Le roman de Boualem Sansal intitulé« rue Darwin», débute par l’image d’une famille réunie au chevet d’une maman mourante.
Le narrateur vient de rapatrier à Paris sa maman qui était hospitalisée à Alger dans des conditions inhumaines avec une hygiène intolérable.
Le vœu de cette maman avait été de réunir autour d’elle l’ensemble de ses enfants.
Le narrateur nous apprend au fil de son histoire que la maman qui vient de mourir n’est pas vraiment sa maman mais une amie de sa maman, et que ses frères et sœurs ne sont pas vraiment ses frères et sœurs. Il a trois familles, celle qu’il vient de réunir à Paris, une autre avec sa vraie maman et un frère homosexuel qui vient lui aussi de mourir du sida, une dernière famille enfin celle qu’il appelle le« phalanstère» qui est réunie en partie à Paris.
Ce phalanstère est en réalité le résultat d’ un vaste réseau de prostitution. À la tête de ce réseau, une certaine Dieda, femme de grande autorité qui règne sur un monde international de maisons de prostitution.
Dans ce monde de la prostitution se produisent des accidents : des naissances. Ces enfants accidentels dont les mères sont des prostituées sont enlevés à leur mère et mis sous la protection de la maquerelle tutélaire . Ils forment ce que l’auteur appelle des phalanstères.
Quand son temps est passé, vivre est une douleur extrême. La femme qui meurt à Paris, demande au narrateur de retourner à Alger dans la rue où ils ont vécu et qui s’appelle la rue Darwin. L’auteur le fait et y retrouve sa vraie mère qui va mourir elle aussi dans ses bras à Alger dans un hôpital sordide.
Vous me pardonnerez ce récit très brouillon. À ma décharge, la famille du narrateur est très complexe !
Tout se passe dans l’Algérie en guerre pour son indépendance, pendant la bataille qui oppose la France coloniale à l’Algérie , quand les parachutistes du Général Massu « nettoient» la Casbah d’Alger, puis dans l’Algérie indépendante qui balbutie son socialisme.
Boualem Sansal a un style d’écriture qui m’a fait penser à celle de François Rabelais, une écriture riche, de« haute graisse» ; c’est ainsi que Rabelais qualifiait sa propre écriture.
L’auteur fait une critique sans concession et féroce de la religion musulmane et du régime socialiste de l’Algérie nouvellement indépendante.
« Rue Darwin » est un livre dont l’atmosphère est sombre. Il comporte plus de larmes que de sourires.
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L’auteur a pris un très gros risque en retournant dans son pays. J’espère pour lui qu’il pourra revenir en France où il est un écrivain français remarquable.
«Rue Darwin » est un livre plus difficile à lire que la moyenne des livres ;
Je pense que Boualem Sansal fera une entrée prochaine à l’académie française.