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Re: Poésie du jour ...
Posté : 27 avr. 2024, 23:12
par callune
Robert a écrit : ↑27 avr. 2024, 16:15
J’avais Mémorisé une partie de ce beau texte d’Arthur Rimbaud intitulé « mouvement ». Il illustre le mouvement perpétuel des progrès d’une société. Nous revenons avec ce poème à la littérature classique !
Mouvement.
Le mouvement de lacet sur la berge des chutes du fleuve,
Le gouffre à l’étambot
La célérité de la rampe,
L’énorme passade du courant
Mènent par les lumières inouïes
Et la nouveauté chimique
Les voyageurs entourés des trombes du val
Et du strom.
Ce sont les conquérants du monde
Cherchant la fortune chimique personnelle ;
Le sport et le confort voyagent avec eux ;
Ils emmènent l’éducation
Des races, des classes et des bêtes, sur ce vaisseau
Repos et vertige
À la lumière diluvienne,
Aux terribles soirs d’étude.
Car de la causerie parmi les appareils, le sang, les fleurs, le feu, les bijoux,
Des comptes agités à ce bord fuyard,
On voit, roulant comme une digue au delà de la route hydraulique motrice,
Monstrueux, s’éclairant sans fin, — leur stock d’études ;
Eux chassés dans l’extase harmonique,
Et l’héroïsme de la découverte.
Aux accidents atmosphériques les plus surprenants,
Un couple de jeunesse, s’isole sur l’arche,
— Est-ce ancienne sauvagerie qu’on pardonne ? —
Et chante et se poste.
Arthur Rimbaud, Les Illuminations
je ne connaissais pas
difficile à lire et à comprendre ce poème...beaucoup de métaphores...allégorie du progrès ? de la course à la modernité ?
quel défi d'écriture, c'est impressionnant
merci de le faire découvrir Robert
Re: Poésie du jour ...
Posté : 28 avr. 2024, 09:24
par Lolo90
Très beau texte de Rimbaud
Merci Robert, sans toi je ne lirais pas ce genre de lecture

Re: Poésie du jour ...
Posté : 28 avr. 2024, 11:50
par Robert
callune a écrit : ↑27 avr. 2024, 23:12
Robert a écrit : ↑27 avr. 2024, 16:15
J’avais Mémorisé une partie de ce beau texte d’Arthur Rimbaud intitulé « mouvement ». Il illustre le mouvement perpétuel des progrès d’une société. Nous revenons avec ce poème à la littérature classique !
Mouvement.
Le mouvement de lacet sur la berge des chutes du fleuve,
Le gouffre à l’étambot
La célérité de la rampe,
L’énorme passade du courant
Mènent par les lumières inouïes
Et la nouveauté chimique
Les voyageurs entourés des trombes du val
Et du strom.
Ce sont les conquérants du monde
Cherchant la fortune chimique personnelle ;
Le sport et le confort voyagent avec eux ;
Ils emmènent l’éducation
Des races, des classes et des bêtes, sur ce vaisseau
Repos et vertige
À la lumière diluvienne,
Aux terribles soirs d’étude.
Car de la causerie parmi les appareils, le sang, les fleurs, le feu, les bijoux,
Des comptes agités à ce bord fuyard,
On voit, roulant comme une digue au delà de la route hydraulique motrice,
Monstrueux, s’éclairant sans fin, — leur stock d’études ;
Eux chassés dans l’extase harmonique,
Et l’héroïsme de la découverte.
Aux accidents atmosphériques les plus surprenants,
Un couple de jeunesse, s’isole sur l’arche,
— Est-ce ancienne sauvagerie qu’on pardonne ? —
Et chante et se poste.
Arthur Rimbaud, Les Illuminations
je ne connaissais pas
difficile à lire et à comprendre ce poème...beaucoup de métaphores...allégorie du progrès ? de la course à la modernité ?
quel défi d'écriture, c'est impressionnant
merci de le faire découvrir Robert
J’aime beaucoup ce texte. Je pense que Rimbaud se moque un peu, ou du moins est très ironique quand il dépeint la course vers la modernité. La fin du poème est une allusion à ce qui est le contraire du mouvement mais demeure éternel.
Re: Poésie du jour ...
Posté : 28 avr. 2024, 11:54
par Robert
Lolo90 a écrit : ↑28 avr. 2024, 09:24
Très beau texte de Rimbaud
Merci Robert, sans toi je ne lirais pas ce genre de lecture
Content de t’envoyer à de telles lectures. Je le reconnais, il en existe de plus « faciles».
Re: Poésie du jour ...
Posté : 29 avr. 2024, 19:52
par callune
Robert a écrit : ↑28 avr. 2024, 11:50
J’aime beaucoup ce texte. Je pense que Rimbaud se moque un peu, ou du moins est très ironique quand il dépeint la course vers la modernité. La fin du poème est une allusion à ce qui est le contraire du mouvement mais demeure éternel.
merci pour ces explications Robert !

Re: Poésie du jour ...
Posté : 14 mai 2024, 10:05
par Robert
Bouts rimés … avec Rutebeuf pour modèle.
Que suis-je devenu
Et que suis- je donc devenu
Moi qui pensais bien retenu
À belle vie
Qui roulais toujours à l’envie
Brutalement course s’arrêta
Et me laissa
Comme feuille morte
Ou un passant devant une porte
Printemps été automne hiver
Et moi je suis toujours à terre
En triste état
Le bel été passera
Et puis les vents défeuilleront
Forêt dorées et les buissons
Mais où donc est la mer
Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés
La faux je crois les a ôtés
Et elle Fauchait devant ma porte
Elle est plus forte
Les a fauchés
Que sont mes amis devenus
Que ma mémoire a retenus
Dans mon esprit auréolés
Pas effacés
Comme belles icônes surannées
Tant aimés
seront gardés
Robert Michel Bernard Louis
Et toi l’ infatigable Henri
Vous m’attendez
En paradis vous patientez
Comme souvent vous m’attendiez
Autrefois sur la route
Quand je flânais sans doute ….
Robertebeuf.
Re: Poésie du jour ...
Posté : 14 mai 2024, 15:07
par callune
Et il ventait devant ma porte ...
très beau poème chanté par Ferré
Re: Poésie du jour ...
Posté : 15 mai 2024, 09:42
par Lolo90
Tu as raison de flâner sur la route Robert
Tu as tout le temps, tu as encore tellement à apporter, à transmettre à tes proches et à tes amis

Re: Poésie du jour ...
Posté : 15 mai 2024, 12:46
par callune
Lolo90 a écrit : ↑15 mai 2024, 09:42
Tu as raison de flâner sur la route Robert
Tu as tout le temps, tu as encore tellement à apporter, à transmettre à tes proches et à tes amis

Re: Poésie du jour ...
Posté : 22 mai 2024, 10:41
par Robert
Pour aujourd’hui, les paroles d’une chanson de Léo Ferré… Avec le temps, tout s’en va…
« Avec le temps »
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s’en va
On oublie le visage et l’on oublie la voix
Le cœur, quand ça bat plus, c’est pas la peine d’aller
Chercher plus loin, faut laisser faire et c’est très bien
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s’en va
L’autre qu’on adorait, qu’on cherchait sous la pluie
L’autre qu’on devinait au détour d’un regard
Entre les mots, entre les lignes et sous le fard
D’un serment maquillé qui s’en va faire sa nuit
Avec le temps tout s’évanouit
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s’en va
Même les plus chouettes souv’nirs ça t’as une de ces gueules
A la gal’rie j’farfouille dans les rayons d’la mort
Le samedi soir quand la tendresse s’en va toute seule
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s’en va
L’autre à qui l’on croyait pour un rhume, pour un rien
L’autre à qui l’on donnait du vent et des bijoux
Pour qui l’on eût vendu son âme pour quelques sous
Devant quoi l’on s’traînait comme traînent les chiens
Avec le temps, va, tout va bien
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s’en va
On oublie les passions et l’on oublie les voix
Qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens
Ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s’en va
Et l’on se sent blanchi comme un cheval fourbu
Et l’on se sent glacé dans un lit de hasard
Et l’on se sent tout seul peut-être mais peinard
Et l’on se sent floué par les années perdues
Alors vraiment... avec le temps... on n’aime plus