Cyclos au resto ...
Posté : 23 sept. 2010, 13:59
Le cyclo est un client très particulier pour un restaurateur. Sa tenue colorée à outrance, sa curieuse chevelure en bataille, entouré qu'il est de fragrances diverses d'où émergent celles de la sueur et des embrocations, tout le désigne immédiatement à l'attention du tenancier qui s'ingénie à lui trouver une petite place à part d'où il aura peu de chance d'incommoder les autres convives, très convenables, eux ...
Et le cyclo demande quatre places : Ses congénères avaient tardé un peu, soucieux de réserver à leurs machines une place à l'abri des aléas dommageables.
Les voilà en file indienne, avec leurs démarches incertaines de canards invalides, à suivre le serveur ; ils sont bien heureux qu'on les accueille encore à cette heure tardive.
Les restaurateurs considèrent sans aucun doute le cyclo comme un sous-client pour une simple et bonne raison : c'est un consommateur modeste. Il est ici pour s'alimenter simplement. Pas d'apéro, pas de bouteille millésimée et hors de prix, pas de plats sophistiqués à la carte.
Une bonne platée de nouilles fera l'affaire pourvu qu'elle soit copieuse ; de plus le cyclo est généralement pourvu d' autres tares : Il a un appétit solide et il ne dispose que d'un temps limité !
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Nous étions trois potes à avoir entrepris le tour des gorges du Verdon. Au soir de notre première étape, à Moustiers, affamés et fourbus, nous sommes entrés dans le premier restaurant venu. Le hasard le plus total nous a guidé et nous sommes fort heureux de trouver trois places alors qu'en cette soirée rayonnante de juillet nous aurions pu nous retrouver au trottoir avec le ventre creux ...
La salle est presque complète. Un serveur échevelé et suant nous désigne d'un index autoritaire une table plongée dans le coin le plus sombre de la pièce avant de continuer son périple sportif, agitant avec vigueur la bouteille qu'il tient au collet et qu'il va planter sur une table voisine avant d'en extirper bruyamment le bouchon.
Une serveuse peu aimable prend notre commande, le plat du jour ... C'est un vague ragoût d'une viande, qu'après moult supputations, nous nous sommes accordés à penser que ce fut à l'origine du boeuf, sec et coriace, rendant obligatoire l'usage d'un cure-dent après mastication consciencieuse. Ce ragoût nage en une bouillie de légumes trop cuits. Suivent les restes d'un plateau de fromages effondrés et ceux d'un chariots de desserts, véritable aérodrome pour mouches de toutes couleurs et tailles, un régal pour pour le regard d'un entomologiste.
Nous sommes sortis, un peu aigris de ce calamiteux établissement. Un banc placé là à propos nous sert de refuge, et germe alors au cerveau machiavélique de notre copain Louis, cette idée démoniaque : Eloigner les clients potentiels de cette gargote.
Ainsi, chaque fois que des passants s'arrêtent devant le cuisinier en bois qui présente son menu, Louis se lève et engage la conversation :
- Vous cherchez un restaurant ?
- Oui, Monsieur !
- Alors, passez votre chemin ; nous sortons de là et c'est dégueulasse ...
Est-il utile de préciser que les dits clients potentiels se sont tous mis en quête d'un autre établissement.
Au bout d'une demi-heure, notre vengeance était consommée dans la bonne humeur !
Et le cyclo demande quatre places : Ses congénères avaient tardé un peu, soucieux de réserver à leurs machines une place à l'abri des aléas dommageables.
Les voilà en file indienne, avec leurs démarches incertaines de canards invalides, à suivre le serveur ; ils sont bien heureux qu'on les accueille encore à cette heure tardive.
Les restaurateurs considèrent sans aucun doute le cyclo comme un sous-client pour une simple et bonne raison : c'est un consommateur modeste. Il est ici pour s'alimenter simplement. Pas d'apéro, pas de bouteille millésimée et hors de prix, pas de plats sophistiqués à la carte.
Une bonne platée de nouilles fera l'affaire pourvu qu'elle soit copieuse ; de plus le cyclo est généralement pourvu d' autres tares : Il a un appétit solide et il ne dispose que d'un temps limité !
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Nous étions trois potes à avoir entrepris le tour des gorges du Verdon. Au soir de notre première étape, à Moustiers, affamés et fourbus, nous sommes entrés dans le premier restaurant venu. Le hasard le plus total nous a guidé et nous sommes fort heureux de trouver trois places alors qu'en cette soirée rayonnante de juillet nous aurions pu nous retrouver au trottoir avec le ventre creux ...
La salle est presque complète. Un serveur échevelé et suant nous désigne d'un index autoritaire une table plongée dans le coin le plus sombre de la pièce avant de continuer son périple sportif, agitant avec vigueur la bouteille qu'il tient au collet et qu'il va planter sur une table voisine avant d'en extirper bruyamment le bouchon.
Une serveuse peu aimable prend notre commande, le plat du jour ... C'est un vague ragoût d'une viande, qu'après moult supputations, nous nous sommes accordés à penser que ce fut à l'origine du boeuf, sec et coriace, rendant obligatoire l'usage d'un cure-dent après mastication consciencieuse. Ce ragoût nage en une bouillie de légumes trop cuits. Suivent les restes d'un plateau de fromages effondrés et ceux d'un chariots de desserts, véritable aérodrome pour mouches de toutes couleurs et tailles, un régal pour pour le regard d'un entomologiste.
Nous sommes sortis, un peu aigris de ce calamiteux établissement. Un banc placé là à propos nous sert de refuge, et germe alors au cerveau machiavélique de notre copain Louis, cette idée démoniaque : Eloigner les clients potentiels de cette gargote.
Ainsi, chaque fois que des passants s'arrêtent devant le cuisinier en bois qui présente son menu, Louis se lève et engage la conversation :
- Vous cherchez un restaurant ?
- Oui, Monsieur !
- Alors, passez votre chemin ; nous sortons de là et c'est dégueulasse ...
Est-il utile de préciser que les dits clients potentiels se sont tous mis en quête d'un autre établissement.
Au bout d'une demi-heure, notre vengeance était consommée dans la bonne humeur !