit"...

Tadkozh

[Robert]

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...euh non....ce sont des bouquins réels...pas "virtuels"...et puis j'ai tendance à lire au lit..! d'accord, il y a les "tablettes" mais j'aime bien l'odeur des livres qui me rappelle la rentrée des classes quand j'étais "petit"...

Tadkozh

J'ai été un moment tenté, moi aussi, par la tablette numérique ... et puis, je me suis rendu à l'évidence : Mes préférences vont nettement à la lecture sur papier plutôt qu'à celle sur écran.

[Denis]

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...euh non....ce sont des bouquins réels...pas "virtuels"...et puis j'ai tendance à lire au lit..! d'accord, il y a les "tablettes" mais j'aime bien l'odeur des livres qui me rappelle la rentrée des classes quand j'étais "petit"...

Tadkozh

Pareil!