Page 2 sur 2
Re: le sommeil et les rêves
Posté : 15 mai 2024, 10:25
par Robert
Mouvement.
Le mouvement de lacet sur la berge des chutes du fleuve,
Le gouffre à l’étambot
La célérité de la rampe,
L’énorme passade du courant
Mènent par les lumières inouïes
Et la nouveauté chimique
Les voyageurs entourés des trombes du val
Et du strom.
Ce matin sont revenus dans ma mémoire, les premiers vers du poème d’Arthur Rimbaud intitulé « mouvement »
Et ces mots, « la nouveauté chimique», ont sonné dans ma tête ; je vis grâce à la nouveauté chimique. Sans elle, il y a longtemps que j’aurais disparu et que je serais dans l’autre monde.
J’en suis à 14 pilules ou gélules par jour !
Dans ma situation d’invalide lucide, je souffre de ne pouvoir plus disposer de la moindre indépendance. Josette me nourrit, me mène à la salle de bain pour ma toilette, m’emmène au WC en cas de besoin, s’occupe de moi du matin au soir pour satisfaire le moindre de mes désirs,… je suis devenu un poids social.
Et pourtant il me resterait la solution de jeter aux orties« la nouveauté chimique ». Sans elle, je serais rapidement avec mes amis disparus. Rejeter le traitement chimique qui me tient artificiellement en vie est la rare liberté qui me reste.
Re: le sommeil et les rêves
Posté : 16 mai 2024, 10:23
par Lolo90
Oh ben non alors
Je lis en ce moment un livre intitulé
Respire de Maud Ankaoua où il y a pas mal de pensées philosophiques intéressant.
Un extrait d'un certain Gandhi:
Si vous vivez un moment difficile, ne blâmez pas la vie.
Vous êtes juste en train de devenir plus fort
Ou bien Tolstoï:
Le temps qui nous reste à vivre est plus important que toutes les années écoulées
Et te concernant, je me suis un peu retrouvé dans cette pensée de Wajdi Mouawad :
Il y a des êtres qui nous touchent plus que d'autres, sans doute parce que, sans que nous le sachions nous-mêmes, ils portent en eux une partie de ce qui nous manque.
Je te l'ai déjà écrit Robert, tu as encore tant de choses à apporter à ton entourage et à tes amis.
Alors reste encore avec nous ! Hein ?
Re: le sommeil et les rêve
Posté : 17 mai 2024, 09:40
par Robert
Et ce matin, j’ai rêvé que je semais des haricots.
Cela a commencé par le toucher, presque sensuel des haricots en grains, si lisses qu’ils coulent entre mes doigts.
Et puis cela a été comme dans une réalité : un cordeau tiré, un sillon creusé, des graines, déposées dans le sillon, le sillon refermé à l’aide du râteau.
………..
Et puis j’ai vu les graines s’éveiller doucement.
Tout d’abord le petit germe ouvre délicatement le tégument pour laisser passer une minuscule racine. L’enveloppe de la graine se déchire enfin pour laisser émerger et soulever les deux cotylédons. Et la plantule pousse deux petites feuilles hors de la terre à la recherche de lumière. Puis la plante de se nourrir bientôt de la substance des cotylédons avant que sa racine subvienne ses besoins.
Il ne restera plus qu’à récolter les légumes verts pour les consommer, et de laisser des gousses sécher à égrener pour les prochaines récoltes.
Que tout cela me rappelle le bon vieux temps où dans ma classe Je faisais éclore des graines pour aiguiser le sens de l’observation de mes petits élèves par ce cycle immuable de la germination des plantes.
Comme il est émouvant de penser, que les graines que je sème aujourd’hui sont les héritières de celles qui sont apparues sur la terre il y a peut-être un millénaire ou plus … et que depuis le processus de leur germination est immuable.
Un beau rêve, finalement, image de la vie sur la terre.
Je finis par me demander si mes rêves ne sont pas des rêves que je fais éveillé.
Re: le sommeil et les rêve
Posté : 17 mai 2024, 16:14
par Robert
Robert a écrit : ↑17 mai 2024, 09:40
Et ce matin, j’ai rêvé que je semais des haricots.
Cela a commencé par le toucher, presque sensuel des haricots en grains, si lisses qu’ils coulent entre mes doigts.
Et puis cela a été comme dans une réalité : un cordeau tiré, un sillon creusé, des graines, déposées dans le sillon, le sillon refermé à l’aide du râteau.
………..
Et puis j’ai vu les graines s’éveiller doucement.
Tout d’abord le petit germe ouvre délicatement le tégument pour laisser passer une minuscule racine. L’enveloppe de la graine se déchire enfin pour laisser émerger et se soulever les deux cotylédons. Et la plantule pousse deux petites feuilles hors de la terre à la recherche de lumière. Puis la plante de se nourrir bientôt de la substance des cotylédons avant que sa racine subvienne ses besoins.
Il ne restera plus qu’à récolter les légumes verts pour les consommer, et de laisser des gousses sécher à égrener pour les semences des années prochaines.
Que tout cela me rappelle le bon vieux temps où dans ma classe Je faisais éclore des graines de haricots pour aiguiser le sens de l’observation de mes petits élèves par ce cycle immuable de la germination des plantes.
Comme il est émouvant de penser, que les graines que je sème aujourd’hui sont les héritières de celles qui sont apparues sur la terre il y a peut-être un millénaire ou plus … et que depuis le processus de leur germination est immuable.
Un beau rêve, finalement, image de la vie sur la terre.
Je finis par me demander si mes rêves ne sont pas des rêves que je fais éveillé.
Re: le sommeil et les rêves
Posté : 22 mai 2024, 15:52
par Robert
Rêve éveillé
Et mon esprit bat la campagne ……
Ce matin, alors que se levait un jour gris, j’ai pensé à un dialogue entre moi-même et ma vie.
Ma vie… Lui ai-je dit adieu en ce début d’après-midi du 7 janvier 2023 ? Une date précise, un souvenir précis aussi.
Lorsque deux êtres se quittent, ils se disent généralement salut, coucou, au revoir, à demain, à mardi prochain, ou le plus moderne« à plus »…
Le mot adieu est réservé à une séparation définitive.
Moi-même et ma vie, nous ne nous sommes pas séparés complètement ; je suis encore vivant sous la forme d’un revenant, d’un fantôme. d"un feu follet.
En conséquence, au revoir ne convient pas, puisque nous ne nous reverrons jamais, pas plus qu’adieu puisque ma mort n’est que partielle. Parfois je cherche un mot qui n’existe pas. Le petit Robert reste muet !
Je suis devenu un légume. Comme un légume on me déplace. On m’épluche aussi, c’est-à-dire qu’on me déshabille. On m’habille et on me lave. Comme un légume on me nourrit, et on me donne à boire, en sorte que je devienne beau, beau étant ici synonyme de gros. On ne réussit pas trop mal !
Je termine par un sourire un peu amer mais un sourire tout de même…
On ne dit pas au revoir à un légume. On ne lui dit pas adieu non plus ; en guise d’adieu, on le mange. Voilà au moins un sort qui ne me sera pas réservé !
Re: le sommeil et les rêves
Posté : 23 mai 2024, 08:50
par Lolo90
Oh mais on dirait que tu as chopé le Mildiou dis-donc ?
Vite du purin d'orties
Allez Robert, essaie de garder le moral
Personne ne va te manger, t'es trop vieux !
Re: le sommeil et les rêves
Posté : 23 mai 2024, 10:12
par Robert
J’ai un problème récurrent avec l’aube… À l’heure où la campagne blanchit et où une lumière pâle éclaire progressivement mon univers.
C’est l’heure où je me réveille. Mes songes de la nuit sont encore là alors que pointe la réalité d’un jour nouveau. Je ne sais plus si je vis ou si je suis déjà dans un autre monde. Et passe un moment de néant, où revit un passé que le présent efface. Et dans ma mémoire, je retrouve les paroles de la chanson chantée par Yves Montand (paroles ci-dessous).
Me voilà parfaitement réveillé.
Le jour nouveau n’a rien changé, mes bras et mes jambes sont toujours paralysés, et je m’apprête à vivre encore une journée d’infirme sans mains, coupé du monde des vivants, du monde de ceux qui agissent.
"……….."
C'est à L'aube est une chanson en Français
C'est à l'aube
C'est à l'aube
Qu'on achève les blessés
Qu'on réveille les condamnés
Qui ne reviendront jamais
C'est à l'aube
C'est à l'aube
A l'heure triste où le jour point
Qu'on regarde son destin
Dans les yeux
A la croisée des chemins
Les hommes crispent leurs poings
Pour l'adieu
C'est à l'aube
C'est à l'aube
De demain
C'est à l'aube
C'est à l'aube
Que se meurent les amours
Que l'on renie les "toujours"
Quand va se lever le jour
C'est à l'aube
C'est à l'aube
A l'heure triste où le jour point
Qu'on se blottit dans un coin
Malheureux
C'est à l'heure où ma main
Cherche vainement ta main
D'homme heureux
C'est à l'aube
C'est à l'aube
De demain
Re: le sommeil et les rêves
Posté : 29 mai 2024, 09:05
par Robert
Mes deux dernières rêveries sont directement liés à la cuisine.
Mes rêves sont toujours l’image de mes échecs : je suis dans la confection d’un plat cuisiné et je suis sans cesse obligé de recommencer.
Avant-hier, c’était une blanquette avec du poisson. Mon plat était terminé, mais il était froid et je ne parvenais pas à le réchauffer!
Aujourd’hui, c’était un plat de légumes, dont la base était l’ail ! Je devais cuire en même temps un chou vert, des pommes de terre, et y ajouter une tête d’ail… mais régulièrement au moment de mettre les ingrédients dans la casserole, il en manquait un !
Mes rêves sont devenus très terre à terre, ils manquent totalement de poésie !
Heureusement que c’est Josette qui cuisine !
Re: le sommeil et les rêves
Posté : 01 juin 2024, 07:49
par callune
Re: le sommeil et les rêves
Posté : 28 janv. 2025, 14:38
par Robert
Une rouge pomme à couteaux…
Une rouge pomme à couteaux…Ces quelques mots me sont revenus en mémoire aujourd’hui, au moment précis où le réveil fait à nouveau place au royaume des songes. Je m’endors encore pour quelques minutes.
Et apparut à mes yeux la jolie pomme rouge qu’un jour J’ai photographiée dans mon verger.
Je l’ai prise. Elle tenait toute entière dans ma main. Et sa peau était si douce… Un moment je me suis cru dans le jardin d’Éden, le jour où Adam a fait le geste qui devait le condamner avec Ève sa compagne, pour une éternité de tourments.
……
J’étais dans un jour de l’été indien ; il faisait doux ce soir là ; l’horizon avait pris la couleur du miel.
J’ai senti dans ma poche le couteau qui toujours m’accompagne : un opinel dont la lame d’ acier tranche, coupe, émince, épluche, perce à mon gré. j’ai promené la lame de mon couteau sur la peau lisse de ma pomme.
Bientôt est apparu une goutte odorante de jus de pomme.
J’ai appuyé ma lame très fort, et la pomme s’est fendue avec le bruit particulier de l’éclatement de sa chair, pour révéler ses pépins noirs.
Mes yeux à nouveau se sont ouverts sur le jour gris. Plus de pomme rouge, plus de couteau.
Mes mains et mes jambes ont peiné à se mouvoir. j’ai retrouvé le monde du réel qui est le mien désormais, celui des tourments.
C’est bien moi me suis-je demandé ?
Être moi-même m’a réveillé !