Parlons des souvenirs
- Robert
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Parlons des souvenirs
Parlons des souvenirs.
Sur mon bureau, j’ai poussé un peu l’ordinateur pour faire une petite place à un journal de bord. Il s’agit d’un recueil tenu par ma mère et qui raconte en petits textes avec des photos jaunies les premières années de mon existence. Mon poids, ma taille, mes maladies d’enfant, mes menus exploits. il est naturel qu’une maman trouve que son bébé est extraordinaire.
Bien sûr, il me semble que je me souviens… Je ne suis pas très sûr de moi.
Je suis là sur les photos, et je pense que tout près de l’imagerie sonne la botte des nazis. 1940, 1941, 1942, 1943…
Je viens de connaître par l’illustration mon fabuleux passage du néant à la vie.
C’est un passage facile car on le vit accompagné. Le bébé que j’étais est venu au monde accompagné de sa maman.
La mienne à l’évidence m’a aimé.
Et maintenant que je suis au bout de ce passage appelé vie je pense douloureusement que je n’ai pas apporté à ma mère ce qu’elle espérait de moi. j’en ai des regrets, mais les regrets sont bien inutiles. La vie est là, têtue, elle passe tête baissée sans jamais se retourner.
J’ai le droit de rêver. À un moment, s’arrêter, faire quelques pas en arrière, et recommencer sur une copie propre… trop tard.
Aujourd’hui, comme hier, je pense souvent à l’autre passage, celui de la vie vers le néant. Il n’y aura personne pour m’accompagner dans ce voyage. Mais si je n’ aurais personne pour m’aider, j’ai des souvenirs. Des souvenirs par milliers.
Je laisse Baudelaire le dire bien mieux que je ne saurais le faire.
……..
J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.
Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de procès, de romances,
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,
Cache moins de secrets que mon triste cerveau.
C'est une pyramide, un immense caveau,
Qui contient plus de morts que la fosse commune.
- Je suis un cimetière abhorré de la lune,
Où comme des remords se traînent de longs vers
Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers.
Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,
Où gît tout un fouillis de modes surannées
Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher,
Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché.
Sur mon bureau s’écrase une larme pleine d’amertume. Avec cette question qu’un poète avant moi s’est posée : « Et s’il était à refaire, referai-je le chemin ? »
Et cette question restera sans réponse.
Nous sommes dans la période de l’année dédiée aux souvenirs. Il était bien normal de parler d’eux.
Sur mon bureau, j’ai poussé un peu l’ordinateur pour faire une petite place à un journal de bord. Il s’agit d’un recueil tenu par ma mère et qui raconte en petits textes avec des photos jaunies les premières années de mon existence. Mon poids, ma taille, mes maladies d’enfant, mes menus exploits. il est naturel qu’une maman trouve que son bébé est extraordinaire.
Bien sûr, il me semble que je me souviens… Je ne suis pas très sûr de moi.
Je suis là sur les photos, et je pense que tout près de l’imagerie sonne la botte des nazis. 1940, 1941, 1942, 1943…
Je viens de connaître par l’illustration mon fabuleux passage du néant à la vie.
C’est un passage facile car on le vit accompagné. Le bébé que j’étais est venu au monde accompagné de sa maman.
La mienne à l’évidence m’a aimé.
Et maintenant que je suis au bout de ce passage appelé vie je pense douloureusement que je n’ai pas apporté à ma mère ce qu’elle espérait de moi. j’en ai des regrets, mais les regrets sont bien inutiles. La vie est là, têtue, elle passe tête baissée sans jamais se retourner.
J’ai le droit de rêver. À un moment, s’arrêter, faire quelques pas en arrière, et recommencer sur une copie propre… trop tard.
Aujourd’hui, comme hier, je pense souvent à l’autre passage, celui de la vie vers le néant. Il n’y aura personne pour m’accompagner dans ce voyage. Mais si je n’ aurais personne pour m’aider, j’ai des souvenirs. Des souvenirs par milliers.
Je laisse Baudelaire le dire bien mieux que je ne saurais le faire.
……..
J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.
Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de procès, de romances,
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,
Cache moins de secrets que mon triste cerveau.
C'est une pyramide, un immense caveau,
Qui contient plus de morts que la fosse commune.
- Je suis un cimetière abhorré de la lune,
Où comme des remords se traînent de longs vers
Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers.
Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,
Où gît tout un fouillis de modes surannées
Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher,
Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché.
Sur mon bureau s’écrase une larme pleine d’amertume. Avec cette question qu’un poète avant moi s’est posée : « Et s’il était à refaire, referai-je le chemin ? »
Et cette question restera sans réponse.
Nous sommes dans la période de l’année dédiée aux souvenirs. Il était bien normal de parler d’eux.
- Lolo90
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Re: Parlons des souvenirs
C'est une question que chacun peut se poser.
Et si je pouvais refaire le chemin, est-ce que je ferais la même chose ?
En sachant ce que l'on sait aujourd'hui, oui certainement pas, mais malheureusement ou heureusement on apprend chaque jour de nouvelles choses qui pourraient nous diriger dans des directions différentes.
Alors il ne faut pas regretter des choix que l'on a fait dans sa vie et te concernant je suis sûr que ta maman a été fière de toi.
Devenir instituteur et avoir autant de culture a dû la rendre bien heureuse.
Et si je pouvais refaire le chemin, est-ce que je ferais la même chose ?

En sachant ce que l'on sait aujourd'hui, oui certainement pas, mais malheureusement ou heureusement on apprend chaque jour de nouvelles choses qui pourraient nous diriger dans des directions différentes.
Alors il ne faut pas regretter des choix que l'on a fait dans sa vie et te concernant je suis sûr que ta maman a été fière de toi.
Devenir instituteur et avoir autant de culture a dû la rendre bien heureuse.
- Robert
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Re: Parlons des souvenirs
Non, je ne crois pas. Mais comme beaucoup d’autres, cette question restera sans réponse. Quant à ma culture elle donne dans l’infiniment petit ; et plus j’avance en âge, et plus je la vois à travers le petit bout de ma lorgnette.Lolo90 a écrit : ↑31 oct. 2024, 21:22 C'est une question que chacun peut se poser.
Et si je pouvais refaire le chemin, est-ce que je ferais la même chose ?![]()
En sachant ce que l'on sait aujourd'hui, oui certainement pas, mais malheureusement ou heureusement on apprend chaque jour de nouvelles choses qui pourraient nous diriger dans des directions différentes.
Alors il ne faut pas regretter des choix que l'on a fait dans sa vie et te concernant je suis sûr que ta maman a été fière de toi.
Devenir instituteur et avoir autant de culture a dû la rendre bien heureuse.
- Lolo90
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Re: Parlons des souvenirs
Oui mais ça c'est la cataracteRobert a écrit : ↑01 nov. 2024, 08:33Non, je ne crois pas. Mais comme beaucoup d’autres, cette question restera sans réponse. Quant à ma culture elle donne dans l’infiniment petit ; et plus j’avance en âge, et plus je la vois à travers le petit bout de ma lorgnette.Lolo90 a écrit : ↑31 oct. 2024, 21:22 C'est une question que chacun peut se poser.
Et si je pouvais refaire le chemin, est-ce que je ferais la même chose ?![]()
En sachant ce que l'on sait aujourd'hui, oui certainement pas, mais malheureusement ou heureusement on apprend chaque jour de nouvelles choses qui pourraient nous diriger dans des directions différentes.
Alors il ne faut pas regretter des choix que l'on a fait dans sa vie et te concernant je suis sûr que ta maman a été fière de toi.
Devenir instituteur et avoir autant de culture a dû la rendre bien heureuse.

- Robert
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Re: Parlons des souvenirs
La mémoire est sélective. Elle enregistre ou bien elle oublie. je m’étonne d’avoir oublié parfois des choses élémentaires quand ma mémoire est confrontée avec celle de mon épouse par exemple.
Comment me dit-elle, tu as oublié ça ?… Oui vraiment, j’ai oublié, et ma mémoire ne me restitue rien de ce dont il est question.
La mémoire n’est pas responsable de l’histoire, de l’histoire individuelle de chacun de nous ni de l’histoire collective inscrite dans les livres. Elle est un studio d’enregistrement, studio, parfois conforté et entretenu par une photographie, un élément documentaire, un texte, une peinture…
En vérité, je pense que l’invention de Nicéphore Niepce et de Daguerre a contribué et contribue largement à étayer nos souvenirs et à établir une certaine vérité de l’histoire de notre monde.
Mais notre cerveau est un formidable ordinateur, capable d’enregistrer des milliers de souvenirs, sans le support, ni d’une image, ni d’un texte, sans aucun document.
La mémoire est magique. Il suffit de me pencher sur mon bureau, de fermer les yeux et de tenir ma tête dans mes mains, pour que défilent des évènements qui n’ont par ailleurs laissé aucune trace matérielle.
C’est un 1er novembre. Je suis à Saint-Jean debout devant la tombe de mes beaux-parents, une dernière demeure qui sera bientôt la mienne.
Mon regard porte jusqu’au bout du cimetière parmi les tombes ; plus loin, les brumes occultent les paysages… puis il revient sur la vaste dalle de marbre ornée du traditionnel bouquet de chrysanthèmes ou de bruyères.
Ma famille m’entoure que je suppose en prières…
Comme je ne sais pas prier… Je pense.
Mon Esprit bat campagne ; il voyage loin sans barrières, ni celle de l’espace, ni celle du temps.
……..
Il y a bien longtemps, nous sommes là, au bord de la Moselle, à la pêche, mon beau-père et moi. Pour arriver là nous avons passé le double rail d’un passage à niveau. Mon beau-père a salué la garde barrière qu’il connaît car il est cheminot…
Et mon esprit s’évade encore, comme un feu follet un jour d’été au-dessus des tombes. Je suis dans une cuisine. Ma belle-mère s’affaire pour confectionner un plat de fête : les coquilles Saint-Jacques… sa spécialité.
……….
Et bientôt, je suis sorti de mes songes et ramené au présent.
Nous allons rentrer à la maison pour le repas de famille… je vais reprendre le volant et reprendre aussi mes esprits.
« Et s’envolent les chimères comme un essaim d’éphémères »…
Comment me dit-elle, tu as oublié ça ?… Oui vraiment, j’ai oublié, et ma mémoire ne me restitue rien de ce dont il est question.
La mémoire n’est pas responsable de l’histoire, de l’histoire individuelle de chacun de nous ni de l’histoire collective inscrite dans les livres. Elle est un studio d’enregistrement, studio, parfois conforté et entretenu par une photographie, un élément documentaire, un texte, une peinture…
En vérité, je pense que l’invention de Nicéphore Niepce et de Daguerre a contribué et contribue largement à étayer nos souvenirs et à établir une certaine vérité de l’histoire de notre monde.
Mais notre cerveau est un formidable ordinateur, capable d’enregistrer des milliers de souvenirs, sans le support, ni d’une image, ni d’un texte, sans aucun document.
La mémoire est magique. Il suffit de me pencher sur mon bureau, de fermer les yeux et de tenir ma tête dans mes mains, pour que défilent des évènements qui n’ont par ailleurs laissé aucune trace matérielle.
C’est un 1er novembre. Je suis à Saint-Jean debout devant la tombe de mes beaux-parents, une dernière demeure qui sera bientôt la mienne.
Mon regard porte jusqu’au bout du cimetière parmi les tombes ; plus loin, les brumes occultent les paysages… puis il revient sur la vaste dalle de marbre ornée du traditionnel bouquet de chrysanthèmes ou de bruyères.
Ma famille m’entoure que je suppose en prières…
Comme je ne sais pas prier… Je pense.
Mon Esprit bat campagne ; il voyage loin sans barrières, ni celle de l’espace, ni celle du temps.
……..
Il y a bien longtemps, nous sommes là, au bord de la Moselle, à la pêche, mon beau-père et moi. Pour arriver là nous avons passé le double rail d’un passage à niveau. Mon beau-père a salué la garde barrière qu’il connaît car il est cheminot…
Et mon esprit s’évade encore, comme un feu follet un jour d’été au-dessus des tombes. Je suis dans une cuisine. Ma belle-mère s’affaire pour confectionner un plat de fête : les coquilles Saint-Jacques… sa spécialité.
……….
Et bientôt, je suis sorti de mes songes et ramené au présent.
Nous allons rentrer à la maison pour le repas de famille… je vais reprendre le volant et reprendre aussi mes esprits.
« Et s’envolent les chimères comme un essaim d’éphémères »…
- Lolo90
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Re: Parlons des souvenirs
Mais que vous parlez bien chef
On a tous des bons et des mauvais souvenirs, mais je m'efforce de me focaliser seulement sur les bons et je garde les mauvais que pour me dire qu'il faut profiter au mieux de la vie qui est si courte

On a tous des bons et des mauvais souvenirs, mais je m'efforce de me focaliser seulement sur les bons et je garde les mauvais que pour me dire qu'il faut profiter au mieux de la vie qui est si courte

- Robert
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Re: Parlons des souvenirs
Tu as tout à fait raison, Lolo.
Me revient en mémoire la phrase que répétait le distributeur de journaux en déposant le « républicain lorrain » dans ma boîte aux lettres lorsqu’il m’apercevait.
« La vie est belle » s’écriait-il en repartant.
Voilà qui mérite d’être nuancé.
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle… malgré tout…
- Lolo90
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Re: Parlons des souvenirs
Voilà c'est mieux RobertRobert a écrit : ↑01 nov. 2024, 14:41Tu as tout à fait raison, Lolo.
Me revient en mémoire la phrase que répétait le distributeur de journaux en déposant le « républicain lorrain » dans ma boîte aux lettres lorsqu’il m’apercevait.
« La vie est belle » s’écriait-il en repartant.
Voilà qui mérite d’être nuancé.
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle… malgré tout…

- phiphi76
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Re: Parlons des souvenirs
Avec l'avancée dans l'âge, parfois on se retourne également l'on fait de bilan de sa vie. Perso, des fois je me dis que j'ai eu de la chance, mais aussi un grand malheur, vous aurez aisément deviné de quoi je parle....
La chance d'avoir eu une jeunesse tranquille, mais la malchance de ne pas avoir eu les conseils nécessaires pour envisager d'avoir une vie avec en mains, tous les atouts pour cela, et si je suis arrivé là, aussi bien en vie professionnelle que familiale, c'est à "" la force du poignet ", étant quasiment autodidacte en tout. Et oui, si le chemin était à refaire, en sachant ce que je sais maintenant, je ferais bien autrement, pour sur, et pour beaucoup de choses !
@ cyberpotes + !
La chance d'avoir eu une jeunesse tranquille, mais la malchance de ne pas avoir eu les conseils nécessaires pour envisager d'avoir une vie avec en mains, tous les atouts pour cela, et si je suis arrivé là, aussi bien en vie professionnelle que familiale, c'est à "" la force du poignet ", étant quasiment autodidacte en tout. Et oui, si le chemin était à refaire, en sachant ce que je sais maintenant, je ferais bien autrement, pour sur, et pour beaucoup de choses !
@ cyberpotes + !
- Robert
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Re: Parlons des souvenirs
Bien résumé Fifi. Je crois que nous en sommes tous là en avançant dans l’âge. Disons que je suis un peu plus avancé que vous.phiphi76 a écrit : ↑02 nov. 2024, 10:52 Avec l'avancée dans l'âge, parfois on se retourne également l'on fait de bilan de sa vie. Perso, des fois je me dis que j'ai eu de la chance, mais aussi un grand malheur, vous aurez aisément deviné de quoi je parle....
La chance d'avoir eu une jeunesse tranquille, mais la malchance de ne pas avoir eu les conseils nécessaires pour envisager d'avoir une vie avec en mains, tous les atouts pour cela, et si je suis arrivé là, aussi bien en vie professionnelle que familiale, c'est à "" la force du poignet ", étant quasiment autodidacte en tout. Et oui, si le chemin était à refaire, en sachant ce que je sais maintenant, je ferais bien autrement, pour sur, et pour beaucoup de choses !
@ cyberpotes + !
Vivre, survivre, mourir. C’est le lot commun. Beaucoup passent de la vie à la mort sans passer par la case survie. Je survis en ce moment. Plus vraiment vivant, je ne suis pas complètement mort ! sans doute est-ce un privilège ?…