J'en reviens à cette rubrique.
Mes qualités d'analyste politique sont très modestes et je me suis fourvoyé ici plusieurs fois.
A commencer pour ce mouvement des gilets jaunes qu'au départ, je n'ai pas jugé ni aussi profond, ni aussi durable.
Le mal social français couvait depuis longtemps et je suis étonné de deux choses : Qu'il n'ait pas éclaté plus tôt (avec la mandature Sarkozy, par exemple) et qu'il n'ait pas été initié par les syndicats (particulièrement absents sur ce coup) ...
Parti de rien ou presque (une augmentation modeste des taxes sur les carburants) le mouvement a pris une toute autre dimension. Les débordements de samedi derniers en sont l'illustration. Il n'est plus question de simples taxes mais d'une remise en cause des équilibres économiques qui régissent la société ; la distribution des produits du travail est fondamentalement remise en cause ... et ce mouvement devient révolutionnaire, d'autant qu'il touche, successivement, tous les éléments de la société.
La perspective du prochain samedi de manifestations à Paris ne cesse d'inquiéter.
Et nos gouvernants de vouloir éteindre l'incendie avec des mesurettes sans commune mesure avec les problèmes. Ce ne sont pas quelques emplâtres sur jambe de bois qui vont ramener le calme. C'est à coup de "milliards d'euros" que l'état se prive de recettes, sans préciser comment ces manques à gagner seront compensés ! Il faudrait le dire : Il va falloir faire payer les nantis !
Du côté des manifestants, ils viennent d'en avoir la preuve : Rien ne peut être obtenu que dans la violence. La société est violente et la mise à sac des beaux quartiers parisiens n'est pas le simple fait de quelques groupuscules de casseurs mais aussi de gilets jaunes ordinaires.
La machine insurrectionnelle est en marche et personne ne sait où et quand elle s'arrêtera ; hier les gilets jaunes, aujourd'hui les lycéens, demain les transporteurs routiers et les agriculteurs, après-demain les syndicats ouvriers ...
S'impose un petit tour dans l'histoire contemporaine émaillée de révolutions (1789 -1830 - 1848 - 1968 ... 2018 (?) ) et de guerres (1870 - 14/18 - 39/45 ) pour constater que les temps de répits ont été régulièrement interrompus. Et cela fait près de 75 ans, si l'on excepte les conflits générés par la décolonisation, que nous vivons dans une paix relative, chez nous (pas à travers le monde secoué de multiples conflits sanglants).
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Revenons aux gilets jaunes. Sans véritable organisation, socialement venus de couches de la société sans intérêts communs, ils ne sont soudés que par un sentiment d'injustice sociale et la volonté de vivre mieux dans un monde fait pour les "riches" ... avec l'inaccessible luxe partout étalé.
Samedi nous saurons si nous sommes entrés dans une révolution ou s'il ne s'agit que d'un simple soubresaut sociétal qui sera oublié après les fêtes.
Et ça, je n'en sais rien !
