Plumelec, gros bourg de 2600 âmes dans le Morbihan, entre Ploërmel et Vannes, non loin de Callac, est le théâtre de cette épreuve organisée parallèlement au Grand-Prix de Plumelec-Morbihan la veille.
La cyclosportive intègre pour la première fois le trophée de l’Ouest, et accueille 380 participants au départ sur les 3 circuits proposés, dont 150 pour chacun des 2 grands parcours de 153 et 104 km.
J’ai reçu ma puce électronique par courrier dans la semaine, envoyée par la mairie de Plumelec, et nous n’arborons ni dossard ni plaque de cadre.
Le départ est simultané pour les 2 grands circuits, avec la participation en guest stars de professionnels comme Lilian Jégou et Dimitri Champion ou encore quelques Elites locaux.
Dès le départ, pas de round d’observation, ça part à fond, à fond, à fond. Le parcours prévoit une boucle de 40 km qui nous fait passer devant l’un des Etablissements Jean Floc’h, pour revenir dans le bourg de Plumelec, lieu du premier ravitaillement.
Le rythme est très rapide, les bosses sont avalées très rapidement, souvent sur l’élan pris dans les descentes, excepté une très belle côte longeant la N24 située peu avant Saint-Allouestre, que je négocie parfaitement, remontant en tête de peloton. J’ai hâte que les 2 parcours bifurquent enfin, afin d’y voir plus clair en tête de course. C’est chose faite après environ 55 km effectués à la vitesse de 38 km/h et instantanément, le rythme ralentit.

C’est néanmoins à bonne allure que nous traversons les bourgs de Naizin et Moustoir-Remungol, tout va bien jusqu’au village de Saint-Thuriau. A cet endroit, alors que je me trouve dans le dernier tiers du peloton, nous abordons un virage serré à gauche, avec des gravillons sur la route. Je freine, mais je sens que le vélo est instable, je relâche les freins, et… me retrouve nez à nez avec un cycliste à pied, vélo à la main, qui se trouve au beau milieu de la route, sans doute a-t-il crevé… Du coup, c’est au ralenti que je repars, bon dernier désormais…

A Pluméliau, 8 km plus loin, je me retrouve dans la première moitié du peloton, je pense avoir fait le plus dur, mais dès la sortie du bourg, rebelote ! 60 km/h s’affiche sur mon compteur !

Nous continuons encore 5 km jusqu’au ravitaillement à la seconde usine Jean Floc’h et là, c’est la surprise, le bazar ! 250m devant moi se trouve le groupe de tête, arrêté et visiblement en train de discutailler ferme. Je vais à leur rencontre, mais derrière moi, les gars ont bifurqué dans l’enceinte de l’usine et m’appellent pour que j’en fasse autant. Je fais demi-tour, profite de l’occasion pour boire frais (il fait déjà chaud) et remplir mon bidon d’eau fraîche. Puis nous repartons, en sortant de l’autre côté de l’usine, et nous roulons tranquillement, repris peu à peu par les éléments du groupe de tête, un peu perplexes !! Sur le coup, je n’ai pas trop compris, mais ce que je sais, c’est que j’ai de la chance !

Nous repartons pratiquement à zéro, j’essaie de rester concentré, mais j’ai laissé beaucoup de forces dans ma tentative de poursuite… Si j’avais su… !
Nous avons désormais le vent de face la plupart du temps, vent violent avec des bourrasques. Nous passons dans Locminé, très charmante bourgade, mais dommage je ne suis pas là pour faire du tourisme…
Nous abordons, après le passage dans Plumelin, une très longue côte (elle fait bien 4 km), jusqu’au lieu-dit « les 3 Croix », qui se monte à vive allure, car les pros ont encore une fois embrayé et si j’accuse une centaine de mètres de retard avec d’autres en haut de la côte, nous arrivons rapidement à rentrer, avant la côte suivante, celle de Grand-Champ.
A ce moment, il reste quelques 20 km, et je suis complètement cuit. Plus de force, plus envie, sans pouvoir respirer avec ce vent de face, mes allergies qui me brûlent l’œsophage, à la limite du malaise, sensation que je n’avais jusque lors pas connue… Et puis ce dos qui se rappelle à mon bon souvenir… Je m’accroche, cherchant à tout prix à rouler à l’économie, passant à l’énergie la dernière bosse importante, à Plaudren. La température à ce moment est de 34°C relevés au compteur. Peut-être n’ai-je pas assez bu…
Je n’ai plus aucun espoir de passer correctement la dernière difficulté, la côte d’arrivée de Cadoudal, du nom d’un héros local de la Chouannerie bretonne. J’espère tout juste terminer, dussé-je monter la côte à pied !
Je vais encore bénéficier d’un coup de pouce du destin. Au bas de la côte, alors qu’il reste 1500 m, et que sont encore présents 2 des principaux concurrents au trophée de l’Ouest, le leader qui me précède et Anthony l’un de mes poursuivants, ce dernier casse son petit plateau en le passant. Complètement à la rue, j’ai bien passé mon 34, mais oublié de remonter les dents à l’arrière, si bien que la petite portion à 10%, je la passe sur le 34/14, debout sur les pédales. Trop tard pour changer quelque chose, le groupe a pris trop d’avance ! Mais je m’aperçois que le leader de ma catégorie n’est pas au mieux, du coup je décide de monter à mon rythme, un point perdu seulement, c'est un moindre mal. Je prends mon temps, et lorsque je passe la ligne à l’agonie, en 38ème position, j’accuse un retard de 1’30 sur le premier du groupe, Laurent Doucet, arrivé 16ème et 30 secondes sur le 37ème.
J’ai monté la côte le matin à l’échauffement 5 km/h plus vite !!
Côté chiffres, le compteur indique quand même un dénivelé positif de 1690 m, en raison du profil très vallonné des lieux et la moyenne est passée de 38 km/h à 35,5 km/h à l’arrivée en raison certainement du gros vent défavorable au retour.
Je m’en souviendrai de celle-là, j’ai rarement terminé si abîmé une cyclo, la dernière fois il me semble que c’était l’Etape Beaujolaise en juin 2008.