Re: Bonjour les académiciens !
Posté : 23 mars 2009, 08:29
Dis donc, toi! Tu m'as l'air en forme, de bon matin! Le lundi en plus!
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Manyairs a écrit :C'est marrant ce post.
Je suis en pleine lecture de Jacqueline de Romilly "Dans le jardin des mots",
véritable ode à notre langue et à son utilisation juste.
Je suis sûr Robert que tu apprécierais !
Je lis le livre de puis quelques jours, et je m'en régale.
Alors je te rejoins complètement sur ta réflexion...
Trop de néologisme, tue les néologismes.
...ah mon bon Robert, la jouissance n'est pas un vain mot...tu me régales....je ne te connais pourtant point mais les quelques lignes qu'il m'a été donné de lire me ravissent..! à n'en plus douter, nous sommes bien de la même époque !Robert a écrit :Bonjour les potes poètes.
Le temps décidément désespérant s'étant mis au gris, abandonnés pour un moment motoculteur, sécateur et autres outils aratoires, je prends le temps de me livrer à un exercice amusant : Prendre le contre-pied de ma thèse initiale et combattre l'académisme que j'ai défendu, dans un premier élan.
Je crois, mais ma mémoire devient parfois infidèle, que cette épreuve qui consiste à défendre tour à tour une thèse et son contraire est une épreuve imposée aux futurs avocats ; cette épreuve s'appelle "conférence du stage" et je vais me livrer un instant à cet exercice.
Car enfin, quoi de plus stérilisant qu'un certain académisme qui uniformise le langage ?
Le ton, le vocabulaire, la syntaxe d'un écrit doivent être adaptés au public auquel il s'adresse. Ainsi, si j'écris un conte destiné à des enfants de dix ans, je dois adapter mon vocabulaire, si je tiens à être compris.
"Les aventures du petit Nicolas" (non, pas celui auquel vous pensez peut-être - je veux parler des écrits de Gosciny) n'auraient jamais vu le jour s'il fallait se référer aux règles strictes de la syntaxe. Et pourtant, cinquante ans après avoir été publiés, ces livres font encore partie des lectures préférées de nos chères têtes blondes ...
Si et seulement si, seuls, les gens qui maîtrisent parfaitement notre langue avaient le droit de s'exprimer, nous baignerions dans un inquiétant silence ! Et, durant toute ma carrière d'instit., si j'ai fait une chasse constante aux offenses à notre tortueuse orthographe, je me suis efforcé de favoriser l'expression écrite imparfaite des enfants dont les premiers pas dans le langage écrit m'incombaient. Ce qui m'a permis de lire quelques passages bien savoureux !
Exiger une maîtrise parfaite de la langue pour avoir le droit de s'exprimer, c'est un peu comme si l'on exigeait, pour avoir le droit de déguster un grand cru, d'avoir le palais d'un oenologue de classe , pour avoir le droit d'aller au concert de disposer d'une ouïe sans défaut ou, pour aller au théâtre de saisir les plus infimes subtilités du coeur et de l'esprit ...
Je revendique bien haut le droit à l'imperfection !
Je viens de défendre le diable ! Un de mes prédécesseurs n'avait-il pas orné son prénom de cet additif édifiant : Le Diable, Robert le Diable ?
Et soudain me vient une crainte : Venant de passer la fameuse épreuve dont j'ai parlé plus haut et qui donne le droit à un avocat de défendre l'indéfendable, je crains que notre "admin." , au lieu de la belle tenue "cyberpote" qu'il pourrait m'octroyer, ne prenne la liberté et l'envie de m'expédier la robe qui va avec la fonction d'avocat ! Ainsi affublé, j'aurais sans aucun doute beaucoup de succès dans une belle rando !
Amicalement,
Robert le Diable.
PS : Que les vrais cyclistes me pardonnent ces débordements verbaux et qu'on se le dise : A défaut d'être un vrai cycliste, je suis un authentique bavard !