Christophe en "chant" "sons"...
Posté : 29 janv. 2013, 16:13
Alors qu'un redoux annoncé enveloppait la capitale et sa banlieue, ma compagne et moi nous nous sommes préparés pour aller au concert exceptionnel de Christophe.
Je dois d'abord vous dire que j'ai (re)découvert Christophe il y a une dizaine d'années lorsque celui-ci à sorti un album très électronique. Sa voix mystérieuse et réverbérée, comme "absente" me troublait et laissait place aux sons, particulièrement bien travaillés. Il créait sur quelques titres emblématiques des ambiances quasi cinématographiques qui me faisaient littéralement plonger dans une jolie mélancolie.
Ajoutez à cela, une reprise datant de la même époque des fameux "mots bleus" par le grand Alain Bashung et j'étais au comble de mon amour pour cet artiste, que je ne connaissais que par le cri qu'il avait poussé dans les années 60, souvent, si souvent dans le poste de mes parents, parce qu'il avait perdu Aline, en espérant qu'elle revienne.
J'avais compris qu'elle ne reviendrait pas (sinon pourquoi il continuait à crier !) et en écoutant cet album (Comm' si la terre penchait), je comprenais que Christophe le savait aussi.
Puis en 2008 est sortit Aimer ce que nous sommes ; qui fut un vrai choc pour moi. Une production super entre électro et guitares éthérées, jouées et produit par le guitariste de Tanger, groupe qui me transportait avec leur album rose et leur titre "La fée de la forêt".
C'est ainsi que lorsque j'appris que ma compagne était elle aussi "en amour" de cet artiste, nous nous sommes mis à la recherche de ses concerts.
Heureux des hasard, Christophe termine une tournée très spéciale à Paris, (3 jours de concerts au merveilleux théâtre de Marigny), pour un concert en solo.
Piano, guitare et claviers plus samples et sa voix. Pas de musiciens, pas d'artillerie lourde ; juste l'artiste et ses mots... et ses quelques maladresses de musicien...
Il le dira à plusieurs reprise, ce qu'il cherche et ce qu'il partage, c'est le son, le son qui le poursuit, qui l'obsède, qui le fait créer. Et il en offrira une palette des plus troublante hier soir.
Il commence donc au piano seul !
Le trouble est fort... Surtout après une première partie très approximative. Non pas par la qualité, mais par l'émotion. Une pianiste de l'Est, Juliana (quelque chose, j'ai oublié son nom) qui interprète Chopin, et autres airs classique, comme une bonne élève, sans âme, avec juste ce qu'il faut de virtuosité qui ne m'impressionne guère. Du grand bof, avec un salut à chaque fin de pièce lassant et quasiment déplacé, tellement convenu et automatique.
Bref, je m'étais limite endormi devant ce jeu académique ! Il m'en faut un peu plus pour me transporter, qu'une robe rouge, des cheveux blonds et des sourires en tic, reflétant le toc de la demoiselle... Quand ça s'arrête, j'en applaudirai presque de la voir quitter la scène, mais on prendrait mes applaudissement pour des congratulations, alors j'évite et reste de marbre.
Il commence donc au piano seul, disais-je... avec quelques accords joliment posés, fragiles et sa voix lointaine et si particulière, chargée des années, sans chichi, sans tricherie, résonne et transporte de façon instantanée.
Les mots sont là, phonétiquement intéressants, poétiquement doux, intensément riche de sens, de double sens, de sens caché...
Cette première partie est bouleversante. Il se déplace alors aux claviers avec sa boîte (une boîte étrange, que je prend pour un sampleur, qui lui permet de déclencher des sons), avec laquelle il lance le son d'un dialogue de cinéma... et aux synthés se met à chanter des titres que je ne connais pas et qui pourtant me sont familiers. C'est bien là, la grandeur du bonhomme, je suis loin de connaître l'ensemble de ses albums, mais, être imprégné par ses sons et par sa voix, attaché à sa gestuelle, il me transporte et ça va durer !
Chaque pièce est différente, et chaque pièce est instant de pur bonheur. L'émotion me gagne entièrement lorsqu'il interprète "Magda" une chanson qui je ne sais pour quelle raison me fige dans l'instant précis où ses mots résonnent et me font couler les larmes sur les joues... Impossible de retenir l'émotion, je le vis, je la prend à bras le corps, je suis là, dans le même instant que cet artiste qui partage...
Il revient alors au piano, toujours en nous parlant, avec des mots simples, sur sa difficulté à conduire, à préférer des voyages immobiles, à son amour de la nuit, et à son humour pinçant, vraiment drôle, un recul sur soi, un savoir rire de lui-même particulièrement agréable, par ces temps de "starisation" à la va vite, basé sur l'apparence et l'apparat, tant physique qu'artistique. Il y a du "fond" chez Christophe.
Il terminera par ses "classiques" les déconstruisant pour mieux les sublimer. Il évitera dans un humour gigantesque les rappels, "gagnant" du temps, et choisissant, d'improviser des "vieux" titres, en se trompant au piano, car ne se rappelant plus des accords... Bref, il se joue, joue et prend du plaisir à prolonger le concert en étant vraiment sur scène, chez lui, chez nous...
Il terminera son concert, comme il termine certaines de ces chansons, très "sèchement" sans fioriture, en venant signer, dire un mot, recevoir les cadeaux que les fans d'un certains âge viennent lui porter au bord de la scène. En se relevant et en saluant la salle plusieurs avant que les lumières du théâtre se rallument.
...
Nous sortons doucement, il pleut, il ne fait pas froid, et nous sourions, heureux d'avoir partagé un moment très spécial.
Les mots que nous aimons tant résonnent encore et sur le chemin qui nous mène à la maison nous nous disons que nous venons de vivre un concert en "création" !
Doux, particulier, en partage, à hauteur d'homme... Avec Christophe, sans qu'il ne crie jamais...
Je dois d'abord vous dire que j'ai (re)découvert Christophe il y a une dizaine d'années lorsque celui-ci à sorti un album très électronique. Sa voix mystérieuse et réverbérée, comme "absente" me troublait et laissait place aux sons, particulièrement bien travaillés. Il créait sur quelques titres emblématiques des ambiances quasi cinématographiques qui me faisaient littéralement plonger dans une jolie mélancolie.
Ajoutez à cela, une reprise datant de la même époque des fameux "mots bleus" par le grand Alain Bashung et j'étais au comble de mon amour pour cet artiste, que je ne connaissais que par le cri qu'il avait poussé dans les années 60, souvent, si souvent dans le poste de mes parents, parce qu'il avait perdu Aline, en espérant qu'elle revienne.
J'avais compris qu'elle ne reviendrait pas (sinon pourquoi il continuait à crier !) et en écoutant cet album (Comm' si la terre penchait), je comprenais que Christophe le savait aussi.
Puis en 2008 est sortit Aimer ce que nous sommes ; qui fut un vrai choc pour moi. Une production super entre électro et guitares éthérées, jouées et produit par le guitariste de Tanger, groupe qui me transportait avec leur album rose et leur titre "La fée de la forêt".
C'est ainsi que lorsque j'appris que ma compagne était elle aussi "en amour" de cet artiste, nous nous sommes mis à la recherche de ses concerts.
Heureux des hasard, Christophe termine une tournée très spéciale à Paris, (3 jours de concerts au merveilleux théâtre de Marigny), pour un concert en solo.
Piano, guitare et claviers plus samples et sa voix. Pas de musiciens, pas d'artillerie lourde ; juste l'artiste et ses mots... et ses quelques maladresses de musicien...
Il le dira à plusieurs reprise, ce qu'il cherche et ce qu'il partage, c'est le son, le son qui le poursuit, qui l'obsède, qui le fait créer. Et il en offrira une palette des plus troublante hier soir.
Il commence donc au piano seul !
Le trouble est fort... Surtout après une première partie très approximative. Non pas par la qualité, mais par l'émotion. Une pianiste de l'Est, Juliana (quelque chose, j'ai oublié son nom) qui interprète Chopin, et autres airs classique, comme une bonne élève, sans âme, avec juste ce qu'il faut de virtuosité qui ne m'impressionne guère. Du grand bof, avec un salut à chaque fin de pièce lassant et quasiment déplacé, tellement convenu et automatique.
Bref, je m'étais limite endormi devant ce jeu académique ! Il m'en faut un peu plus pour me transporter, qu'une robe rouge, des cheveux blonds et des sourires en tic, reflétant le toc de la demoiselle... Quand ça s'arrête, j'en applaudirai presque de la voir quitter la scène, mais on prendrait mes applaudissement pour des congratulations, alors j'évite et reste de marbre.
Il commence donc au piano seul, disais-je... avec quelques accords joliment posés, fragiles et sa voix lointaine et si particulière, chargée des années, sans chichi, sans tricherie, résonne et transporte de façon instantanée.
Les mots sont là, phonétiquement intéressants, poétiquement doux, intensément riche de sens, de double sens, de sens caché...
Cette première partie est bouleversante. Il se déplace alors aux claviers avec sa boîte (une boîte étrange, que je prend pour un sampleur, qui lui permet de déclencher des sons), avec laquelle il lance le son d'un dialogue de cinéma... et aux synthés se met à chanter des titres que je ne connais pas et qui pourtant me sont familiers. C'est bien là, la grandeur du bonhomme, je suis loin de connaître l'ensemble de ses albums, mais, être imprégné par ses sons et par sa voix, attaché à sa gestuelle, il me transporte et ça va durer !
Chaque pièce est différente, et chaque pièce est instant de pur bonheur. L'émotion me gagne entièrement lorsqu'il interprète "Magda" une chanson qui je ne sais pour quelle raison me fige dans l'instant précis où ses mots résonnent et me font couler les larmes sur les joues... Impossible de retenir l'émotion, je le vis, je la prend à bras le corps, je suis là, dans le même instant que cet artiste qui partage...
Il revient alors au piano, toujours en nous parlant, avec des mots simples, sur sa difficulté à conduire, à préférer des voyages immobiles, à son amour de la nuit, et à son humour pinçant, vraiment drôle, un recul sur soi, un savoir rire de lui-même particulièrement agréable, par ces temps de "starisation" à la va vite, basé sur l'apparence et l'apparat, tant physique qu'artistique. Il y a du "fond" chez Christophe.
Il terminera par ses "classiques" les déconstruisant pour mieux les sublimer. Il évitera dans un humour gigantesque les rappels, "gagnant" du temps, et choisissant, d'improviser des "vieux" titres, en se trompant au piano, car ne se rappelant plus des accords... Bref, il se joue, joue et prend du plaisir à prolonger le concert en étant vraiment sur scène, chez lui, chez nous...
Il terminera son concert, comme il termine certaines de ces chansons, très "sèchement" sans fioriture, en venant signer, dire un mot, recevoir les cadeaux que les fans d'un certains âge viennent lui porter au bord de la scène. En se relevant et en saluant la salle plusieurs avant que les lumières du théâtre se rallument.
...
Nous sortons doucement, il pleut, il ne fait pas froid, et nous sourions, heureux d'avoir partagé un moment très spécial.
Les mots que nous aimons tant résonnent encore et sur le chemin qui nous mène à la maison nous nous disons que nous venons de vivre un concert en "création" !
Doux, particulier, en partage, à hauteur d'homme... Avec Christophe, sans qu'il ne crie jamais...