Page 7 sur 15

Re: La chute (suite)

Posté : 10 août 2023, 09:07
par Denis
Sacré dépaysement, dis donc! Je ne savais pas que les Alsaciens s’étaient réfugiés si loin…
Remarque, j’ai la mère d’une amie qui petite a quitté la misère de la Sicile pour aller habiter en Tunisie, Eldorado de l’époque…

Re: La chute (suite)

Posté : 10 août 2023, 10:30
par Lolo90
Comparé à moi qui n'ai fait qu'une année d'armée, je mesure ce que devait être la détresse de Pierre et ses compagnons, après un long séjour en Allemagne, de devoir encore repartir dans une guerre qui n'était pas la leur, et pour une durée indéterminée :cry:

Re: La chute (suite)

Posté : 11 août 2023, 10:28
par Robert
Pierre entre en songe, un songe éveillé, à l'abri de ses paupières désormais closes. Il vient de gravir un chemin de pierres entre les fûts droits des épicéas vosgiens. La brise douce de l'été chante dans leurs cimes. La main de Claire est dans sa main et leurs épaules se frôlent. Ils arrivent au somment où des roches roses se creusent en un lit d'herbes tendres. Le ciel est bleu, le soleil radieux, l'air de velours sent la résine. Ils s'étendent au soleil au milieu des graminées. Ils écoutent : Ils écoutent le chant lointain des tronçonneuses. La forêt susurre des confidences et des secrets d'alcôves.
Combien de temps sont ils restés là?
Tout près d'eux, les digitales pourpres ont penché leurs hampes fleuries. Le ciel soudain s'est obscurci. Les tronçonneuses se sont tues et la tempête soudaine a tordu la tête des grands arbres. Le lointain gronde, le ciel se zèbre d'éclairs, la forêt vocifère en convulsions désordonnées.
- Pierre, j'ai très peur de l'orage avait soufflé Claire.
Un énorme craquement a ébranlé le sol. Claire est toute pale. Ils courent éperdument vers la maison forestière du "Vieux Chêne" toute proche. La pluie, l'énorme pluie de juillet crépite, rebondit aux cailloux, chante et ruisselle. Elle a collé ses cheveux blonds au front de Claire alors qu'ils s'abritent sous l'auvent de bois. Il a pris ses deux mains fraîches dans les siennes. Il la regarde.
- Que tu es belle, ne peut s'empêcher de murmurer Pierre...
Le soleil ne devait plus revenir ce jour là. Une brume irlandaise nimba bientôt les sommets arrondis, émergeant des forêts devenues sombres.



Combien de temps Pierre a-t-il dormi? A son côté le lit a retrouvé son occupant.
- Salut! Tu arrives? D'où tu viens? Tu as piqué un sacré roupillon.
Celui qui s'adresse à Pierre encore ensommeillé est grand, très grand...C'est ce qui frappe au premier coup d'oeil. Il est allongé sur le lit de camp incapable de recueillir toute son imposante carcasse. Les rangers de Frédéric Duquesne dépassent la limite de sa couchette. Du quarante-cinq, au moins!
- Oui, je débarque, je viens d'Allemagne.
- Comme nous tous ici. Müllheim?
- Oui, . T'en as encore pour longtemps?
- ...
- Ben oui, la quille, c'est pour quand?
- Je n'y pense pas encore. Dans un an et demi, si tout va bien, et toi?
- Cinquante-six au jus. Encore cinquante-six jours à moisir ici.
- Oui, au fait, c'est comment, ici?
- Moyen, mon vieux. La marche, les opérations...et ça c'est rien! Le pire c'est de glander. Tu tournes en rond dans ce désert, et c'est là que tu gamberges, que tu picoles, que tu deviens comme Lemarié, le caporal Lemarié. Il est arrivé il y a six moi, normal, un gusse normal. Tu le verras ce soir...complètement ravagé, alcolo, à bouffer du "bougnoul" toute la journée. Après, il cuve les dizaines de canettes qu'il s'est enfilées dans la journée, toute sa solde y passe. Et puis, il y a aussi les amibes! Là à Aïn Balloul, ça va, la flotte est potable; mais c'est en opération, quand tu t'es tapé quarante-cinq bornes à pinces sous un cagnard à faire crever une vipère; tu boirais la mer et les poissons. La flotte croupie des oueds aussi et ça, ça te fout la dysenterie. Et puis et surtout, cette impression que tout ça, c'est pour rien. Tu perds tes meilleures années pour rien, pour une cause injuste, perdue d'avance. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais moi, je pense que ce qu'on pourrait faire de mieux, c'est de nous barrer, de les laisser se démerder entre eux, les ratons.
- Moi, mon vieux, je n'en pense rien. Peut-être que, dans quelques mois, j'en penserai quelque chose...et peut-être que je penserai comme toi. Pour l'instant, je pense que la France a fait plein d'erreurs, en particulier celle de ne pas appliquer ici les lois qui avaient cours en métropole. Il aurait fallu le faire il y a plusieurs décades. Il ne suffit pas de dire aux autochtones et de leur rabâcher: "Vous êtes français, vous êtes français..." en évitant bien de les faire bénéficier des lois qui leur seraient favorables et de ne les reconnaître comme français à part entière qu'au moment où il s'agit de se faire tailler en pièces à Verdun ou sur la Somme.
- Comment tu t'appelles?... Moi c'est Pierre, Pierre Desarmoise. Je suis lorrain.
- Moi je m'appelle Frédéric Duquesne. J'habite Roubaix. Mes parents sont restaurateurs et je reprendrai l'affaire familiale à mon retour, mon père me cède son commerce. Il en a marre et il a fait un infarctus l'année dernière.
- Moi, je suis instit. Mais je n'ai guère eu le temps de sévir. L'armée m'a cueilli après trois mois d'exercice de ma chère profession...Dis, tu ne sais pas quand on a le courrier?
- Si... Tu attends une lettre?.. En général le vaguemestre distribue le courrier au moment du repas du soir...

Pierre jette un discret coup d'oeil à sa montre. Il est dix-huit heures trente. Dans une demi-heure, enfin, il lira la lettre de Claire, ce trait d'union avec sa vie antérieure, celle d'avant le mauvais rêve, celle qu'il attend depuis si longtemps. Car Claire n'a sûrement pas omis de poster à temps son message. Depuis qu'il ne maîtrise plus son destin, depuis qu'il est ballotté comme un bouchon sur un flot tumultueux, il attend le billet de "petit chevreau bleu" qui lui apportera cette bouffée d'air sans laquelle toute vie est impossible.
- Tu sais, le moment du repas est le meilleur moment de la journée, reprend Frédéric. La bouffe est très correcte, surtout au mess. Et puis il y a des gars marrants, tu verras. Après la repas, on fait souvent une partie de volley, à l'entrée de la ferme, près de l'eucalyptus où nichent les cigognes. Tu sais jouer au volley?...
- ...
- Remarque, bien que ce n'est pas important. Ici, tout le monde peut jouer, ça détend.
- ...
Pierre ne répond pas. Sa seule préoccupation, c'est le courrier, le courrier, le courrier. Quand on lui distribuera la lettre de Claire, il la glissera dans la grande poche de pantalon de son treillis, celle qui s'applique sur la cuisse, a des soufflets et permettrait de cacher une missive énorme, grande comme...un journal, ou même un livre. Il cachera les mots de Claire parce qu'il veut les lire quand il sera seul, quand personne ne pourra le déranger. Il veut se concentrer sur les mots, boire les phrases, jusqu'à les entendre dits par la voix de la bienaimée. C'est la raison pour laquelle il n'a pas répondu à Frédéric à propos du volley. Pendant que les autres joueront au volley, lui, Pierre Désarmoises prendra un grand bain de bonheur; il aura oublié la terre aride, les roches ocres ou blanches, les aloès qui bordent les routes, les palmiers nains semés aux âpres maquis, les herbes jaunies qui toujours frissonnent, les cailloux, la poussière que soulève le vent du désert, les soldats débraillés, les turbans, les robes blanches des femmes cachées qui trottent menu et n'ont de vivant qu'un oeil et leurs pieds nus qui effleurent le sol, les gandouras et les burnous, les djellabas brunes qui cachent si bien leur occupant, les murs d'enceinte, les tours de guet, les fermes abandonnées, les barbelés et les chevaux de frise, les mechtas délabrées où croit entre les pierres effondrées des murettes, comme un remord, un figuier martyrisé... Il sera là-bas, où dans l'herbe verte et drue, s'allument les colchiques, où les pommes rouges et sucrées se balancent aux vents d'automne, où les vergers alignent leurs vieux mirabelliers; le cher pays de Claire, le sien aussi...


Le temps de son rêve, et c'est l'heure tant attendue du souper. Les repas sont servis dans deux salles, une grande pièce pour les hommes de troupe et un "mess", dans une pièce contiguë, plus intime. C'est là que Pierre, Frédéric et Christian, installés autour d'une grande table de ferme vont prendre une collation. Les discussions vont bon train et le brouhaha est assez considérable. Comme dans toute collectivité, un personnage se détache, haut en couleur, beau parleur, séducteur de midinettes; c'est "Jojo des Halles". Pierre ne le connaîtra que sous ce nom. Car dans "le civil", Jojo des Halles" est chanteur. Il sévit tout près du ventre de Paris. Comme il en est à son quatrième pastis, il chante, pour toute la compagnie, une chanson paillarde, d'une voix forte et chevrotante. Jean Lemarié l'accompagne et bat la mesure à l'aide de sa fourchette frappée sur son assiette vide renversée. Il a bu le même nombre de pastis que "Jojo des Halles" mais sa frêle corpulence le rend plus vulnérable aux effets de l'alcool. Ses yeux bleus globuleux et inexpressifs d'alcoolique roulent dans leurs orbites, ses cheveux blonds et frisés collent à son front moite tandis que son visage est devenu écarlate. Le chanteur lui fait vertement remarquer son arythmie et lui demande de cesser son accompagnement inadapté. Les autres reprennent le refrain avec des voix dissonantes et avinées. On ne donne pas dans la dentelle au mess de la troisième compagnie. Pour le bonheur des tempérants bientôt cesse l'intermède musical grivois. Les conversations reprennent tandis que des bruits de gamelle annoncent les agapes futures.

La nourriture est servie par un militaire du contingent. Il traîne des espadrilles éculées et pose sur la table de grosses norvégiennes en aluminium. Bientôt, le bruit des voix est remplacé par celui des fourchettes. Pierre est silencieux. Il attend le vaguemestre. Le service postal est assuré par un tout petit soldat; avec sa barbichette, il a l'aspect sympathique et besogneux d'un nain de Blanche-Neige. Il porte un sac postal vide : Il tient entre ses mains le courrier destiné aux militaires attablés devant les reliefs du souper et leur tasse de café. Il connaît presque tout le monde, à l'exception des nouveaux arrivants. Il ne lui reste plus que trois lettres à distribuer et Pierre sent son coeur battre la chamade.
- Louis Pierron! annonce le postier.
- Ici!
- Paul Ma..Maezza! ou un truc comme ça.
- Là!
- Philippe Michel!
L'intéressé lève la main et saisit la lettre qui lui était destinée. Pierre plonge le nez dans sa tasse de café pour masquer son dépit.
- T'en fais pas Pierre, lui souffle Frédéric qui sait l'attente déçue de son ami, le courrier, ici, c'est la galère; il arrive ou il n'arrive pas... Ta lettre, celle que tu attends, tu l'auras demain... Quand tu auras fini ton café, on fera un tour dans le patelin
Pierre est plongé dans ses pensées. Alternent le blanc et le noir; le clair suit le sombre. Oui, c'est le service postal des armées qui est incertain. Bien sûr...Comment une simple lettre lancée depuis là-bas, dans une boîte jaune en Lorraine peut-elle arriver ici, et le trouver, lui Pierre Desarmoises, jeté comme une poussière aux confins sahariens ? Qui sait où il est ?

Mais tout de même...Claire sait combien son attente est anxieuse. L'a-t-elle oublié, prise par le tourbillon de vie, ce tourbillon qui l'aurait détachée de lui et emportée loin, dans un espace où jamais il n'aurait sa place? Il y a si longtemps qu'il est parti!
Pourtant, elle ne peut avoir tout oublié...Ces serments, cette foi, ce sentiment que rien ne peut rompre, des liens si forts, tissés d'un fil immatériel donc invulnérable, ni au tourbillon de la vie, ni au temps qui s'enfuit, ni à la séparation qui ne créé qu'espaces fictifs. Les sentiments demeurent, résistent aux tempêtes.
- Tu arrives, Pierre! Pour le courrier, ne t'en fais pas. Il est arrivé qu'une lettre mette trois semaines pour me parvenir. Christian vient avec nous, on va faire un tour au patelin.

Re: La chute (suite)

Posté : 11 août 2023, 10:42
par Lolo90
Superbe Robert :P
En te lisant nous pouvons presque sentir les odeurs, les senteurs de l'environnement de Pierre.
Sentir ses craintes de la vie là-bas, sa mélancolie d'attendre en vain des nouvelles ... :?

Re: La chute (suite)

Posté : 12 août 2023, 08:25
par Robert
Les trois militaires franchissent le poste, établi aux frontières du réseau de fils barbelés qui encercle les bâtiments de la ferme. Le patelin est à quelques centaines de mètres.
Patelin même est un grand mot pour désigner Aïn Balloul, minuscule hameau jeté le long de la route incertaine qui mène à Sidi Mimoun. Quelques familles de pieds-noirs vivent ici, protégées par les militaires stationnés dans la ferme toute proche. Sans doute étaient-ils plus nombreux avant les "évènements". Des algériens musulmans, il n'y en a plus. Ils sont parqués dans des regroupements.
Sous la conduite de Frédéric les trois amis entrent dans une salle fraîche et sombre, un bistrot de bord de route, où passaient autrefois les camionneurs, transporteurs d'alpha arraché au désert et destiné aux papeteries de France ou d'Angleterre. Sans doute y buvait-on, le temps d'une pose bienfaisante, le thé à la menthe si sucré et si chaud ou le "caoua", café si fort, qu'il semblerait que la petite cuillère va s'y planter comme elle se planterait dans une tasse pleine de bitume, anisette fraîche au goût de réglisse, réservée aux européens car alcoolisée. Sans doute la pièce résonnait-elle autrefois des rires et des conversations en français et en arabe, costumes de brousse et djellabas mêlés. Temps de la fraternité, peut-être, sinon temps où était accepté le droit à vivre ensemble ses différences. Pierre pense à cette époque où se côtoyaient, en bonne intelligence, deux civilisations parallèles, la musulmane et l'européenne qui, pour ne s'être jamais confondues, n'en vivaient pas moins en paix. Cette belle époque, Pierre songea qu'il ne la connaîtrait jamais. Attablés autour de trois tables, dans la pénombre, des militaires en treillis buvaient, s'esclaffaient bruyamment. Pierre ne parlait plus. Il avisa une toute jeune fille penchée sur leur table. Il ne l'avait pas vu arriver.
- Que dois-je vous servir ? interrogea-t-elle.
Une petite femme, presque une enfant, d'une quinzaine d'année, brune, rieuse, comme si l'état actuel de son environnement était celui qu'elle avait toujours connu. Mais après tout...Et Pierre fit un rapide calcul ; cette enfant est une enfant de la guerre.
Il y a longtemps qu'il n'a pas vu une femme, entendu une voix de femme. Sans y songer vraiment, inconsciemment, il s'est plongé dans ce monde où tout est masculin - pluriel.
- On réfléchit, Suzette, lui souffla Frédéric. Comme elle restait plantée devant eux, il continua: Alors, les gars, qu'est-ce qu'on boit?
- Je pourrai avoir une menthe à l'eau? demanda Christian.
- Mais bien sûr.
- La même chose pour moi, dit Pierre qui n'avait ni soif, ni envie de produire, ne serait-ce que le plus élémentaire effort de réflexion.
- Trois, conclut Frédéric afin de ne pas compliquer le service.
Suzette est repartie vers le comptoir où règne une imposante matronne, la mère de Suzette. Forte femme. Ici, les femmes vite se fanent. C'est à cause de la chaleur, songe Pierre. Quand la chaleur s'établit, excessive et permanente, les roses les plus belles vite flétrissent. Les militaires ont sous les yeux, avec cette mère et sa fille, une illustration de cette théorie contestable. La mère tient fermement la barre de son commerce en état de survie dans ce bled d'un pays qui s'écroule, au milieu des militaires qui demeurent ses seuls clients.

Les trois menthes à l'eau servies, c'est Frédéric qui tient le crachoir. Il sait, il sait plein de choses sur le coin, sur les pieds noirs, sur les vrais fellaghas, sur les faux aussi, ceux qu'on baptise ainsi pour magnifier les statistiques des succès guerriers, sur le deuxième bureau qui recherche les renseignements et qui se trouve centré, pour le secteur, à Aïn Balloul, sur les opérations de ratissage que l'armée organise dans le bled, sur les autres, ceux qui, comme eux trois sont embarqués dans la galère d'une guerre qui ne veut pas dire son nom, sur la torture dont la bonne presse nie l'existence tout comme les autorités militaires.
- Qu'on me parle de la guerre qui aurait eu des règles, comme un jeu de cartes, de dames, de l'oie ou d'échecs et ça me fera bien rire...mais non, la fin justifie les moyens et vous le verrez au quotidien les gars, affirme Frédéric. Ne vous faites surtout pas d'illusions. Engagé dans la guerre, plus personne n'est bon!
Il parle à mi-voix, car toute vérité n'est pas bonne à dire et, dans la pénombre de ce bistrot, les murs ont parfois des oreilles.
- Les gars, ose soudain Frédéric, on va faire notre volley, sinon le nuit va tomber sans que nous ayons eu le moindre exercice aujourd'hui.


Lorsqu'ils arrivent près du terrain, la partie est déjà engagée. Les trois nouveaux s'intègrent car il reste des places disponibles. Pierre est un bon joueur car il a pratiqué le volley-ball dans une équipe de niveau national avant son incorporation. Sans doute manque-t-il un peu de condition physique mais à l'issue du troisième set, alors que la lumière devient insuffisante et que la majeure partie des joueurs a regagné les campements, un sous-lieutenant s'approche de Pierre.
- Toi, lui dit-il, ça n'est pas la première fois que tu joues au volley; veux-tu que je t'inscrive dans les effectifs de l'équipe du régiment. Tu sais, ce n'est pas mal...ça permet de sortir un peu de ce trou et de voir d'autres paysages.
- Pourquoi pas, si vous pensez que je suis assez bon.
- Tu parles! on est obligé de faire jouer de sacrées "brèles" faute de trouver des joueurs convenables. On a besoin de toi!
- Alors c'est d'accord. On en reparlera.
- Le championnat commence dans un mois. D'ici là, on aura fait quelques parties

Re: La chute (suite)

Posté : 12 août 2023, 09:40
par Lolo90
Frédéric a bien raison, dans les guerres plus personne n'est bon :?

Re: La chute (suite)

Posté : 12 août 2023, 12:29
par Robert
Lolo90 a écrit : 12 août 2023, 09:40 Frédéric a bien raison, dans les guerres plus personne n'est bon :?
Oui, on peut croire que nous sommes plus humains que les autres. Croire seulement.
En vérité, la guerre n’a pas de règles et nous ne sommes pas plus humains que les autres.
Pendant la guerre d’Algérie, nous avons pratiqué la torture. J’en ai été témoin. Témoin, lointain et dépourvu de moyens pour l’arrêter. le fameux général Bigeard l’a reconnu…. tardivement !

Re: La chute (suite)

Posté : 13 août 2023, 08:29
par Robert
Pierre est à présent étendu sur son lit. Il s'est déshabillé, a posé ses vêtements sur un tabouret de bois. Il se rend compte qu'il vient de passer plus de trois heures dans son nouvel environnement sans penser à Claire. Tout au plus a-t-il eu un petit pincement au coeur en écoutant la jeune serveuse du bistrot parler. Elle n'a pas la voix de Claire mais elle a une voix de femme, dans la même tonalité de soprano. Et Pierre est sensible aux voix comme d'autres se polarisent sur un détail physique, la couleur des yeux, des cheveux, la finesse de la taille, la forme des jambes ou de la poitrine. Claire...Pierre ferme les yeux.


Il se souvient très bien de cette journée de mai où il l'avait rencontrée. Oui...il se souvenait très bien de ce jour là. C'était un jour des vacances scolaires de printemps, vacances pour les enfants ...et les étudiants. Pierre ne connaissait pas encore Claire. Un orage subit s'était abattu sur la ville. En un instant le ciel s'était couvert. Un énorme coup de tonnerre avait déclenché une pluie diluvienne. Il s'était promptement abrité sous l'auvent d'un magasin de la Grand'Rue. Pour se passer le temps, pendant que crépitait la pluie lourde, il tourna le dos à le rue et jeta un oeil distrait à l'étal de ce magasin de faïences, de porcelaines, d'émaux et de cristaux auquel il n'accordait habituellement aucun intérêt. Bientôt la pluie fut si drue qu'elle emplit les caniveaux. Pierre se retourna. Deux jeunes filles couraient sous un parapluie fleuri. Le pépin à fleurs s'arrêta sous l'auvent du magasin, tout près de Pierre et, tandis que sa propriétaire le refermait précautionneusement à cause de son inutilité et de la bourrasque, Pierre reconnut Michèle. Il connaissait Michèle de longue date.
- Qu'est-ce que tu fais là ? interrogea Michèle en riant.
- La même chose que toi, pardi! J'attends le soleil et bien que je n'aie pas consulté ma grenouille, je t'assure qu'il sera là dans cinq minutes. Ca vaut la peine d'attendre.
- Je te présente Claire, poursuivit Michèle. Elle est en troisième année d'école normale, comme toi. Une future collègue!...
- ...Heureux de vous connaître...
Pierre est d'un naturel timide. Il lui faut un certain temps pour se sentir à l'aise, et pour l'instant, il ne l'est pas beaucoup et il souhaite très fort un rapide retour de l'éclaircie qui lui permettra de prendre congé. Il n'a jamais vu cette jeune-fille.
- Tiens, tu arrives à point nommé, Pierre. Claire est dans l'embarras. As-tu encore chez toi la "flore sauvage des hauts sommets vosgiens"?...Tu sais, le bouquin que tu utilises pour déterminer les plantes...
- je crois...
- Claire en aurait besoin. Elle va avec sa classe herboriser près de Dabo, reprend Michèle. Pourrais-tu le lui prêter ?...
- Bien sûr!..
Il a envie de revoir Claire. Inconsciemment. Ce moyen s'offre à lui sans qu'il ait besoin de s'efforcer d'effacer cette répugnance qu'il a, de donner l'impression d'être demandeur d'une rencontre.
- Vous pensez que vous le retrouverez ? interroge Claire si émouvante avec les boucles de cheveux blonds collés à son front blanc et lisse et son regard bleu si transparent.
- Bien sûr. Vous le voulez pour quand ?
- Demain soir, je passerai au "Napoléon". On pourrait s'y retrouver à dix-sept heures...
- D'accord! A demain !
Ainsi avait commencé l'histoire de Claire et de Pierre.

Re: La chute (suite)

Posté : 13 août 2023, 09:31
par Lolo90
Ah ben comme c'est orageux aujourd'hui, je vais peut-être sortir en ville avec un bouquin à la main alors :roll:

Bon avec le 200 ça ne va pas aider :lol:

Re: La chute (suite)

Posté : 13 août 2023, 14:56
par Robert
Lolo90 a écrit : 13 août 2023, 09:31 Ah ben comme c'est orageux aujourd'hui, je vais peut-être sortir en ville avec un bouquin à la main alors :roll:

Bon avec le 200 ça ne va pas aider :lol:
Avec un peu de chance, tu vas rencontrer Claire !
Oui, j’ai trois « 200 » à lire. Je ne sais pas quand je trouverai le temps de le faire.