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Re: La chute (suite)

Posté : 28 août 2023, 05:33
par Denis
Quelle saleté, la guerre… PAs un pour rattraper l’autre… Elle réveillé les plus bas instincts.

Re: La chute (suite)

Posté : 28 août 2023, 15:00
par Robert
Une fois prises les habitudes de vie particulières imposées, celle de dormir très souvent équipé de pied en cape, avec un pistolet mitrailleur chargé et prêt à l'emploi sous le lit, celle de se nourrir de rations et de viandes congelées, celle de côtoyer des hommes avec lesquels on n'a rien en commun sinon le fait de vivre, au même moment, les mêmes galères, celle de n'avoir pour horizon que le bled, uniforme et infini, reste l'espoir. L'espoir d'en sortir bientôt, en faisant le compte à rebours des jours et des nuits qui nous séparent du retour. Ainsi, souvent, entre eux les compagnons de misère s'apostrophaient ainsi :"
- Alors, Desarmoise, ça va?
- 127 au jus, vieille branche!
Car chacun compte ici les jours où la liaison hebdomadaire vers Saïda vous prendra, avec vos bagages, pour le retour tant espéré au pays.
Pierre rêve de sa lointaine Lorraine dont les nouvelles lui parviennent au compte-goutte par les rares lettres de sa mère. Bien qu'il y songe rarement, le déraciné constate avec amertume à quel point il est oublié. Si Claire...Mais Claire aussi a sans doute oublié.




La liaison de ce 1er décembre 1960 apporte à Pierre une lettre de là-bas, ce là-bas lointain que, lui aussi, a des difficultés à se représenter. Bien que son déracinement ne date que de quelques mois, il lui semble qu'il est prisonnier du djebel depuis des lustres.
Sarrebourg, le 20 novembre


Mon petit Pierre,


Nous avons bien reçu ta lettre.
Tu ne peux pas savoir comme je suis heureuse de savoir que tu es affecté à un secteur calme, qu'en Algérie, tu as gardé ton métier et que tu enseignes là-bas, un peu comme tu l'aurais fait si tu étais resté en Moselle.
Nous sommes entrés brutalement dans l'hiver lorrain. Nous subissons la première vague de froid de l'hiver. Le jardin est blanc d'une petite couche de neige et les nichoirs que ton grand-père a installés un peu partout sont très fréquentés par les petites mésanges bleues, les rouges-gorges et même les sansonnets et les moineaux.
A propos de ton grand-père, je dois dire qu'il nous inquiète. L'hiver l'affecte toujours un peu, lui qui ne se plaît que dehors, dans son verger et dans son jardin. Mais cette année, il semble attristé; il ne mange presque plus rien. Comme il ne se plaint jamais, il m'est difficile d'appeler un médecin, tu le connais. Il ne veut rien entendre et je n'ai jamais rencontré un homme plus têtu que lui. Cependant, nous en parlons tous les jours avec ton père et je crois qu'il va nous falloir transgresser prochainement les volontés de pépé Jules et lui imposer une visite du docteur.
Pour ton père, rien n'a changé. Son travail l'absorbe totalement. Lorsque nous parlons de toi, il est toujours très rassurant, me dit que la guerre d'Algérie n'est pas une "vraie" guerre et que tu reviendras bientôt, plus riche de cette expérience...J'en accepte l'augure.
Quant à ta soeur, elle a ...déjà dix-huit ans. Je ne peux pas m'empêcher de la voir petite fille alors qu'elle a trouvé un travail de bureau chez le marchand de charbon de la rue Gambetta et qu'elle fréquente un certain "Jean-Mi" dont je ne sais pas encore grand chose...tu connais pourtant ma curiosité maladive que j'ai exercée à ton égard pour tes premières amours avec Claire. Au fait, je m'étonne que tu ne nous parle jamais d'elle. J'ai appris, par Madame Humbert qui connaît bien les parents de Claire, qu'ils ont tous déménagés près d'Annecy, je crois...

Il ne me reste qu'à te parler de moi. Je souffre bien toujours un peu de mes rhumatismes, sans doute à cause de l'humidité Lorraine, mais je pense que tout ira mieux bientôt. Dimanche prochain, nous avons projeté une balade dans les Vosges enneigées, avec les "Bronn". J'espère que le soleil sera de la partie.

Toute la famille,( y compris ceux du "Cher") se porte bien. Je respecte la consigne qui m'a été donnée de t'embrasser tendrement pour tout le monde. Grosses bises à toi mon petit Pierre.


Ta maman

Re: La chute (suite)

Posté : 28 août 2023, 16:24
par Lolo90
Je note que l'amour du médecin se transmet de génération à génération :D

Re: La chute (suite)

Posté : 29 août 2023, 08:09
par Robert
Pierre a lu la lettre de sa maman. Elle lui semble venir d'une autre planète. L'hiver Lorrain, sa famille, Claire...tout cela est si loin. Il vit ici, en Algérie, sous un autre climat, avec d'autres gens. Il ne pourrait pas raconter ce qu'il ressent. Plus tard, peut-être, quand le temps aura passé, quand les souvenirs émergeront de sa mémoire...

L'hiver passe vite aux confins du désert. Il ne laisse que le souvenir de quelques jours maussades, quelques corvées de bois, pour se chauffer, pour avoir aussi une réserve.
Cependant, Pierre se souviendra longtemps de ce Nouvel an de l'année 1961. Comme dans toutes les unités d'Algérie, on s'apprêtait à fêter Noël à Traverse par un repas amélioré. En effet, La Fondation "Maréchal De Lattre de Tassigny" avait fait l'effort d'un don en victuailles et boissons pour que l'évènement ne passe pas inaperçu. Il fut en effet mémorable!

Tous les habitants de la ferme sont autour de la grande table du réfectoire décorée pour la circonstance, à l'exception de Dominique et Victor qui sont de garde avec l'équipe désignée des harkis. Il est d'ailleurs convenu qu'ils seront relevés par David et Boris et qu'ils pourront, eux aussi, fêter l'avènement de l'année 61. Pierre aussi est de garde mais il est sous-officier, donc dispensé de guet, libre de ses mouvement dans l'enceinte de Traverse. Son rôle est essentiellement de contrôler qu'aucun poste n'est vacant et que, par conséquent, la ferme est bien protégée d'une attaque surprise des fellaghas.
Le feu de bois crépite dans la cheminée. L'anisette de l'apéritif est servie. Cyrille Jegout s'affaire. Le vieux tourne-disque diffuse les dernières chansons de Dalida. Une soirée presque comme les autres. Les parties de cartes se prolongeront, l'ordinaire sera amélioré.
- Désarmoise, n'as-tu pas vu le Maréchal des logis Miras? Il y a un moment qu'il est enfermé dans sa turne.
A Traverse, le chef de poste tutoie tout le monde. Privilège du grade, de l'âge aussi. Dans les circonstances présentes, les distances conventionnelles sont abolies.
- Mon Adjudant, je n'en sais rien. Peut-être est-il fatigué. Il était de garde la nuit dernière.
- Vas-y, Pierre. . On ne va tout de même pas laisser Microbe se faire chier tout seul dans son trou un jour comme ça, grogne Paul Ducoeur, l'armurier.
- OK, je fais une ronde et je tâche de trouver Microbe.
Pierre sort du réfectoire. La nuit est glaciale, claire, pleine d'étoiles donc peu propice à un coup de main des rebelles. Il a fait le tour du mur d'enceinte. Les sentinelles, Abd-El-Kader et Mimoun sont à leurs poste; au mirador, David veille. Dans la redoute Est, Boris mâche son chewing-gum sans que cette mastication machinale n'altère son attention. Son regard porte loin, bien au delà des barbelès et chevaux de frise. Des chacals rodent, furtifs et légers.
- Ca va, Boris?
- R.A.S., Pierre.
- Je te fais relever dans une petite plombe.
- D'ac, mon pote. La quille, bordel!
Pierre revient dans la cour d'où lui parviennent, assourdis, les bruits de voix et la musique de la fête du réfectoire. Il s'arrête devant la porte de Joseph Miras.
- Jo!...Jo!...murmure Pierre en frappant discrètement à la porte de bois.
- .....
- Jo!... On t'attends pour fêter le nouvel an.
Une voix pâteuse et avinée hurle du fond de son antre:
- Dégages toi, Désarmoise. Vous êtes tous des cons! Vous m'faites chier! Je vous emmerde!...
- Déconne pas, Jo. On t'attends...
Pierre perçoit distinctement un bruit de ferraille, puis, celui caractéristique de la MAT 49 que l'on arme. Il devine les gestes de Joseph qui abaisse le chargeur en sorte de le placer à angle droit avec la direction de la crosse et du canon de l'arme. Il entend le cliquetis de la culasse bloquée en arrière avant le tir. Il n'a que le temps de se jeter de côté. Trois balles ont percé la porte instantanément, laissant la cicatrice indélébile des impacts dans le bois éclaté. Tout le poste est en alerte, le réfectoire s'est vidé; tous sont dans la cour de la ferme.
- Que s'est-il passé Désarmoise? interroge l'Adjudant Guénado cramoisi.
- C'est JO...Il vient de lâcher une rafale à travers la porte.
- Tu n'as rien de cassé?
- Non!
- Renato, va informer les gardes postés... Désarmoise, viens avec moi. On va essayer de raisonner Miras.
Nouvelle tentative devant la porte de Microbe.
- Jo?
....
- Jo! Déconne pas. C'est moi, l'Adjudant Guénado. Sors de là.
- Ya pas plus d'adjupette que d'beurre à la cantine vocifère la voix avinée de Microbe. Fous le camp, Guénado ou je t'allume!
Courageux, l'intéressé, mais pas téméraire. Il s'est d'ailleurs prudemment mis à l'abri, évitant, pour ce dialogue avec son subordonné, la trajectoire possible des balles de la mitraillette de Microbe.
Guénado fait signe à ses hommes de revenir vers le réfectoire. La fête est terminée et les victuailles de la générale De Lattre seront consommées un autre jour!
- Legrand! ...Amène ton poste . On va passer un message à l'autorité.
Le lendemain matin, un hélico se posait sur l'aire. La porte de la chambre de Microbe enfoncée, deux infirmiers passèrent la camisole à l'occupant, dégrisé et abattu. Embarqué pour l'hôpital militaire de région à Oran, personne ne devait plus revoir le sergent Joseph Miras, victime à retardement de la guerre d'Indochine. Il devait être remplacé par Yvon Mermet, un placide sergent de carrière rempilé; un brave type, blond aux yeux bleus inexpressifs, qui, pour n'avoir pas inventé, ni le fil à couper le beurre, ni la poudre à canon, devait néanmoins se montrer par son calme, sa pondération et ses jugements emprunts du bon sens de paysan breton qu'il était, un agréable compagnon.

Re: La chute (suite)

Posté : 29 août 2023, 08:47
par Lolo90
Hé ben :shock:
Tu as eu chaud ! :o

Tu peux t'en rappeler oui de ce nouvel An :?

Re: La chute (suite)

Posté : 29 août 2023, 08:52
par benoit
cest là que l on voit les dégats psychiques de la guerre; (il y aurait eu plus de décès par suicides dans l armée américaine pdt la guerre du vietnam que sur le terrain)

Re: La chute (suite)

Posté : 30 août 2023, 07:39
par Robert
Pierre venait de vivre la première alerte sérieuse de sa vie militaire en Algérie. Il évitera de raconter cet épisode aux siens. Combien d'appelés du contingent ont ainsi laissé leur vie de la manière la plus idiote qui soit?

Le quatre janvier, le vaguemestre apporta à Pierre une nouvelle lettre de sa mère qui le plongea dans un spleen profond.



Sarrebourg, le 27 février



Mon cher Pierre,


J'ai hésité longtemps à t'écrire cette lettre. Il m'a fallu plusieurs semaines pour en avoir enfin le courage. Ton grand père est décédé. Tout est allé très vite. Tu le connaissais, si dur au mal...Il ne s'est guère soigné. Lorsque son mal s'est déclaré, il était irréversible et les médecins n'ont rien pu faire. Il venait d'avoir quatre vingt-quatre ans...Nous l'avons fait hospitaliser à Saverne. Le 5 décembre, nous sommes allés lui rendre visite. Il semblait aller mieux. Il nous a parlé de toi, a demandé de tes nouvelles, s'est réjoui de ton prochain retour. Le lendemain matin, le docteur Schirch nous a appris la triste nouvelle.
Il repose à présent au cimetière de Cluny auprès de mémée Marie, tout près de l'abbaye que tant de fois il a fait visiter aux touristes lorsqu'il était guide. Tu étais un petit garçon quand tu l'accompagnais autour du cloître...

Cluny...Pierre ferma un instant les yeux...Pépé Jules...ses baisers piquants, assaisonnés de sa moustache conquérante. Pierre revit le long couloir qui menait de la petite rue "Joséphine Desbois" à la courette intérieur de la maison de ses grands-parents, l'escalier, la rampe de fer forgé qui montait à l'assaut du perron et l'encerclait, l'atelier de pépé Jules qui sentait le cuir et la poix, et les cages où se prélassaient les fameux lapins que tant de fois Pierre avait observés, nourris, tourmentés...Les bords ombragés de la Grosne, les visites sans cesse recommencées de la fameuse abbaye agrémentées des explications savantes et pittoresques de pépé Jules, le parc du "Fouettain" et ses tilleuls plusieurs fois centenaires ombrageant les foires aux bestiaux périodiques...Ainsi une page venait de tourner. Quand Pierre reprendrait-il la route qui, par Solutré et Milly-Lamartine mène à Cluny?

Pierre ne devait plus quitter Traverse. Il lui restait quatre mois de service à accomplir, quatre mois à partager entre les gardes, les patrouilles, les opérations...et l'ennui.
Un bref rappel historique s'impose ici pour mieux comprendre la vie des appelés dans un poste isolé d'Algérie où l'actualité ne parvenait que filtrée par une immense mer bleue, des kilomètres de piste, les plis brûlés des montagnes et les tonnes d'indifférence de la population métropolitaine installée dans l'habitude.


L'année 1961 allait se révéler être, dans l'histoire du conflit algérien, l'année charnière, celle qui allait voir s'inscrire le destin de cette terre d'Algérie que Pierre ne pouvait plus considérer avec le même regard que celui qu'il avait porté depuis la métropole alors qu'elle était si loin, étrangère.
Janvier 1960 - Pierre avait le souvenir des articles de presse relatifs à la semaine des barricades à Alger, de Lagaillarde leader extrémiste des partisans de l'Algérie Française. Avril 1961 - le putch des généraux allait dans la même direction sonner le glas de l'espoir que pouvait avoir les européens d'Algérie de rester sur leur terre. En avaient-ils conscience? Les quatre jours de flottement qui suivirent la prise de pouvoir en Algérie du général Salan et de ses partisans allait mettre en place le processus qui ne pouvait déboucher que sur le chaos généré par l'O.A.S. L'Organisation Armée Secrète, avec ses attentats et ses procédés terroristes allait semer dans les villes algériennes un irréversible désordre et de terrorisme en contre-terrorisme,sceller de manière irrémédiable le divorce entre les composantes de la société algérienne d'avant novembre 1954. Elle donna l'image des soubresauts d'agonie de l'idée que l'Algérie pourrait rester une terre française. Le séjour de Pierre à la ferme de Traverse coincida avec la démobilisation générale des belligérants , démobilisation bien amorcée dès le début de l'année 1960 : peu de militaires croyait encore en la victoire - quant aux soldats algériens de l'A.L.N., ils savaient que le temps jouait en leur faveur; en conséquence, plutôt que de prendre des risques, ils se contentèrent d'affirmer leur présence auprès de leurs congénaires des douars et des regroupements sans défier l'armée française, évitant, au contraire, toutes les occasions d'accrochage.
Pierre vécut donc dans le bled une période de "ni guerre, ni paix", chacun attendant la fin de l'épisode. Le bled et les djebels semblaient pacifiés, et pourtant....
La garde revenait très souvent à Traverse. Peu nombreux, les européens partageaient toujours avec les harkis la surveillance du poste. Cet exercice devenu routinier revenait, pour eux, avec une fréquence désespérante; cependant, il ne serait venu à personne la tentation d'en négliger les exigences. De mémoire des plus anciens, -Paul Ducoeur et Alain Robert végétaient là depuis plus d'un an-, jamais le poste n'avait subi la moindre alerte. Cependant, régulièrement, le P.C. de Saïda diffusait des notes frappées du sceau "secret / défense" signalant des mouvements des fellaghas de la Willaya 5 dans notre secteur. Une autre note invita également les européens du poste à la plus grande vigilance à l'égard des harkis. En effet, à cette époque, certains harkis, sentant les dangers que leur ferait courir leur prise de position en faveur de la France si celle-ci se désengageait, changeaient de camp, non sans avoir massacré les européens et leurs congénaires restés fidèles. Ils passaient ainsi à la rebellion en apportant en prime l'armement volé à l'armée française.
Ainsi la paix n'était-elle qu'apparente. Et tout comme les habitants de zones géographiques à risque, menacés par les éruptions d'un volcan, les ouragans, les tremblements de terre et autres raz de marées, les européens du poste de Traverse étaient-ils en permanence sur leurs gardes, ne dormaient jamais que sur une seule oreille.

Re: La chute (suite)

Posté : 30 août 2023, 10:02
par Lolo90
Triste nouvelle pour ton grand-père, à quatre mois près tu aurais pu encore le revoir encore un peu. :?

Il n'y a plus qu'à espérer que le calme relatif à Traverse continue jusqu'à la quille.

Re: La chute (suite)

Posté : 31 août 2023, 05:31
par Denis
Ca me rappelle l’épisode ou mon arrière grand mère est morte… Mon oncle était lui aussi au service militaire à Toulouse (à une centaine de km du village de mes grands parents), et il avait réussi à avoir une permission pour l’enterrement, mais n’avait pas pu la voir une dernière fois…
C’est toujours un régal de te lire, Robert… J’espère que tu auras d’autres aventures à nous partager…

Re: La chute (suite)

Posté : 01 sept. 2023, 07:43
par Robert
Pierre était de garde, ce soir de février. Il venait d'achever le tour des installations. Le temps était exécrable : pluie et vent glacial. RAS. A demi endormi, il allait reprendre sa lecture interrompue le temps d'une ronde. La grande aiguille de son réveil venait tout juste de franchir la petite, indiquant ainsi le changement de jour quand une détonation le tira de son demi sommeil. Il bondit dans la cour, PM armé, serré sur son ventre. En quelques pas il fut sur les lieux.
Djellouli, le harki de garde au mur Ouest, gisait au sol, animé de tremblements et de convulsions violentes. En un clin d'oeil, Pierre l'examine, ne détermine aucune blessure apparente.
- Qu'est-il arrivé? demande Pierre à Ali Raouche, son voisin de poste accouru à toutes jambes.
- Serjan (Sergent) ...li Djellouli, il a vu des djinns...alors il a tiré.
- Il a vu quoi?
- Chez nous, yen a des Djinns, serjan. Si comme chez toi di diables! confirme Ali.
Djellouli se calme progressivement, entouré qu'il est de la moitié des soldats du poste alertés par le coup de feu du "garant"..

Bien qu'au lever du jour le cadavre d'un chacal rôdeur apparut à tout le monde au delà de la ligne des barbelés, l'hypothèse de la présence de "djinns" demeura la version de Djellouli. Jamais personne ne put le convaincre qu'il avait rêvé.