A mon tour !
Pas grand chose à dire
, c'était que du bonheur !
Petit rappel "historique" , ma première cyclo en juillet 2000 lors de l'EDT, une victoire pour moi puisque je finis l'épreuve, au fin fond du classement certes mais je finis. Mais quelle galère sur les pentes du Ventoux, vent, grêle, froid et pas de jambes surtout ! je mets pied à terre à plusieurs reprises, je dois bien passer 2h30 à grimper le mont chauve ! Je suis heureux mais je suis vexé, c'est un échec relatif pour moi, je ne l'ai pas monté puisque j'ai mis pied à terre et comme dirait Zen, ça compte pas. Bref, j'y retournerai mais quand je serai sur de ma force, je ne vais pas essuyer un second échec.
La revanche a donc lieu 9 ans après, 9 années au cours desquelles j'ai souvent repensé à ce moment; je me sens fort mais je reste humble, il ne faut pas faire le malin quand on arrive au pied de cette montagne moi qui justement avait déclaré en 2000, quelques km avant Bédoin : "on ne va tout de même pas s'en faire une montagne, ce n'est qu'un mont après tout"; le bougre a du m'entendre et m'a bien puni par la suite. D'ailleurs, j'y ai beaucoup pensé durant les nuits de la semaine passée, je me suis souvent retrouvé en train de l'escalader sans toutefois aller au bout; il me hante, il me hante...
Je me sens fort et d'ailleurs la veille, alors qu'on est en train de se dégourdir les jambes avec Rapha et Laulesp, j'ai déjà envie d'aller le taquiner mais patience patience, il sera temps de remettre les pendules à l'heure le lendemain.
Samedi matin, 6h45, l'assaut est donné !
Je suis en excellente compagnie puisque hormis Zen qui a devancé l'appel (courageuse la gazière ), je suis entouré de Bérengère, Raphaël, Laurent, Pascal, Stéphane et Dominique sans oublier le toujours heureux Denis qui s'est levé à 3h30 pour être avec nous; on ne le remerciera jamais assez, c'est vraiment un plus pour ce genre de défi quand on oublie la logostique.
Ça part donc gentiment, l'échauffement se fait sur les premières pentes, l'atmosphère est magique, le soleil commence à pointer le bout de son nez, les couleurs sont uniques, pas une voiture ou si peu, quelques cyclos, on va pouvoir profiter au mieux de cette première ascension. Jusqu'à St Estève, l'ambiance est à la plaisanterie mais je suis déjà dans mon truc, j'attends fébrilement le fameux virage, prêts à en découdre et à enfin laver "l'affront"; 9 ans, c'est beaucoup trop long.
On tourne enfin à gauche et nous voilà dans la forêt, la pente est à 10%, je prends mon rythme et c'est parti. Je me sens bien, j'en ai trop envie et tant pis si je dois être seul, il me faut cette revanche au plus vite, j'ai trop attendu. Pascal m'accompagne, il s'accroche, ne lâche rien et j'en suis bien heureux. Le passage dans le forêt se passe à merveille, nous retrouvons une Zen souriante à quelques encablures du chalet Reynard, échange d'encouragements avant de se concentrer à nouveau sur l'effort. La pente est certes rude mais je me sens bien, le cardio varie entre 175 et 185 au fil des changements de positions (assis, danseuse), pil poil ce qu'il faut pour avancer sans trop se mettre minable. Au chalet Reynard, il n'y a pas un chat (hormis Denis), qu'est ce qu'on est bien, je ne voudrais pas être ailleurs; la pente s'adoucit quelque peu, on échange quelques mots avec Pascal avant d'attaquer les 6 derniers km sur la lune ! Au fur et à mesure que l'on s'approche de l'observatoire, la pente se fait plus importante, les 2 derniers km sont compliqués mais je m'accroche. Au sommet, petit sprint rageur, me voilà au paradis ! Le mont chauve est vaincu mais ce sprint m'a fait mal, je suis chancelant mais tellement content. J'espère que je ne vais pas regretter ce sprint !
En attendant les copains, le doute m'assaille : "et si j'avais était un peu trop présomptueux ?" J'ai peur de payer cash dans la seconde ascension. Bref, je ne suis pas super bien dans la descente qui suit, je me fais bien plaisir certes mais mes pensées sont déjà à ce qui va suivre; je ressens encore ce sprint sur le haut et je le regrette bien à cet instant.
On tamponne donc les cartes avant de retourner au charbon à partir de Malaucène.
Je commence timidement cette montée en restant dans les roues mais il ne me faut pas longtemps pour constater que tout continue à aller pour le mieux. Mes doutes s'éloignent pour de bon cette fois-ci
et je profite en plein de cette seconde ascension en compagnie des copains pendant 12-13 km et la fin de l'ascension avec Pascal. C'est que du bonheur, je me sens vraiment comme rarement. L'arrivée au sommet est plus chaotique, les touristes ont envahi notre terrain de jeu, rien de comparable avec la première montée, c'est toujours le Mont Ventoux ... avec le charme en moins .
Le plus dur est fait, on recharge les batteries en attendant de réunir notre petit groupe, Denis sort le vélo pour participer à la fête avec nous pour la dernière ascension et nous voilà parti vers Sault; là bas, c'est une véritable fournaise, c'en est presque étouffant, le thermomètre affiche 40°C ! On tamponne le Sésame et nous voilà reparti pour cet ultime montée. Je me sens encore très bien, je n'ai plus de doute sur la réussite de mon entreprise. La dernière montée se fait dans la bonne humeur en compagnie de Bérengère, Rapha, Laulesp et Pasca; la machine Laulesp s'emballe quelque peu à quelques km du chalet Reynard ou il nous tire des bouts droits digne des coéquipiers à LA
et nous voilà de nouveau sur la lune (mais cette fois-ci, nous ne sommes plus seuls !).
C'est un réel plaisir que d'arriver au sommet tous ensembles; Zen, Denis et Stéphane suivent peu de temps après, notre petit groupe est reconstitué et nous pouvons nous en retourner vers Bédoin le cœur léger; une journée à marquer d'une pierre blanche.
Que dire, une journée sous le signe de l'amitié, du partage, du défi physique; une journée à jamais gravée dans ma mémoire !
