Des histoires à ne pas lire ...

[Robert]

Histoire de Marie ... hélas inspirée d'un fait réel.

Non, je ne vous conterai pas l’histoire de la sainte femme qui figure au catéchisme des enfants, celle dont le nom a créé à son insu les guerres dites de religion avec son hypothétique immaculée conception . Non, c’est l’histoire d’une femme ordinaire.

Elle avait été jeune, Marie, il y a bien longtemps. Elle avait été belle, heureuse, Marie. Elle avait ri, pleuré,chanté, voyagé, aimé, été aimée ; elle avait fait sa vie, eu des enfants, un mari, des amis. Elle avait assumé son existence faite de petits quotidiens, du monotone ordinaire, de joies et de peines.

Elle avait vieilli aussi, les rides lui étaient venues insidieusement mais elle était encore heureuse entre les siens.

Elle était vieille à présent moins belle, sans doute. Elle riait encore, pleurait parfois, voyageait peu désormais, aimait encore et était aimée.
Sa vie était faite, derrière elle ; elle y songeait souvent, droite et sans nostalgie, sereine. Elle avait accepté la fuite du temps.

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Et vint ce moment de l’irréparable.
Le jour pourtant s’était levé ce matin là, et l’horizon s’était éclairé ; l’aube douce promettait une belle journée d’été.

Tout s’est passé dans la pauvre tête de Marie. Le chef d’orchestre qui avait si longtemps dirigé l’harmonieux orchestre de ses neurones a perdu soudain sa baguette. Les violonistes ont brisé leurs archets sans prévenir, le pianiste renversé son instrument, les cuivres craché des sons incohérents ... et dans la tête de Marie tout s’est désorganisé en un ballet démoniaque et anarchique.

Elle ne rit plus, Marie. On la montre du doigt. Sa bouche se tord en un rictus affreux. Elle ne parle plus mais hurle des mots que personne ne comprends plus. Elle ne sait même plus son nom, ne reconnaît plus personne, n’aime plus personne, n’est plus aimée de personne. Elle ne communique plus, a jeté son téléphone par la fenêtre ouverte de sa prison et celui-ci a explosé en mille fragments inorganisés sur les pavés disjoints d’un parterre inconnu.

Elle n’habite plus chez elle, Marie ... Ses proches redoutent de la rencontrer. Elle ne sait plus où elle est.


Moi je sais. Sa maison nouvelle est faite de portes blindées et de barreaux. Elle hurle au fond d’un lit, attachée, et son horizon se limite à un plafond, à la lumière crue et cruelle d’un néon blanc. De temps à autre passe sous son regard fou un visage qu’elle ne reconnaît plus ... Le temps, le temps, le temps n'est plus mesuré.

A quoi pense-t-elle, Marie ? Et pense-t-elle encore ? A-t-elle déjà intégré dans une enveloppe encore vivante le monde des morts d’où personne, jamais, n’est revenu ?

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L’histoire de Marie est une histoire vraie, redoutée et redoutable ... Elle est aussi celle de Paul, Jacques ou Hélène ...
Souhaitons qu'elle ne soit jamais la nôtre !

[callune]

Et y'en a plein des Marie