5° C à Tresnay, 20 km au sud de Magny-Cours, départ de la Look 2011, ce matin 15 mai.
Toujours aussi étourdi à 59 ans, j’ai oublié l’huile camphrée protectrice, ma ceinture de cardio mais je reste calme, la sagesse me gagne avec le temps (ma femme se marre).
La veille , j’ai retiré mon dossard à Nevers, chez Look. Un mécanicien m’a dépanné d’une rondelle spécifique sur ma tige de selle ErgoPost. Nickel, le gars.
Donc disais-je, il caille au départ de la classique nivernaise. Comme il a plu la veille, je monte mes roues à pneus, je ne prend pas le risque des boyaux… (mais je vous en reparlerai plus loin), de peur de percer...
Nous avions rejoint le circuit automobile une heure plus tôt.
Sur le circuit, à l’échauffement je cherche Aline, nous avons rater le RV de la veille chez Look. Le peloton est coupé en deux parties (les 160 et les 91). En queue du paquet des 91, je scrute et fini par cibler Aline aux premières loges. Les mecs, aimables, me laissent me faufiler pour rejoindre la Cyberpotine nivernaise. Bisous, quelques mots et puis départ sans attendre.
J’ai envie de me tester pour savoir où j’en suis physiquement.
Le tour de circuit étire les pelotons qui ont fusionnés. Certes le départ sur le circuit automobile évite le danger d’une traversée urbaine. Mais bof (jamais content). Mais il fait si froid…
Au métier, dès le retour sur la route, je réussi à me glisser dans un groupe qui va bien (une cinquantaine de gus). Très vite, je constate que ma puissance sera limitée ce jour.
J’entends des bruits sur mon vélo, j’ai l’impression qu’il craque et grince, que je ne suis pas assez gonflé, ceci, cela.
Non, rien de tout ça en fait, c’est moi qui grince et couine, pesant 5 kg de plus qu’en 2009, je me rend vite à l’évidence d’une préparation insuffisante, certes très perturbée, mais insuffisante pour prétendre aux sensations habituelles.
Les cuisses sont dans le ciment allégé au seuil de la première heure, la prise est évidente car ça chauffe.
J’ai repéré trois cyclistes , dans le groupe toujours uni, qui ont une forte, voire très forte corpulence . Mon nouvel objectif : sauter après eux, faut pas déconner, les bosses deviennent plus conséquentes, ils sont plus lourds. Fais-toi mal maugréais-je.
Les cuisses sont passées de la prise ciment à la prise béton armé, très armé. La mi-parcours est atteinte en 1 h 30, le chrono est ma seule référence car sans pulsomètre je roule à l’ancienne.
Après le ravito ignoré par tous, la bosse est là, dans la forêt, pour un peu plus de deux bornes. Après 500 mètres, deux des joufflus ont sauté, le troisième me passe avec un coup de pédale souple qui sent bon l’expérience d’un vieux coursier arrondi mais aux restes certains.
En vue du sommet que je devine dans la futaie, mes cuisses me lâchent, ah ! les connes . Aucun des braquets ne me convient, ah ! les cons.
Maintenant seul , je bascule dans la descente bien décidé, mais sans cartouches à me refaire. Je joue du 53x13-14-15-16 en restant uni, en athlé, ils disent placé. Pendant une dizaine de bornes je tenterais de rentrer sur un groupe de quatre à portée de fusil mais… mais une paire de sacoches chargées par le Malin de deux derniers sacs de ciments m’empêchent de progresser efficacement dans les faux plats….. Pourtant j’assure un bon rythme qui m’incite à une confiance posée. Maintenant je scrute le chrono pour finir sous les trois heures, mon objectif déclaré à Aline au départ.
Je dose, je dose : virages au plus près, recherche du meilleur bitume, tout y passe quand la visibilité est bonne.
Ma randonnée solitaire va m’amener jusqu'à 12 km de l’arrivée. Un groupe d’une vingtaine de gars m’a rejoint. Bien, je vais me refaire une santé me « pense-je ». Tout ça me va mais c’était oublier le dernier talus (1 km à 6-8 % au max). En haut je suis sur le 39-25, je lève mon cul pour accrocher la roue d’un gars de Tournus.
Nous finirons ensemble, échangeant les relais les plus équilibrés possibles avec respect et complicité.
Dans la bosse d’arrivée, aux pavés fortement disjoints, mon voisin passe le 34. Aie ! il se s’assoie. Je suis resté sur la plaque, je détend ma pesante carcasse dans un dernier coup de rein en maîtrisant les barnums comme je peux.
Arrivée.
La ligne passée, me retournant, je vois Stephane Izarn (Stepharn le cyberpote), franchir la ligne, accompagné, sur son tandem d’un charmante personne. Je suis surpris car il était dans le gros groupe d’avant la mi-course, nous avions conversé, ils m’avaient invité, dans une bosse, à prendre leur roue pour rentrer alors que je tanguais en queue de paquet. Dans la bosse de Bizy, la bosse forestière, ils avaient disparus de ma vue.
Pourquoi ce retard surprenant ? A quelques kilomètres de l’arrivée, ils furent aiguillés sur une voie de garage. Le temps de comprendre puis de reprendre, ils perdent environ 10 minutes.
Mais Stepharn, le calme reste philosophe. Ils ont failli me l’énerver, ouf !
Après m’être changer et récupérer mon classement (2 h 51 à 32,76 km/h, place 147, 13e chez les vieux), des douleurs abdominales consécutives à l’intensité d’un effort oublié depuis longtemps précipitent mon retour sur l’Yonne, je vous ai précisé plus haut que je reparlerai de mes boyaux, je suis crevé...


Rideaux sur cette Look encourageante. Quelques photos en illustration.
A bientôt pour d'autres aventures.