Ma tante ...

[Robert]

Non, je ne veux pas parler de l'organisme parisien qui prête à gage ... Mais de ma tante, unique et vraie, dont le décès vient de m'être annoncé par mon cousin germain, son fils aîné. Elle allait avoir 92 ans, ce qui, a-t-on coutume de dire, est un "bel âge", si tant est qu'il en soit un pour mourir. Mais ma tante était très malade, depuis plusieurs mois et par conséquent, son passage dans 'l'autre monde" n'est pas une surprise.

Ma tante Andrée dite Dédée était mon unique tante ; cadette de ma mère de dix ans, nous avons, elle et moi, un long parcours parallèle ... un vécu commun et dont le vivant souvenir étend sur moi un voile de tristesse.

Je revois :
- Par photos interposées, la jeune fille qui promenait une poussette dans les rues de Contrexéville ; j'avais trois ans, elle était une toute jeune fille, ma tante, sans doute heureuse d'accompagner un enfant dont elle se sentait, peut-être, un peu la mère. C'était la guerre, mais de cela, je n'ai pas souvenir.
- A la fin de la guerre, sur les quais de la Saône à Tournus, la jeune femme follement amoureuse de l'homme qui allait devenir son mari et avec lequel elle allait avoir trois enfants et "faire sa vie".
- La maison du village bressan d'Huilly où j'étais régulièrement accueilli pour de longues périodes de vacances ; il y avait cette belle maison du bourg, appelée à l'époque par les villageois "le château", aujourd'hui ruiniforme et l'usine créée par mon oncle et ma tante. On y confectionnait des chaises, c'était l'industrie locale. J'y faisais de menus travaux, allais à la pêche dans la rivière Seille toute proche, accompagnais mon oncle dans ses démarches professionnelles. Des souvenirs en ribambelles, qui relatés feraient un livre ...
- Ce destin si cruel qui allait emporter mon oncle dans la force de l'âge et laisser ma tante veuve, avec ses enfants encore jeunes et une entreprise à gérer.
- Cette femme dite "de tête", volontaire et entreprenante, qui allait réussir ces tours de force : surmonter son immense chagrin et reprendre et faire prospérer une usine.
-Cette grand-mère, qui organisait des rencontres familiales afin que ne se distendent trop les liens de cousinage ; les distances et le temps, hélas, font leur oeuvre.
-Cette vieille dame enfin, vivant à Louhans dans sa maison, entourée de ses souvenirs, de sa famille de ses amis, puis sa retraite dans la Drôme, auprès de son fils ...

Ainsi va la vie, comme un livre ouvert sur une table, et dont le vent tourne les pages, tantôt lentement, feuille à feuille, tantôt si vite ...
Adieu, ma tante.
Je sais que tu as peut-être, dans l'autre monde espéré, retrouvé l'être cher.

[Tadkozh]

...dans les anciens, seule Maman, dans sa cent deuxième année, est toujours de ce monde. Tous sont partis. Oncle, tante, paternels, Maman étant fille unique...Restent les cousins germains de Papa, issus du plus jeune frère de mon grand-père. Une soeur de ma grand-mère paternelle ressemblait à ta tante. Epicerie dans un hameau de dix feux et l'oncle entrepreneur de maçonnerie, grand chasseur, buveur et fourmillant d'idées nouvelles : il s'était construit une maison dont la charpente était ( est toujours..) en béton armé !

Tadkozh

[béni]

Mes condoléances Robert !
C'est toujours difficile de voir partir la famille, d'autant plus lorsque l'on en était proche ! Et ce quelque soit l'âge je pense...