La météo n'était pas vraiment motivante pour ce départ de la Scott 1000 Bosses : de la pluie, de la pluie, de la pluie. 138.4 km nous attendaient, dans un cadre de moyenne montagne, avec ses 2500 m de dénivelé dans les Monts du Lyonnais. Départ situé à Tassin-la-Demi-Lune, commune de la banlieue ouest de Lyon.
Après un papotage avec Xavier Joly dans le sas des prioritaires, nous nous élançons peu après 09h00. Les premiers kilomètres me permettent de voir Karl remonter vite fait bien fait vers la tête, de saluer André Pérez tout beau dans sa tenue Eco Cyclo (il chutera malheureusement plus loin !

) et de faire un peu causette avec Laurent Marchal.
Dès les premières pentes du col de La Croix du Ban, je ne me mets pas en surrégime comme je l'avais fait l'année dernière ; je l'avais alors payé cher. Une cinquantaine de plus costauds prend donc le large. J'assure alors un bon rythme en compagnie de quelques collègues, sans en rajouter. Il est vrai que le temps ne nous y incite guère !
Le choix est bon car les premiers lâchés du groupe d'extraterrestres sont vite repris, tels Magdalena de Saint Jean, du Team Scott Vélo 101, qui me dit que ce début de parcours est bien difficile, ou un peu plus loin Cédric Laurent qui m'annonce n'être pas au mieux de sa forme. J'incite plus ou moins ce dernier à prendre ma roue. La pente fait son oeuvre et nous voilà un bon groupe d'une quarantaine d'unités, autour de la 40 - 80ème place à ce moment. On y retrouve donc Cédric mais aussi Dominique Briand, Laurent Marchal, Gilles Morel, Rémi Borrion... Bref, tout se passe pour le mieux, je ne ressens aucune gêne due à mes blessures de la Look, et je signerais tout de suite pour arriver avec ces bonshommes. Bon, je me traîne le plus souvent vers la fin du paquet mais il n'y a pas lieu de s'affoler, ça roule.
Les cols de La Luère, de Malval et des Brosses sont franchis sans encombre, quelques crevaisons sont néanmoins à déplorer parmi nous. Dure loi.
Km 67, tout bascule. A l'amorce de la 1ère côte d'Aveize, je passe du 52 dents au 0 dent. Impossible de repasser sur le grand plateau, je dois m'arrêter pour repositionner cette fichue chaîne. 50 secondes d'arrêt, pdbdm...

Le groupe ne me semble pas loin, mais nous sommes en côte, les distances sont trompeuses.
Je suis bien motivé à l'idée de revenir, dans un premier temps avec l'aide du dossard 100 (j'ai le 99 !). Mais je me retrouve vite esseulé, mon compagnon préférant baisser pavillon. La descente d'Aveize s'effectue donc en solitaire. Je suis sidéré par les écarts que l'on a pu creuser sur les groupes suivants, je ne vois pas âme qui vive.
Le début de la 2nde ascension d'Aveize me cloue sur place. La pente me semble bien rude mais, à ce moment, je m'amuse encore, même sous la pluie. Soudain, je n'ai plus l'impression d'enfourcher un vélo, mais une enclume. Cette impression ne me quittera plus. Le coeur ne veut plus monter, les jambes ne répondent plus, la cadence s'effondre. A mi-pente, je suis rejoint puis dépassé par le 100. Puis par toute une ribambelle de petits groupes... impossible de suivre.
Magdalena de Saint Jean et son coéquipier Stéphane Cheylan me reprennent en menant un groupe plus conséquent. Je parviens à m'accrocher même si je perds un peu de terrain dans la 2nde (longue) descente d'Aveize. Les descentes, justement, deviennent dantesques avec le brouillard et la pluie incessante. Le claquage de dents entre en scène. Je lâche enfin dès les premiers mètres du col de La Croix de Pars.
Le moral est en berne. Il reste environ 40 bornes à boucler mais je sais que ça va être interminable. Ce n'est pas tant que ce soit dur physiquement, je n'ai simplement plus de force, ni de vélocité pour faire tourner les manivelles . Au km 110, j'entends une voix familière me demandant si ça va. C'est Gilles Mahé. Bien content de le voir ! J'essaye bien de m'accrocher à sa roue mais je ne fais illusion que quelques centaines de mètres. A plus l'ami, on se reverra à l'arrivée.
La dernière descente, longue de 15 km, est épouvantable.

Trempé jusqu'aux os, je tremble de tous mes membres. Un calvaire dont je me souviendrai longtemps, à n'en pas douter.
L'arrivée à Tassin-la-Demi-Lune est une délivrance. J'échoue finalement à la 194ème place sur 469 classés, avec un temps de 4h48min14s. Au vu du classement, je perds entre 20 et 30 minutes sur mon groupe d'origine. Je pensais faire pire...
Bon, je reviendrai sans aucun doute l'année prochaine car le beau temps sera de la partie. C'est prévu !
