Poésie du jour ...

[Robert]

Et voilà un poème de Verlaine fondateur de la poésie moderne à lire avant d’écrire en vers ; il conviendrait de le comprendre. Et je pense que Jacques Prévert s’en est inspiré !…

À lire et à relire

Art poétique
Paul Verlaine

De la musique avant toute chose,

Et pour cela préfère l’Impair

Plus vague et plus soluble dans l’air,

Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Il faut aussi que tu n’ailles point

Choisir tes mots sans quelque méprise :

Rien de plus cher que la chanson grise

Où l’Indécis au Précis se joint.

C’est des beaux yeux derrière des voiles,

C’est le grand jour tremblant de midi,

C’est, par un ciel d’automne attiédi,

Le bleu fouillis des claires étoiles !

Car nous voulons la Nuance encor,

Pas la Couleur, rien que la nuance !

Oh ! la nuance seule fiance

Le rêve au rêve et la flûte au cor !

Fuis du plus loin la Pointe assassine,

L’Esprit cruel et le Rire impur,

Qui font pleurer les yeux de l’Azur,

Et tout cet ail de basse cuisine !

Prends l’éloquence et tords-lui son cou !

Tu feras bien, en train d’énergie,

De rendre un peu la Rime assagie.

Si l’on n’y veille, elle ira jusqu’où ?

Ô qui dira les torts de la Rime ?

Quel enfant sourd ou quel nègre fou

Nous a forgé ce bijou d’un sou

Qui sonne creux et faux sous la lime ?

De la musique encore et toujours !

Que ton vers soit la chose envolée

Qu’on sent qui fuit d’une âme en allée

Vers d’autres cieux à d’autres amours.

Que ton vers soit la bonne aventure

Éparse au vent crispé du matin

Qui va fleurant la menthe et le thym…

Et tout le reste est littérature.


Paul Verlaine, Jadis et Naguère (1885)

[Robert]

Et je vais occuper un peu de mon temps à écrire en vert, ou plutôt en vers ce qui n’est pas une mince affaire.

[Robert]

Et je vais occuper un peu de mon temps à écrire en vert, ou plutôt en vers ce qui n’est pas une mince affaire.

Voilà qui est fait ci-dessous.
J’ai écrit ça avant de relire l’art poétique de Verlaine !
J’ai utilisé le pair et la rime… En espérant ne pas avoir fait « pleurer les yeux de l’azur». En espérant aussi que vous me pardonnerez la médiocrité de cet essai.

La forêt, la mer, le désert, le bocage, les rivages


La vie est là, en mots, amours, délices et orgues
Elles chantent les cigales de L’Isle sur la Sorgue
À l’ombre des vieux platanes de Vaison-la-Romaine
Lointaines souvenances méditerranéennes

La vie est là, en mots, orgues, amours et délices
Sur les chemins et routes nos bicyclettes glissent
À l’ombre des chênes, hêtres, bouleaux, épicéas
Des infinis où loin se sont perdus nos pas

La vie est là, en mots, délices, orgues et amours
La mer, la plage, les traces répandues alentour
Qu’effacent de vagues vagues, au souffle lent du vent
Empreintes éphémères qu’un rien va enlevant

La vie est là, en mots, calendrier républicain,
La ronde des saisons, germinal, floréal, matins
Du printemps qui s’avance, messidor, l’été fleurit
Mais de nivôses encore repenser je ne puis

La vie est là, mots masculins au singulier
Et féminins au pluriel, amour continué,
Délices immortelles, orgues, symphonies jolies,
Petit robert, vocabulaire en harmonie

La vie est là, infinies ondulent les dunes
Du Sahara, les regs du Ténéré sous la lune
Routes poudreuses où dans un nuage de poussière
Vont des camions d’alfa, de soldats, de misères

La vie est là, de ma Bresse le vert bocage
Rivages de la Seille, en inondations peu sages
Qui font de la prairie où le bétail paissait
Des creux, des étangs, des lacs et des marais

La vie fut là hier, aujourd’hui presque en allée
Dans des armées de mots sur un papier figée
Forêts et mers, déserts puis bocages, rivages
Des souvenirs, en ribambelles, mes apanages

Robert Develotte.–avril 2024.

[Lolo90]

J'ai lu et relu une deuxième fois et je peux te dire que je préfère la deuxième poésie de ce jeune poète inconnu
Je n'ai pas trop compris ce que voulait dire ce certain Verlaine

Bravo en tout cas, je t'invite fortement à continuer
Merci pour ces belles rimes

[benoit]

Quel talent robert! Dommage que tu n en ais pas conscience et que tu te sous estimés!

[Robert]

J'ai lu et relu une deuxième fois et je peux te dire que je préfère la deuxième poésie de ce jeune poète inconnu
Je n'ai pas trop compris ce que voulait dire ce certain Verlaine

Bravo en tout cas, je t'invite fortement à continuer
Merci pour ces belles rimes

Je crains que tu aies fait le mauvais choix ! Plusieurs quatrains sont très clairs. Quand j’étais à l’hôpital plusieurs fois j’ai pensé au « rire impur qui fait pleurer les yeux de l’Azur…» en entendant des gens s’esclaffer dans les couloirs, et la prochaine fois que je me mêlerait décrire en versifiant, j’essaierai les conseils de Verlaine !

[Lolo90]

J'ai lu et relu une deuxième fois et je peux te dire que je préfère la deuxième poésie de ce jeune poète inconnu
Je n'ai pas trop compris ce que voulait dire ce certain Verlaine

Bravo en tout cas, je t'invite fortement à continuer
Merci pour ces belles rimes

Je crains que tu aies fait le mauvais choix ! Plusieurs quatrains sont très clairs. Quand j’étais à l’hôpital plusieurs fois j’ai pensé au « rire impur qui fait pleurer les yeux de l’Azur…» en entendant des gens s’esclaffer dans les couloirs, et la prochaine fois que je me mêlerait décrire en versifiant, j’essaierai les conseils de Verlaine !

Pfff ! N'importe quoi
Tu sais ton Verlaine, il n'est pas accessible pour quelqu'un comme moi qui n'a aucune culture littéraire

[Robert]

Air vif


J’ai regardé devant moi
Dans la foule je t’ai vue
Parmi les blés je t’ai vue
Sous un arbre je t’ai vue

Au bout de tous mes voyages
Au fond de tous mes tourments
Au tournant de tous les rires
Sortant de l’eau et du feu

L’été l’hiver je t’ai vue
Dans ma maison je t’ai vue
Entre mes bras je t’ai vue
Dans mes rêves je t’ai vue

Je ne te quitterai plus.


— Paul Éluard (1895-1952)

Voilà, un bon exemple d’un poème qui suit les conseils de Verlaine :
– les vers sont en rythme impair de 7 pieds.
– la rime n’est pas une obsession.
– Paul Éluard a pris l’éloquence et lui a tordu son cou !

Tu vois Lolo, un beau poème. Je n’ai même pas besoin d’en composer un !

[Lolo90]

Oui il est trop beau ce poème et beaucoup plus accessible pour moi

On se rend bien compte que l'auteur a de nouvelles lunettes car il la voit enfin

Par contre techniquement je suis encore pantois
Car au niveau de la rime je n'aurais pas fait pareil

[callune]

Oui il est trop beau ce poème et beaucoup plus accessible pour moi

On se rend bien compte que l'auteur a de nouvelles lunettes car il la voit enfin

Par contre techniquement je suis encore pantois
Car au niveau de la rime je n'aurais pas fait pareil