Nos rapports avec la religion.

C'est plutôt "café du commerce" où l'on refait le monde.
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Robert
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Nos rapports avec la religion.

Message par Robert »

Nos rapports à la religion.


Je suis en train de lire les dernières pages du livre intitulé « mémoire de fille »d’Annie Ernaux. cette lecture d’une biographie originale m’a donné une envie : Celle de comprendre comment au fil du temps s’est établi mon rapport à la religion, et en particulier mon rapport à la religion catholique dont j’ai hérité de mes parents.

Mes parents étaient de religion catholique ; ma maman était relativement pratiquante, sans excès. je n’ai pas souvenir que mon père ait jamais manifesté le moindre penchant religieux. Aujourd’hui encore, je serai tout à fait incapable de dire ses rapports à la religion. Nous n’avons jamais échangé le moindre mot sur ce sujet. Dans tous les cas, il ne priait pas et ne fréquentait pas l’église.

Cependant, ma maman était très imprégnée de religion. J’étais encore un tout petit garçon, et je me souviens vaguement avoir été placé dans une institution catholique tenue par des pères à Mulhouse.
Des scandales récents ont terni la réputation de ces établissements catholiques. Je n’ai pas quant à moi le souvenir de sévices subis. D’abord j’étais un petit garçon très sage, c’est ma mère qui me l’a dit !
Et puis à l’époque les petits sévices corporels étaient tolérés.
Ce passage dans un établissement scolaire confessionnel a été très court. Il n’a eu sur mes rapports avec la religion aucune influence dont je puisse me souvenir.

Je n’ai plus subi dans ma petite enfance que l’influence religieuse de ma maman. Prière du soir de temps en temps, messe du dimanche matin…

Je garde ce souvenir des messes du dimanche matin. Nous, les enfants, nous étions réunis sur un banc, tout près de l’hôtel. Nous étions ainsi sous le regard permanent du curé. Inévitablement, pendant la messe, un gamin ou un autre poussait son voisin du coude, chuchotait, riait, faisait du bruit… À la fin de la messe, alors que les adultes étaient rendus à leur liberté, les enfants restaient sur le banc et subissaient les châtiments que leur conduite avaient généré. Monsieur le curé était généreux en taloches et coups de bâton. Et il ne serait venu à l’idée de personne d’émettre la moindre critique à propos de la conduite du curé.
Enfant très sage je n’ai pas souvenir d’une chiquenaude ou d’un coup de bâton.

Ma première confrontation avec la religion, je l’ai eue à mon adolescence, à mon entrée à l’école normale. Nous avions reçu un formulaire pour la rentrée où les parents devaient choisir si leur enfant serait dans l’obligation d’avoir les cours de religion prévus ou non.
Pour mémoire, en 1954, les écoles publiques étaient assorties du qualificatif catholique ou protestante avec la possibilité pour les élèves d’être dispensés de cours de religion.
Contre ma volonté, à la suite d’un épisode conflictuel, ma mère m’avait inscrit aux cours de religion.

Je pense aujourd’hui que l’enseignement de l’école normale était très anticlérical ; les lois encore récentes de séparation des églises et de l’État avaient donné lieu à de de nombreux conflits locaux, régionaux, nationaux. Les écoles normales avaient choisi leur camp. Sans doute, ai-je subi cet influence ?

De plus, je dois le dire, mes rapports avec l’aumônier de l’école normale ont été exécrables. Je ne supportais pas ce personnage mielleux.
Et de me souvenir de ces mots qu’un jour Napoléon a adressé à Talleyrand : «monsieur de Talleyrand, vous n’êtes que de la merde dans un bas de soie»…
Voilà ce que j’aurais aimé dire à l’aumônier de l’école normale. Je me souviens encore de son nom, c’est dire si je l’ai haï ! je pourrais l’écrire, mais à quoi bon…
Ce monsieur, un jour, m’avait pris en tête-à-tête pour me faire la morale, et je ne l’avais pas supporté. Ma maman, peut-être, avait été à l’initiative malheureuse de ce dialogue. Dans tous les cas il a bien eu l’effet inverse de celui qui était souhaité.

Le temps a fait son œuvre, et je suis passé par toutes les étapes d’une vie d’homme, sans que la religion, à aucun moment, ne prennent pour moi la moindre importance. Mon rapport avec les religions s’est limité aux baptêmes, communions, mariages et enterrements.
J’aime cependant aussi les fêtes religieuses pour leur folklore et les jalons qu’elles posent dans le déroulement d’une année, surtout Noël et Pâques.

Et me voilà arrivé au terme de mon existence. Je pourrais avoir la faiblesse de faire le pari de Pascal, en espérant pour moi une fin de vie idéale et un avenir bien heureux parmi les élus, dans l’au- delà avec une foi tardive en Dieu. Je n’aurais pas cette faiblesse.
Je ne crois pas en Dieu, ni à la Bible, ni à Jésus-Christ, et encore moins en l’église catholique.
Certains naissent avec la foi ; ça n’a pas été mon cas. Je n’en ressens aucune culpabilité.

Je m’autorise une parenthèse à propos de l’existence ou de la non-existence de Dieu. On ne peut avoir de certitude pour l’une ou l’autre de ces deux voies.
Je vais aller sans aucune certitude vers le néant dont personne ne sait rien pas même les grands de l’église.
Je l’ai déjà écrit : ce sera une surprise !

Reste le choix de la destination que nous choisissons pour nos corps, une fois nos âmes envolées.
Moi j’ai fait le choix classique de l’enterrement après une messe, dont j’exclus la partie religieuse pour ne garder que l’ au revoir de mes proches.
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Lolo90
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Re: Nos rapports avec la religion.

Message par Lolo90 »

Encore un très beau post Robert :kapm
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béni
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Re: Nos rapports avec la religion.

Message par béni »

De mon côté c'était presque l'inverse, mais pour arriver au même résultat :lol:.
Baigné dans la religion catholique dès tout petit, mais plutôt dans le côté positif de la religion, j'ai eu de la chance :mrgreen:. Famille catho côté mère et côté père, c'était bien naturel de suivre la voie :lol:.
Église tous les jours, j'était même enfant de chœur. Exception : le week-end :lol: ! Nous avions d'autres choses à faire, au moins ce n'était pas la tannée de se lever pour aller à l'église le dimanche ! Et puis les messes en semaine étaient expéditives, 20/30 mn devant les 5 ou 6 mêmes personnes et c'était réglé.

C'est vers l'adolescence que j'ai réalisé que c'était vraiment un système foireux et maintenant il ne faut pas me parler religion, malgré mon image de profil :lol:.

Je n'ai pas ta verve pour exprimer tout ça quand j'en cause avec des illuminés donc je me contente de les envoyer bouler :lol:.
et la lumière fut
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Robert
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Re: Nos rapports avec la religion.

Message par Robert »

    Robert a écrit : 02 mars 2025, 08:51 Nos rapports à la religion.


    Je suis en train de lire les dernières pages du livre intitulé « mémoire de fille »d’Annie Ernaux. cette lecture d’une biographie originale m’a donné une envie : Celle de comprendre comment au fil du temps s’est établi mon rapport à la religion, et en particulier mon rapport à la religion catholique dont j’ai hérité de mes parents.

    Mes parents étaient de religion catholique ; ma maman était relativement pratiquante, sans excès. je n’ai pas souvenir que mon père ait jamais manifesté le moindre penchant religieux. Aujourd’hui encore, je serai tout à fait incapable de dire ses rapports à la religion. Nous n’avons jamais échangé le moindre mot sur ce sujet. Dans tous les cas, il ne priait pas et ne fréquentait pas l’église.

    Cependant, ma maman était très imprégnée de religion. J’étais encore un tout petit garçon, et je me souviens vaguement avoir été placé dans une institution catholique tenue par des pères à Mulhouse.
    Des scandales récents ont terni la réputation de ces établissements catholiques. Je n’ai pas quant à moi le souvenir de sévices subis. D’abord j’étais un petit garçon très sage, c’est ma mère qui me l’a dit !
    Et puis à l’époque les petits sévices corporels étaient tolérés.
    Ce passage dans un établissement scolaire confessionnel a été très court. Il n’a eu sur mes rapports avec la religion aucune influence dont je puisse me souvenir.

    Je n’ai plus subi dans ma petite enfance que l’influence religieuse de ma maman. Prière du soir de temps en temps, messe du dimanche matin…

    Je garde ce souvenir des messes du dimanche matin. Nous, les enfants, nous étions réunis sur un banc, tout près de l’autel. Nous étions ainsi sous le regard permanent du curé. Inévitablement, pendant la messe, un gamin ou un autre poussait son voisin du coude, chuchotait, riait, faisait du bruit… À la fin de la messe, alors que les adultes étaient rendus à leur liberté, les enfants restaient sur le banc et subissaient les châtiments que leur conduite avaient généré. Monsieur le curé était généreux en taloches et coups de bâton. Et il ne serait venu à l’idée de personne d’émettre la moindre critique à propos de la conduite du curé.
    Enfant très sage je n’ai pas souvenir d’une chiquenaude ou d’un coup de bâton.

    Ma première confrontation avec la religion, je l’ai eue à mon adolescence, à mon entrée à l’école normale. Nous avions reçu un formulaire pour la rentrée où les parents devaient choisir si leur enfant serait dans l’obligation d’avoir les cours de religion prévus ou non.
    Pour mémoire, en 1954, les écoles publiques étaient assorties du qualificatif catholique ou protestante avec la possibilité pour les élèves d’être dispensés de cours de religion.
    Contre ma volonté, à la suite d’un épisode conflictuel, ma mère m’avait inscrit aux cours de religion.

    Je pense aujourd’hui que l’enseignement de l’école normale était très anticlérical ; les lois encore récentes de séparation des églises et de l’État avaient donné lieu à de de nombreux conflits locaux, régionaux, nationaux. Les écoles normales avaient choisi leur camp. Sans doute, ai-je subi cet influence ?

    De plus, je dois le dire, mes rapports avec l’aumônier de l’école normale ont été exécrables. Je ne supportais pas ce personnage mielleux.
    Et de me souvenir de ces mots qu’un jour Napoléon a adressé à Talleyrand : «monsieur de Talleyrand, vous n’êtes que de la merde dans un bas de soie»…
    Voilà ce que j’aurais aimé dire à l’aumônier de l’école normale. Je me souviens encore de son nom, c’est dire si je l’ai haï ! je pourrais l’écrire, mais à quoi bon…
    Ce monsieur, un jour, m’avait pris en tête-à-tête pour me faire la morale, et je ne l’avais pas supporté. Ma maman, peut-être, avait été à l’initiative malheureuse de ce dialogue. Dans tous les cas il a bien eu l’effet inverse de celui qui était souhaité.

    Le temps a fait son œuvre, et je suis passé par toutes les étapes d’une vie d’homme, sans que la religion, à aucun moment, ne prennent pour moi la moindre importance. Mon rapport avec les religions s’est limité aux baptêmes, communions, mariages et enterrements.
    J’aime cependant aussi les fêtes religieuses pour leur folklore et les jalons qu’elles posent dans le déroulement d’une année, surtout Noël et Pâques.

    Et me voilà arrivé au terme de mon existence. Je pourrais avoir la faiblesse de faire le pari de Pascal, en espérant pour moi une fin de vie idéale et un avenir bien heureux parmi les élus, dans l’au- delà avec une foi tardive en Dieu. Je n’aurais pas cette faiblesse.
    Je ne crois pas en Dieu, ni à la Bible, ni à Jésus-Christ, et encore moins en l’église catholique.
    Certains naissent avec la foi ; ça n’a pas été mon cas. Je n’en ressens aucune culpabilité.

    Je m’autorise une parenthèse à propos de l’existence ou de la non-existence de Dieu. On ne peut avoir de certitude pour l’une ou l’autre de ces deux voies.
    Je vais aller sans aucune certitude vers le néant dont personne ne sait rien pas même les grands de l’église.
    Je l’ai déjà écrit : ce sera une surprise !

    Reste le choix de la destination que nous choisissons pour nos corps, une fois nos âmes envolées.
    Moi j’ai fait le choix classique de l’enterrement après une messe, dont j’exclus la partie religieuse pour ne garder que l’ au revoir de mes proches.

    En me relisant, comme il m’arrive de le faire, à la recherche d’une perle éventuelle, le rouge de la honte me monte au visage et au front : le banc des enfants à la messe dominicale que je relate était devant l’autel et non devant l’hôtel ! Encore une malversation de Siri !
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    Robert
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    Re: Nos rapports avec la religion.

    Message par Robert »

    béni a écrit : 03 mars 2025, 09:18 De mon côté c'était presque l'inverse, mais pour arriver au même résultat :lol:.
    Baigné dans la religion catholique dès tout petit, mais plutôt dans le côté positif de la religion, j'ai eu de la chance :mrgreen:. Famille catho côté mère et côté père, c'était bien naturel de suivre la voie :lol:.
    Église tous les jours, j'était même enfant de chœur. Exception : le week-end :lol: ! Nous avions d'autres choses à faire, au moins ce n'était pas la tannée de se lever pour aller à l'église le dimanche ! Et puis les messes en semaine étaient expéditives, 20/30 mn devant les 5 ou 6 mêmes personnes et c'était réglé.

    C'est vers l'adolescence que j'ai réalisé que c'était vraiment un système foireux et maintenant il ne faut pas me parler religion, malgré mon image de profil :lol:.

    Je n'ai pas ta verve pour exprimer tout ça quand j'en cause avec des illuminés donc je me contente de les envoyer bouler
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    Re: Nos rapports avec la religion.

    Message par Robert »

    Et moi qui espérais le pardon salutaire d’un évêque, me voilà bien déçu! :lol:
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