Charles Baudelaire a écrit cette phrase :
"La forme d'une ville change plus vite, hélas ! que le coeur d'un mortel" ...
Cette idée me revient souvent en mémoire et j'en éprouve toute la vérité ; la forme d'une ville change, sans doute, mais aussi le visage de nos campagnes sans cesse martyrisées par la main et les outils de l'homme.
Au fur et à mesure que s'égrènent les ans, les mots du poète prennent plus de force et reviennent, sans tambours ni trompette, alimenter mes nostalgies.
Et j'évoque un site, qui pour le commun des mortels n'a pas de charme particulier ; pour moi il s'éclaire soudain et ouvre mon armoire pleine de souvenirs.
On oublie vite ce qui a changé; une image nouvelle recouvre et remplace l'ancienne cependant que l'on s'attache avec tendresse à ce qui est resté.
J'ai parlé de ma Bresse, celle des fermes basses sous l'auvent desquelles sèchent les épis de maïs qui nourrissent une volaille réputée. La rivière sempiternelle coule au bas des collines, serpente aux vertes prairies qu'elle inonde souvent ; on y accède depuis le village perché par un chemin pentu de cailloux.
Le bord du chemin s'orne encore des vestiges d'un lavoir, à présent enfoui dans un océan d'orties. Le vieux saule témoigne de l'humidité du lieu où se dissimule la source qui murmure encore.
Je passais là, enfant, et j'y ai entendu les voix des lavandières, ma marche rythmée par le choc des battoirs sur les planches à laver. Peut-être en ai-je rêvé ...
Franchie la dernière barrière, s'ouvre la prairie, aussi vaste à mes yeux que la lointaine pampa sauvage des Amériques inconnues ; des peupleraies éparses s'ingénient à rompre l'horizon plat.
Paysages inanimés, figés, immortels, que rien ne bouleverse, comme vous m'êtes chers car souffle ici, me semble-t-il, la brise de l'éternité !
Souvenirs ...
- Robert
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Re: Souvenirs ...
Ah là là, que cette bafouille est belle! Congratulations de nous deux (la patronne et moi)!
- Tadkozh
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Re: Souvenirs ...
....sans parler de la campagne qui se couvre de constructions nouvelles...nous privant du spectacle des vertes prairies !!Robert a écrit :Charles Baudelaire a écrit cette phrase :
"La forme d'une ville change plus vite, hélas ! que le coeur d'un mortel" ...
Cette idée me revient souvent en mémoire et j'en éprouve toute la vérité ; la forme d'une ville change, sans doute, mais aussi le visage de nos campagnes sans cesse martyrisées par la main et les outils de l'homme.
Au fur et à mesure que s'égrènent les ans, les mots du poète prennent plus de force et reviennent, sans tambours ni trompette, alimenter mes nostalgies.
Et j'évoque un site, qui pour le commun des mortels n'a pas de charme particulier ; pour moi il s'éclaire soudain et ouvre mon armoire pleine de souvenirs.
On oublie vite ce qui a changé; une image nouvelle recouvre et remplace l'ancienne cependant que l'on s'attache avec tendresse à ce qui est resté.
J'ai parlé de ma Bresse, celle des fermes basses sous l'auvent desquelles sèchent les épis de maïs qui nourrissent une volaille réputée. La rivière sempiternelle coule au bas des collines, serpente aux vertes prairies qu'elle inonde souvent ; on y accède depuis le village perché par un chemin pentu de cailloux.
Le bord du chemin s'orne encore des vestiges d'un lavoir, à présent enfoui dans un océan d'orties. Le vieux saule témoigne de l'humidité du lieu où se dissimule la source qui murmure encore.
Je passais là, enfant, et j'y ai entendu les voix des lavandières, ma marche rythmée par le choc des battoirs sur les planches à laver. Peut-être en ai-je rêvé ...
Franchie la dernière barrière, s'ouvre la prairie, aussi vaste à mes yeux que la lointaine pampa sauvage des Amériques inconnues ; des peupleraies éparses s'ingénient à rompre l'horizon plat.
Paysages inanimés, figés, immortels, que rien ne bouleverse, comme vous m'êtes chers car souffle ici, me semble-t-il, la brise de l'éternité !
Notre bon Robert se morfond à n'en plus douter...!! Patience mon aîné, les beaux jours arrivent...

Tadkozh