Réunions et ... "réunionite"
Posté : 01 févr. 2011, 09:42
Notre Admin et Aline (tiens, voilà ma première rime de cette aube du premier jour de février) parlent de réunions et sanctuaire du bla,bla, bla ... que de souvenirs pour moi !
Instituteur rural et secrétaire de mairie (une espèce qui a disparu de nos campagnes), j'ai pendant des lustres cumulé TOUS les secrétariats administratifs associatifs du secteur géographique qui était le mien. Je cite dans le désordre : Un secrétariat rémunéré (celui de la mairie) et quelques bénévoles - parents d'élèves du collège - foyer rural - anciens combattants - judo-club ...
La plupart du temps dépositaire de la clé du local de réunion, j'avais obligation d'arriver le premier sur la place des palabres ; "oublier" une réunion (je l'avoue, j'ai été parfois tenté de le faire) m'était impossible puisque j'avais rédigé et distribué les convocations. Aux hivers rigoureux j'avais pour mission initiale d'ouvrir les radiateurs en temps voulu afin que "le comité" soit préservé de la maladie appelée pieds gelés et qui se mue parfois en "crève" carabinée.
20h 15 : les radiateurs sont ouverts et le derrière collé à iceux, commence pour moi une attente indéfinie ...
20h 30 : C'est l'heure prévue où les conviés devraient s'asseoir à la sainte table pour délibérer mais le vide préside aux débats. Personne.
20h 45 : Toujours seul, je lis tout ce qui me tombe sous les yeux, pour passer le temps ...
21h : Un bruit lourd de galoches, une porte qui s'ouvre et apporte une bouffée d'air glacial avec la trogne enluminée du "Georges". Il sort de table, a "antidoté largement son haleine de sirop vignolat" ... et m'interroge sur le vide qui nous entoure.
- C'était bien aujourd'hui, la réunion, s'interroge-t-il ? ... Ben oui, conclut-il après un moment de réflexion ... J'ai vu "l'André" qu'arrive ...
Ainsi, de fil en aiguille, le "comité" se forme, en partie. A 21h 30, il n'est certes pas au complet mais déjà en mesure de légiférer, le président et le trésoriers sont arrivés ; les conversations tournent encore autour du prix du stère de bois sur pieds , des blés d'hiver qui ont mal levé ou de la vache du Charles qui a failli crever en vèlant ...
Au bout d'un certain temps de ce vacarme inorganisé, je me permets de rappeler à l'assemblée que la réunion a un ordre du jour qu'il serait judicieux d'aborder. Une partie de l'assemblée consent à ce faire en prenant place autour de la table, tandis que l'autre partie discute encore de choses et d'autres. Le président ouvre solennellement la séance.
De temps à autre, la porte s'ouvre pour livrer passage à un membre qui avait "oublié" la réunion et qu'une intervention inopinée d'un quelconque gouvernement a rappelé à ses devoirs. Certains retardataires se justifient brièvement : d'impérieuses nécessités les ont retenus ailleurs.
23h 30 : L'ordre du jour a été tant bien que mal épuisé. Je ferme ostensiblement les radiateurs pour signifier au comité qu'il conviendrait de "lever le siège" ... Les groupements fortuits, ça et là formés, ont refait le monde et se défont à regrets ...
Vers minuit, me voilà libéré ou presque, car il me reste à rédiger un rapport détaillé de la réunion ...
Ce récit vous aidera à comprendre pourquoi, depuis que l'heure de la retraite a sonné, je limite au mieux les occasions que j'aurais de participer à une "réunion" !
De plus, fils de cheminot et élevé dans le saint respect de l'heure et du temps, je n'ai jamais cessé de penser que si l'exactitude est la politesse des rois, elle devrait aussi être celle de la plèbe !
Un bavard aigri.
Instituteur rural et secrétaire de mairie (une espèce qui a disparu de nos campagnes), j'ai pendant des lustres cumulé TOUS les secrétariats administratifs associatifs du secteur géographique qui était le mien. Je cite dans le désordre : Un secrétariat rémunéré (celui de la mairie) et quelques bénévoles - parents d'élèves du collège - foyer rural - anciens combattants - judo-club ...
La plupart du temps dépositaire de la clé du local de réunion, j'avais obligation d'arriver le premier sur la place des palabres ; "oublier" une réunion (je l'avoue, j'ai été parfois tenté de le faire) m'était impossible puisque j'avais rédigé et distribué les convocations. Aux hivers rigoureux j'avais pour mission initiale d'ouvrir les radiateurs en temps voulu afin que "le comité" soit préservé de la maladie appelée pieds gelés et qui se mue parfois en "crève" carabinée.
20h 15 : les radiateurs sont ouverts et le derrière collé à iceux, commence pour moi une attente indéfinie ...
20h 30 : C'est l'heure prévue où les conviés devraient s'asseoir à la sainte table pour délibérer mais le vide préside aux débats. Personne.
20h 45 : Toujours seul, je lis tout ce qui me tombe sous les yeux, pour passer le temps ...
21h : Un bruit lourd de galoches, une porte qui s'ouvre et apporte une bouffée d'air glacial avec la trogne enluminée du "Georges". Il sort de table, a "antidoté largement son haleine de sirop vignolat" ... et m'interroge sur le vide qui nous entoure.
- C'était bien aujourd'hui, la réunion, s'interroge-t-il ? ... Ben oui, conclut-il après un moment de réflexion ... J'ai vu "l'André" qu'arrive ...
Ainsi, de fil en aiguille, le "comité" se forme, en partie. A 21h 30, il n'est certes pas au complet mais déjà en mesure de légiférer, le président et le trésoriers sont arrivés ; les conversations tournent encore autour du prix du stère de bois sur pieds , des blés d'hiver qui ont mal levé ou de la vache du Charles qui a failli crever en vèlant ...
Au bout d'un certain temps de ce vacarme inorganisé, je me permets de rappeler à l'assemblée que la réunion a un ordre du jour qu'il serait judicieux d'aborder. Une partie de l'assemblée consent à ce faire en prenant place autour de la table, tandis que l'autre partie discute encore de choses et d'autres. Le président ouvre solennellement la séance.
De temps à autre, la porte s'ouvre pour livrer passage à un membre qui avait "oublié" la réunion et qu'une intervention inopinée d'un quelconque gouvernement a rappelé à ses devoirs. Certains retardataires se justifient brièvement : d'impérieuses nécessités les ont retenus ailleurs.
23h 30 : L'ordre du jour a été tant bien que mal épuisé. Je ferme ostensiblement les radiateurs pour signifier au comité qu'il conviendrait de "lever le siège" ... Les groupements fortuits, ça et là formés, ont refait le monde et se défont à regrets ...
Vers minuit, me voilà libéré ou presque, car il me reste à rédiger un rapport détaillé de la réunion ...
Ce récit vous aidera à comprendre pourquoi, depuis que l'heure de la retraite a sonné, je limite au mieux les occasions que j'aurais de participer à une "réunion" !
De plus, fils de cheminot et élevé dans le saint respect de l'heure et du temps, je n'ai jamais cessé de penser que si l'exactitude est la politesse des rois, elle devrait aussi être celle de la plèbe !
Un bavard aigri.