Pour rire un peu ...
Posté : 05 janv. 2017, 19:24
Note de l'auteur : Voilà une élucubration qu'il n'est pas indispensable de lire.
Le rire est le propre de l’homme. Cette maxime attribuée à mon maître François Rabelais qui est passée à la postérité par Gargantua interposé me paraît bien contestable ; qui pourrait soutenir que le cheval, par exemple, lorsqu’il s’esclaffe dans un hennissement tonitruant, n’imite pas un homme qui rirait à gorge déployée ? De même il serait hasardeux de prétendre que le singe qui entretient avec nous un cousinage certain, jamais ne rit, ne serait-ce que lorsqu’il nous observe à travers le grillage de son enclos et qu’il analyse nos comportements.
Ce préambule est simplement destiné à faire comprendre à mon lecteur que, pour provoquer ce réflexe appelé rire et que l’homme s’attribue indument, point n’est besoin de blague salasse. Ce sera un sourire plutôt qu’un rire, que je l’espère, mon histoire fera naître ...
J’ai récemment retrouvé, dans des circonstances qui tiennent à des recherches généalogiques, un carnet qui avait appartenu à mon grand père. Mon grand père est né dans les Vosges profondes, à Mandres/s/Vair, précisément, le 23 mars 1871. Troisième enfant d’une fratrie qui allait compter treize enfants, dois-je préciser que mon grand-père, dont je vais vous soumettre un écrit, n’a jamais fréquenté l’école publique de la troisième République, cette institution en étant encore à ses premiers balbutiements alors qu’il était enfant. Cependant, nécessité étant mère d’industrie, on le dit, mon grand père s’est ingénié à apprendre seul les rudiments de notre belle langue.
Le carnet dont je parle plus haut, que mon grand père avait intitulé «carnet d’inventaire» contient des copies de lettres qu’il a écrites et je ne résiste pas à vous donner lecture de l’une de celles-ci ; elle n’engendre pas précisément la tristesse.
Mon grand-père était palefrenier dans un haras national.
Ci-dessous le rapport qu’il a adressé à son supérieur hiérarchique : Ce rapport n’est pas daté et ne comporte pas son origine géographique.
«J’ai l’honneur de rendre compte à Monsieur le Directeur, que l’étalon Coquelicot, par suite du grand nombre de juments présentées pour lui à la monte, se trouve un peu épuisé, ce qui provient du manque de nourriture.
«Je demande à Monsieur le Directeur, si toutefois il le juge convenable, une augmentation de la ration journalière de cet étalon»
La lecture de ce rapport, rédigé de la main de mon grand père, avec une calligraphie oubliée de nos jours, m’a beaucoup amusé. J’ai beaucoup aimé la relation de cause à effet qui explique de Coquelocot «l’épuisement» et le remède proposé.
J’espère que d’où il est, mon aïeul ne m’en voudra pas de m’être amusé de sa plaidoirie d’avocat ... d’un étalon épuisé par son labeur.
Heureux coquelicot ! Non content d’exercer le plus agréable métier du monde il se voit, pour accomplir sa mission, le privilège d’un picotin d’avoine supplémentaire !
Le rire est le propre de l’homme. Cette maxime attribuée à mon maître François Rabelais qui est passée à la postérité par Gargantua interposé me paraît bien contestable ; qui pourrait soutenir que le cheval, par exemple, lorsqu’il s’esclaffe dans un hennissement tonitruant, n’imite pas un homme qui rirait à gorge déployée ? De même il serait hasardeux de prétendre que le singe qui entretient avec nous un cousinage certain, jamais ne rit, ne serait-ce que lorsqu’il nous observe à travers le grillage de son enclos et qu’il analyse nos comportements.
Ce préambule est simplement destiné à faire comprendre à mon lecteur que, pour provoquer ce réflexe appelé rire et que l’homme s’attribue indument, point n’est besoin de blague salasse. Ce sera un sourire plutôt qu’un rire, que je l’espère, mon histoire fera naître ...
J’ai récemment retrouvé, dans des circonstances qui tiennent à des recherches généalogiques, un carnet qui avait appartenu à mon grand père. Mon grand père est né dans les Vosges profondes, à Mandres/s/Vair, précisément, le 23 mars 1871. Troisième enfant d’une fratrie qui allait compter treize enfants, dois-je préciser que mon grand-père, dont je vais vous soumettre un écrit, n’a jamais fréquenté l’école publique de la troisième République, cette institution en étant encore à ses premiers balbutiements alors qu’il était enfant. Cependant, nécessité étant mère d’industrie, on le dit, mon grand père s’est ingénié à apprendre seul les rudiments de notre belle langue.
Le carnet dont je parle plus haut, que mon grand père avait intitulé «carnet d’inventaire» contient des copies de lettres qu’il a écrites et je ne résiste pas à vous donner lecture de l’une de celles-ci ; elle n’engendre pas précisément la tristesse.
Mon grand-père était palefrenier dans un haras national.
Ci-dessous le rapport qu’il a adressé à son supérieur hiérarchique : Ce rapport n’est pas daté et ne comporte pas son origine géographique.
«J’ai l’honneur de rendre compte à Monsieur le Directeur, que l’étalon Coquelicot, par suite du grand nombre de juments présentées pour lui à la monte, se trouve un peu épuisé, ce qui provient du manque de nourriture.
«Je demande à Monsieur le Directeur, si toutefois il le juge convenable, une augmentation de la ration journalière de cet étalon»
La lecture de ce rapport, rédigé de la main de mon grand père, avec une calligraphie oubliée de nos jours, m’a beaucoup amusé. J’ai beaucoup aimé la relation de cause à effet qui explique de Coquelocot «l’épuisement» et le remède proposé.
J’espère que d’où il est, mon aïeul ne m’en voudra pas de m’être amusé de sa plaidoirie d’avocat ... d’un étalon épuisé par son labeur.
Heureux coquelicot ! Non content d’exercer le plus agréable métier du monde il se voit, pour accomplir sa mission, le privilège d’un picotin d’avoine supplémentaire !