La chute

Quand j'étais môme, le garde-champêtre tambourinait sur la place du village, criait alentours "Avis à la population !" pour informer et rappeler les règles.

Dans cette rubrique, quelques rappels de l'attitude Cyberpotes. Vous trouverez aussi, à l'occasion des infos destinées à tous !
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benoit
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Re: La chute

Message par benoit »

Pericoloso spogersi en fait il est dangereux " pericoloso " de se pencher " spogersi" je m en souviens très bien aussi ça m intriguant il y avait aussi " nicht inhaus lehnen" Robert tu peux me corriger en fait le train quand on était gosses c était notre premier contact avec les langues etrangeres
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Robert
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Re: La chute

Message par Robert »

benoit a écrit : 02 juil. 2023, 14:48 Pericoloso spogersi en fait il est dangereux " pericoloso " de se pencher " spogersi" je m en souviens très bien aussi ça m intriguant il y avait aussi " nicht inhaus lehnen" Robert tu peux me corriger en fait le train quand on était gosses c était notre premier contact avec les langues etrangeres
Tu as bien commencé ton apprentissage de la langue des Germains!
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Denis
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Message par Denis »

Moi je n’ai pas connu les trains à vapeur… Je me souviens des vieux trains avec compartiments, puis les trains Corail, avec l’intérieur plutôt orange, que je prenais à Montelimar, ou mon père était militaire. C’était pour partir en Ariège, chez Papi, avec ma maman, et avec un changement à Narbonne (Narbôôône, 15 minutes d’arrêt! disait le chef de gare dans les hauts parleurs de la gare…) pour arriver finalement à Carcassonne. Là, Papi et Mamie nous attendaient sur le quai, et nous allions jusqu’à un petit hameau proche de Pamiers, où était la ferme familiale. Plus tard, c’était le train pour partir à Naples avec mon ami d’enfance John, une véritable expédition dans des trains insalubres, chauds, moites, bondés… Un plaisir! Mais quelle joie de retrouver l’ambiance des villes italiennes du sud!
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Robert
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Message par Robert »

Oui, les trains italiens de l’époque relevaient du folklore.
Je me souviens avoir embarqué comme moniteur avec une centaine de gamins en gare de Milan. Il y avait une réservation. Cependant, les voyageurs passaient autant par les fenêtres que par les portes des wagons. Pour faire respecter la réservation, ça n’a pas été simple ! Il nous avait été nécessaire de solliciter l’arbitrage, des contrôleurs…
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Robert
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Re: La chute

Message par Robert »

J’ai passé la journée d’hier à écrire, à écrire, à écrire, et à lire un peu. Hélas, je ne parviens plus ni à marcher, ni à pédaler, ni à écrire comme avant.
Écriture et lecture me font passer le temps que je trouve bien long. tout à l’heure viendra le médecin-conseil de la MAIF. Son intervention fait bien entendu suite à ma chute.
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Denis
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Message par Denis »

Il va peut être te faire un récapitulatif des aides que tu peux avoir avec ta mutuelle…
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Message par Robert »

Denis a écrit : 03 juil. 2023, 16:52 Il va peut être te faire un récapitulatif des aides que tu peux avoir avec ta mutuelle…
Sa visite est terminée ; oui, je pense que c’est une question à propos des aides éventuelles de mon assurance.
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Robert
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Message par Robert »

Vacances à Cuisery en Bresse.



Cuisery est un Petit Bourg bressan où ont résidé mes grands-parents maternels.
Successivement ils ont loué une petite maison près d’une ferme à La Fontenelle, puis une maison à la dénomination charmante de « villa les hortensias », puis enfin un appartement au centre de Cuisery.
Un tout petit bourg de 1000 âmes , en vérité, avec une église, un château dans son ombre, où habitait une dame de vieille noblesse, madame De Badens…. dont l’orthographe du nom m’est incertaine.
La grande place était traversée par la route de Bourg-en-Bresse et concentrait la vie de Cuisery. Tout autour, avec pignons sur rue, s’étaient établis deux bistrots, un maréchal-ferrant, un commerce de journaux, tabac, articles de pêche, un commerce de machines agricoles, le monument aux morts. Cette place, était le cœur du village ; s’y tenaient toutes les manifestations, deux marchés hebdomadaires, la foire aux bestiaux, où se troquaient entre les éleveurs locaux, poulets, veaux, cochons, et, dans les rues adjacentes des bovins adultes.
J’ai souvent regardé là le maréchal-ferrant au travail ; c’était un solide gaillard, capable de tenir la patte d’un cheval sur son tablier de cuir noir. L’odeur de la Corne du sabot dans la fumée et les chuintements quand on y pose le fer m’est longtemps restée dans les narines. Un spectacle gratuit qui illustre si bien les réalités des campagnes d’autrefois quand le cheval apportait à l’homme l’aide de sa force tranquille.
Cuisery disposait aussi d’une rue ou divers commerces vivotaient : une boucherie ,une boulangerie –pâtisserie, une épicerie, une librairie , une quincaillerie et une bonne boutique aussi où rien n’était introuvable !
Empruntant la rue de la poste, puis une allée bordée de vieux platanes, on quittait l’agglomération et l’on retrouvait la rivière, avec une grande minoterie, et surtout une petite plage de sable et d’herbes qui nous donnait l’illusion de vacances méditerranéennes ; c’est bien au bord de la rivière, que tous les jeunes du bourg se retrouvaient au bleu de l’été.
En prenant de l’âge, adolescent, j’ai bientôt préféré séjourner à Cuisery plutôt qu’à Huilly où j’étais seul.
C’est là aussi que j’ai fait mes premières brasses, un apprentissage nécessaire malgré les mauvais souvenirs que l’eau de la piscine de Mulhouse m’avait laissés ; ne dit-on pas que nécessité est mère d’industrie et j’ai appris à nager ou plutôt à surnager.

Pépé Albert et mémée Lucie s’étaient connus à la veille de la première guerre mondiale.
Je connais parfaitement l’aube de leur rencontre par l’intermédiaire des cartes postales que mes grands-parents ont échangées ; en effet, ma tante m’a confié l’ensemble de ces documents : une centaine de cartes postales envoyées par mon grand-père à sa bien-aimée, devenue son épouse entre les années1913 et 1918. Ces cartes ont une valeur familiale et historique par leurs images au recto et le texte écrit par mon grand-père ou verso. Certaines ont été écrites lors de la bataille de la Somme.

J’en faisais déjà le constat, le couple que m’ avait révélé les cartes postales s’était un peu usé ! Et pépé Albert désignait son épouse et ses amies sous le vocable peu flatteur de « vieilles cancouines». Ainsi étaient dénommées mame Piponnier, mame Plissonnier, mame Seguin,mame Venderoux, en plus de mémée Lucie, vénérables vieilles dames qui dissertaient longuement des informations locales et nationales, refaisant ainsi le monde. Elles s’installaient sur le banc de la rue de la poste immuablement.

Autour de ma grand-mère, Lucie, je pourrais écrire un roman tant elle était une femme de caractère et libérée bien avant le féminisme. N’avait-t-elle pas franchi quelques années plus tôt la redoutable ligne de démarcation pour retrouver sa fille aînée ?
Comme j’étais l’ainé de ses petits-enfants, j’étais aussi son chouchou. Tout ce que je faisais était parfait et auprès d’elle, je jouissais d’un incontestable prestige, ce qui me conférait une totale liberté dont j’ai beaucoup profité,dussé-je en rougir aujourd’hui.
Elle était une femme moderne, considérant que rien n’était strictement la chasse gardée des hommes. Elle allait à la pêche dans la Saône toute proche. Elle pêchait au lancer ; elle se déplaçait avec un Solex et je l’ai même accompagnée à la pêche aux écrevisses ; pendant qu’elle soulevait les pierres immergée de la rive, là où se cachent les crustacés, j’étais chargé de les prendre dans les mailles d’une épuisette.

Comme mes grands-parents disposaient d’un lopin de terre, pépé Albert, cultivait la pomme de terre. J’ai toujours aimé et j’aime encore aujourd’hui ce moment magique : l’arrachage des pommes de terre. L’instant où elles se découvrent et émergent dans la terre meuble, lisses et désirables. Et je les ai ramassées et les ramasse encore, comme si elles constituaient un trésor véritable.
Et puis me revient une journée mémorable passée avec mon grand-père. La veille, il m’avait dit :
– Demain, Berty, on est invité à la pêche avec le grand Ferdinand?
Et ce matin là, nous étions au bord de la Seille avec le fameux grand Ferdinand ,copain de pépé Albert de longue date. Chez ce personnage haut en couleur, tout était grand et fort. Une taille voisine des 2 m, et, tout en proportion, jambes, voix, chaussures, bras, mains, oreilles… Et surtout le nez. Cyrano en sa cité de Bergerac, en eut été jaloux ! Par la taille, et la couleur, cet appendice avait tout d’ une aubergine. En effet, le grand Ferdinand n’avait pas réputation de sucer de la glace. Et il en avait éclusé des petits rouges au bistrot du village !
Le grand Ferdinand était pêcheur professionnel. Il pêchait à l’épervier. Debout à la proue de sa barque, à fond plat, il lançait un filet adroitement en sorte qu’il prenne la forme d’un cône, dont la base était faite de petits plombs. Lancé sur une place préalablement amorcée pour attirer le menu fretin, l’épervier était retiré vigoureusement par le pêcheur, plein de poissons pris au piège.
Et nous étions rentrés avec une belle friture. Le grand Ferdinand et mon grand-père, tous les deux guillerets avaient bu quelques petits rouges, opération loin d’avoir l’aval de mémée Lucie qui redoutait ces rencontres !

Parfois, mémée Lucie prenait la décision de rendre visite à mon oncle et ma tante à Huilly à une douzaine de kilomètres. Pour couvrir cette distance, nous n’avions pas d’autres moyens que la bicyclette. La bicyclette pour moi, une très vieille bicyclette qui avait survécu à la seconde guerre mondiale. Quant à ma grand-mère, il y a longtemps qu’elle avait fait l’acquisition d’un Solex, un vélomoteur de l’époque et moi de suivre ma grand-mère à la pédale. Je me souviens de la redoutable côte de Loisy ! Quand j’y passe aujourd’hui, cette bosse me semble complètement anodine, mais à l’époque il en allait tout autrement !

La plus grande partie de mes après-midi se passaient au bord de la Seille, avec les copains, avec ma cousine Renée qui avait mon âge et les copines. Souvent, nous restions au bord de l’eau jusqu’à une heure avancée, assuré que j’étais de ne subir aucun reproche. L’indulgence de ma grand-mère pour moi était infinie. C’était le temps des premières amours. Lors de mes derniers séjour à Cuisery, j’approchais les 18 ans.
Comme dans les romans de Marcel Pagnol, la « gloire de mon père », puis « le château de ma mère », j’étais passé à la page suivante : « le temps des amours ».

Le paradis perdu des amours enfantines…
Au beau milieu du mois de septembre, se tenait la fête annuelle dénommée «la mistembre». Chacun aura compris qu’il s’agissait de la fête de la mi-septembre. C’est à ce moment de l’année que s’installaient les forains sur la place du bourg, décrite plus haut. Parmi les manèges, il en était un qui avait mes faveurs : les autos tamponneuses.
Il s’agissait d’un jeu idiot qui consistait à tamponner une autre voiture du manège, si possible, en la prenant de travers.Il y avait du bruit, des chocs, et des étincelles.
Et moi de rêver de tamponner la voiture dont le volant serait tenu par Monique, dont la blondeur et le charme avait frappé mon cœur. Faute d’argent, il m’est souvent arrivé de regarder les autos tamponneuses, sans en prendre le volant.
Et mon histoire d’amour, en est restée là ! et Monique n’en a jamais rien su !

Je suis passé récemment dans ces endroits que j’avais bien aimés. Souvent, je n’ai rien reconnu. Les commères et les commerces ont disparu et le bourg bien mort s’est recroquevillé sur lui-même, est rentré dans sa coquille comme un escargot qui sent venir l’automne. Cuisery, pour ne pas mourir, est devenu « un village du livre ». Quelques boutiques poussiéreuses ont remplacé les commerces d’autrefois. Je n’ai pas reconnu la rivière, et la minoterie, le déversoir, la plage se sont effacés pour laisser place à un site anodin, neutre, sans histoire ….
Difficile de retrouver dans ce contexte, les traces matérielles de mon enfance.

Des tombes, encore des tombes, rien que des tombes. Celle de mes grands-parents là-bas si loin et j’ai grands remords d’aller si peu m’y recueillir. J’ai bien le sentiment d’être un ingrat.

Cependant, en 1954, j’étais entré à l’école normale d’instituteurs du département de la Moselle, où j’allais passer quatre années de la fin de mon adolescence et du début de ma vie d’adulte. Mais c’est une autre histoire que j’écrirai peut-être demain ou après-demain. Jusqu’en 1958, j’ai continué mes vacances en Bresse, que j’attendais chaque année avec autant d’impatience.
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Lolo90
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Re: La chute

Message par Lolo90 »

Merci pour ce beau récit Robert !
On connaît ainsi ce petit village dont j’ignorais son existence et d’avoir fait revivre ses habitants maintenant disparus.
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Denis
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Re: La chute

Message par Denis »

C’est un régal de te lire…
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