J3.
Le jour se lève. Je jette un oeil inquisiteur par notre fenêtre balcon qui donne sur la mer. Elle a couleur de plomb fondu. Il a plu cette nuit.
Le temps de la toilette et le soleil se lève sur un Est lumineux. Il fera beau temps, encore.
Aujourd'hui, nous ne sommes pas pressés ; notre programme ne relève que du choix que nous avons fait d'une balade vers Amalfi pour ses paysages réputés.
Petit déjeuner au buffet de l'hôtel dans son immense salle de restauration.
La pièce rayonne de lumière et déjà, plats à la main, des dizaines de convives s'affairent.
C'est une atmosphère bien particulière que ces repas du petit matin ; et mon oeil sagace s'amuse d'observations peu amènes sur l'état d'esprit de certains affamés ! Ils promènent des assiettes qui laisseraient penser qu'ils sortent d'un jeûne prolongé tant elles sont surchargées de marchandises entassées dans un équilibre incertain. Et j'observe nos cousins allemands, débarqués hier soir d'un bus, tous bien rondouillets pour ceux ou celles qui ne sont obèses, se ruer sur la charcuterie dont le rayon, bientôt est vide.
Nous déjeunons plus modestement, habitués à nos deux tartines !
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Et nous voilà en route, au volant de ma petite voiture, pour des villages réputés les plus beaux de cette côte amalfitaine, avec ses édifices accrochés comme par miracle au rocher pour dominer la Méditerranée jolie.
La route est sinueuse, certes, mais presque dégagée ; nous rêvons d'un miracle qui, hélas, ne se produira pas d'un espace dépourvu des embarras de la route. Nous nous arrêtons un instant sur l'un de ces balcons naturels qui dominent la mer. La brise est si douce en ce matin d'avril comme un moment au paradis terrestre quand nos ancêtres lointains, Adam et Eve étaient seuls au monde !
Hélas, les rêves les plus beaux n'ont qu'un temps, avant le cauchemar.
Alors que nous approchons de la première ville de la côte, qui a nom Positano, le bord de la route se peuple d'une file continue de deux ou trois kilomètres de voitures posées cul à cul. Stationnement impossible !
Nous continuons notre route vers Amalfi où j'ai l'espoir de pouvoir enfin m'arrêter ... Files de voitures en stationnement, slaloms entre tous types de véhicules pour aboutir devant le grand parking ... qui affiche complet !
Nous n'avons rien vu de ces jolies villes accrochées à la falaise. Je prends la décision de faire demi-tour pour retourner vers l'hôtel ... et la ville de Sorrento où nous espérons pouvoir enfin nous arrêter pour déjeuner ; car entre temps la faim nous est venue.
La circulation est littéralement infernale. Il me faudra trois heures dans d'indescriptibles embouteillages pour regagner Sorrento à une quarantaine de kilomètres ! Nous entrons dans la ville. ... Il est 14 h 30 !
Nous nous dirigeons vers le petit port, trouvons miraculeusement un stationnement, payant bien entendu, et descendons à pied vers le port.
15 heures ... Et je pense tristement que ce sera un jour, pour employer les expressions consacrées, où nous sauterons à la corde et déjeunerons avec les chevaux de bois !
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Je me suis trompé. Un petit restaurant nous accueille qui est inscrit au "Michelin".
Le serveur est un peu inquiétant, maigre comme un clou dans un strict costume noir, un teint très mat, des dents très irrégulières à croquer la lune et, bien entendu, ne parlant pas un mot de français !
Après quelques échanges verbaux, dans une totale incompréhension, le serveur montre tout cru le joli poisson frais qu'il se propose de nous servir grillé ! Ce sera le choix de mon épouse. J'opterai pour une pizza végétarienne avec le secret espoir de ne pas trop arrondir ma naissante bedaine.
En résumé, un excellent repas dans un cadre portuaire comme je les aime.
Quelques images de cette journée.
Au départ. La route est miraculeusement calme. Notre petite voiture arrêtée, miraculeusement aussi. Et la mer à nos pieds.
Autre arrêt ; une artiste locale a construit, au bord de la route, une maquette de la ville que nous aurions pu voir ... si nous avions pu stationner !
Dans nos assiettes !
