Je n'y pensais plus, mais ce qui m'a fait devenir un teigneux c'est que dès que j'ai su faire du vélo, j'allais me balader dans la forêt, mais pour y arriver il me fallait monter une cote....Et puis au fur et à mesure que j'ai pris des forces je voulais toujours en monter de plus en plus difficiles. Et puis mon père m'a emmené faire un circuit itinérant à 12 ans en 3 jours, j'étais obligé de l'attendre ou de faire demi tour en haut des bosses, comme pour El Rafa l'année dernière

, la plus longue distance a été de 106 km pendant ces 3 jours...
Puis je me suis dirigé vers une carrière de Jockey, qui a vite pris court, à l'arrêt à 15 ans je voulais continuer de faire du sport, je me suis donc inscrit dans un club à vocation compétition, ça ne m'intéressait pas, mais à force de ténacité en cadet je me suis pris au jeu. Trop léger pour être bien partout, pas assez puissant pour monter sur la première marche du podium....
Mais voilà, le goût de la grimpette était là, j'aimais Bernard Hinault à qui on me comparait niveau caractère, j'aimais ça grande gueule, je le voyais monter des cols du TDF quand j'avais envie de le regarder et le temps et j'avais envie de découvrir la montagne...On est donc partis en vacances avec mon beau père qui aimait me titiller sur mes capacités à grimper, il me disait que je serais incapable de grimper le Galibier, nous étions à la Toussuire. Les 40 km de grimpette me faisaient peur, mais j'avais envie d'essayer. C'était l'idée de la vitesse qui me plaisait aussi en basculant. Le jour ou j'étais prêt il m'en a empêché, mais au retour de vacances il m'a consolé avec le Glandon, je crève au sommet ce qui m'empêche de faire la descente. Ca rajoute à ma frsutration mais rassure mes parents...Dans la montée les gens m'encouragent, je n'ai pas la sensation d'aller vite avec mon demi course, mes roues à ballon, mes 3 vitesses, pourtant mon beau père me dira le contraire...
Les années passent, j'arrête le vélo, je reprend au bout de 3 ans dans l'idée de montrer mes capacités dans les bosses, j'en gagne une, puis l'année suivante une seconde, puis quelque jours après, les mecs étant trop lents dès le départ je me barre seul...Mon père père m'insulte presque en me filmant, disant que je suis taré, dans le bas du circuit la copine d'un coureur en contre me dit à chaque tour qu'il va me bouffer. J'aime les défis et encore plus la provocation, je la regarde à chaque droit dans les yeux en lui faisant bien comprendre que c'est moi ou eux...
Les vacances se passent à la plage, avec les copains, l'année juste avant de rencontrer ma femme, je pars avec mon père (le vrai) pour un week end prolongé au Ventoux en 1993 ou 94. 1er jour c'est ma reprise au bout d'un mois je fais 80 bornes. La montée est prévue le 3ième jour. Second jour je pars monter un tout petit peu pour l'essayer, mais je me prends au jeu avec mon 39x19, de kilomètre en kilomètre je retarde mon retour. A 2,5 klm du sommet un nuage recouvre tout, je me dis que c'est dommage si près du but, je continue. Au sommet je fais demi tour, c'était du coté Malaucène, c'est la purée de poix, on y voit pas à 5 mètres, une voiture venant en face roule à gauche...Des belges me dépassent et me demandent si ça va... C'était la première fois que je descendais un col, pas question de la perdre...Ils me prêtent un pull, que je leur rendrait après les avoir attendus.
Le lendemain ciel dégagé je fais ma seconde montée avec presque tout le monde....
Le Galibier me hante toujours, toutes les années je regarde la Marmotte qui part sans mois, car l'envie de me comparer me trotte toujours... En 2000 et 2001 je vais monter les cols des Pyrénées avec des flics qui préparaient leur championnat de France. Ils sont en 2ième caté FFC, le minium que je leur ai pris en haut des cols est 1m30, le dernier jour ils sont cramés et je commençais à m'ennuyer, je pars seul monter le Tourmalet ou Hautacam...150 bornes à 30 de moyenne, quelques jours après je me classe 10ième des Bosses du 13 en m'étant trompé de route avec Bourguignon, je paie mes efforts pour rentrer.....
Toujours pas de Galibier...
Avec mon physique et mon goût pour les échappées fleuves, mes attaques à répétition en courses, je m'inscris à la Marco Pantani en 2005, Gavia, Mortirolo, Santa Cristina. Au préalable 3 semaines en Espagne, je chute l'avant dernier jour (vous avez vu les photos sur Facebook), 9 jours avant la Pantani. Je choppe une angine. Je me fais lourder dès les premières rampes du Gavia, impossible de respirer correctement, à un petit groupe on rentre sur le peloton au pied du Mortirolo....Ca ne dure pas longtemps, je suis de nouveau seul. Au sommet je suis mort, décalqué, mais il reste encore des cotes qui me laissent toujours en prise. La descente est mauvaise, toujours naze, je ne récupère pas, il me prend l'idée de faire le moyen parcours, mais je n'ai pas fait un long voyage loin de ma famille pour une balade, je veux rendre honneur à Marco aussi, être digne....Je me classe 25ième à 40 minutes d'Emanuelle Negrini, qui remportera la Marmotte 2 semaines après....
Toujours pas de Galibier....
Fin 2007 vous connaissez l'histoire, notre histoire, mon beau père n'est pas encore malade gravement, je m'inscrit, je ne lui en parle même pas car ses soucis commencent. Courant juin nous savons que c'est la fin, lui qui n'a jamais su dire qu'il m'aimais, qui a préféré me faire rester les pieds sur terre, s'est enfin dévoilé, a fini par lâcher le morceau....Je lui écris un long courrier, la Marmotte n'est plus dans ma tête, jusqu'à ce que la veille de son décès j'arrive à le joindre au tél, le matin n'en pouvant plus d'étouffer il a tenter d'en finir, comme je le comprends. Il me dit de faire attention dans la descente du Glandon, je lui promet que je reste avec lui, quoi qu'il arrive. Il est enterré le jeudi, je n'arrête pas de chialer en pensant que 2 jours après je serais au sommet du Galibier avec lui...
A table avec Claude, Denis, Laurent... je leur confis enfin ce malheur/bonheur....Le samedi j'ai enfin monté le Galibier avec le coeur léger et en lui faisant un petit signe au sommet....