Louis Pergaud ...

Vous pouvez faire la promo d'un livre, d'un magazine, d'un film, d'un site internet, d'un musée, d'un podcast et déclenchez en nous l'envie de lire, de voir, d'y aller !
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Robert
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Louis Pergaud ...

Message par Robert »

Sans doute un grand nom de littérature que la guerre dite "grande" et qui mériterait plutôt le qualificatif d'horreur absurde nous a ôté trop tôt.
Emporté dans ce tourbillon à 33 ans, près de Verdun de sinistre mémoire, Louis Pergaud n'a pas eu le temps de nous donner sa pleine mesure ... Son corps même jamais n'a été retrouvé. Cependant son oeuvre mérite un détour et j'ai redécouvert avec bonheur ses écrits dont une édition complète dormait depuis trois décennies dans ma bibliothèque.

Avec Pergaud, je ne l'ai pas fait exprès, nous avons un commun maître : François Rabelais. Un cursus commun aussi, l'école normale d'instituteurs, institution presque oubliée aujourd'hui, et dont je me sens un héritier ; on y entrait à mon époque, sur concours, au niveau de la troisième. On y faisait ses humanités pendant quatre années en internat ... et sans porter de jugement hâtif, je ne pense pas que les "professeurs des écoles" d'aujourd'hui soient mieux formés et préparés au noble métier d'enseignant que nous ne l'avons été par feu l'école normale d'instituteurs. Il est vrai que le contexte a bien changé !
Autre point commun avec Pergaud : Un attachement sans faille à la république une, indivisible et fondamentalement laïque.
Pour le reste, je laisse à Louis Pergaud le talent d'écrivain, talent rare et précieux dont hélas je ne puis me prévaloir !

Pour vous donner un petit échantillon de la superbe prose de Louis Pergaud, je vous recopie un petit passage de "la guerre des boutons" et qui, mieux qu'une photographie, nous fait entrer dans la saison d'automne ...

...............................................................

" C'était un matin d'octobre. Un ciel tourmenté de gros nuages gris limitait l'horizon aux collines prochaines et rendait la campagne mélancolique. Les pruniers étaient nus, les pommiers étaient jaunes, les feuilles de noyer tombaient en une sorte de vol plané, large et lent d'abord, qui s'accentuait d'un seul coup comme un plongeon d'épervier dès que l'angle de chute devenait moins obtus. L'air était humide et tiède. Des ondes de vent couraient par intervalles. Le ronflement monotone des batteuses donnait sa note sourde qui se prolongeait de temps à autre, quand la gerbe était dévorée, en une plainte lugubre comme un sanglot désespéré d'agonie ou un vagissement douloureux."

....................................................................................................

Note : L'évocation des batteuses ne parlera pas à beaucoup d'entre nous. J'ai connu ces fêtes qui suivaient les moissons d'autrefois quand tout le village se retrouvait autour de ces machines infernales appelées "batteuses" et qui séparaient à grand bruit le grain de la paille.
Antédiluvien ? ... Pas tant que ça, finalement, juste un demi-siècle !

Peut-être vous aurais-je donné une envie de lire un peu l'écrivain naturaliste Louis Pergaud ! S'il a écrit la célèbre "guerre des boutons", il a laissé beaucoup d'autres écrits ...
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Tadkozh
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Re: Louis Pergaud ...

Message par Tadkozh »

Robert a écrit :Sans doute un grand nom de littérature que la guerre dite "grande" et qui mériterait plutôt le qualificatif d'horreur absurde nous a ôté trop tôt.
Emporté dans ce tourbillon à 33 ans, près de Verdun de sinistre mémoire, Louis Pergaud n'a pas eu le temps de nous donner sa pleine mesure ... Son corps même jamais n'a été retrouvé. Cependant son oeuvre mérite un détour et j'ai redécouvert avec bonheur ses écrits dont une édition complète dormait depuis trois décennies dans ma bibliothèque.

Avec Pergaud, je ne l'ai pas fait exprès, nous avons un commun maître : François Rabelais. Un cursus commun aussi, l'école normale d'instituteurs, institution presque oubliée aujourd'hui, et dont je me sens un héritier ; on y entrait à mon époque, sur concours, au niveau de la troisième. On y faisait ses humanités pendant quatre années en internat ... et sans porter de jugement hâtif, je ne pense pas que les "professeurs des écoles" d'aujourd'hui soient mieux formés et préparés au noble métier d'enseignant que nous ne l'avons été par feu l'école normale d'instituteurs. Il est vrai que le contexte a bien changé !
Autre point commun avec Pergaud : Un attachement sans faille à la république une, indivisible et fondamentalement laïque.
Pour le reste, je laisse à Louis Pergaud le talent d'écrivain, talent rare et précieux dont hélas je ne puis me prévaloir !

Pour vous donner un petit échantillon de la superbe prose de Louis Pergaud, je vous recopie un petit passage de "la guerre des boutons" et qui, mieux qu'une photographie, nous fait entrer dans la saison d'automne ...

...............................................................

" C'était un matin d'octobre. Un ciel tourmenté de gros nuages gris limitait l'horizon aux collines prochaines et rendait la campagne mélancolique. Les pruniers étaient nus, les pommiers étaient jaunes, les feuilles de noyer tombaient en une sorte de vol plané, large et lent d'abord, qui s'accentuait d'un seul coup comme un plongeon d'épervier dès que l'angle de chute devenait moins obtus. L'air était humide et tiède. Des ondes de vent couraient par intervalles. Le ronflement monotone des batteuses donnait sa note sourde qui se prolongeait de temps à autre, quand la gerbe était dévorée, en une plainte lugubre comme un sanglot désespéré d'agonie ou un vagissement douloureux."

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Note : L'évocation des batteuses ne parlera pas à beaucoup d'entre nous. J'ai connu ces fêtes qui suivaient les moissons d'autrefois quand tout le village se retrouvait autour de ces machines infernales appelées "batteuses" et qui séparaient à grand bruit le grain de la paille.
Antédiluvien ? ... Pas tant que ça, finalement, juste un demi-siècle !

Peut-être vous aurais-je donné une envie de lire un peu l'écrivain naturaliste Louis Pergaud ! S'il a écrit la célèbre "guerre des boutons", il a laissé beaucoup d'autres écrits ...
...quel chiffre fatidique !!
Ton extrait de Pergaud, va me servir de sujet de dictée pour nos deux petits...! Je leur ai déjà lu et bien entendu les batteuses les ont interpellés..!!
Comme tu le subodores, les batteuses ne parlant pas trop à nos "p'tits d'jeuns", je m'en vais compléter ce "manque" par la photo, in situ, d'une batterie en 1950 (je me demande si je ne l'ai pas déjà passée..? :roll: )

Image
...batterie à la ferme en 1949/1950...?

Tadkozh
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Tadkozh
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Re: Louis Pergaud ...

Message par Tadkozh »

...la "pédagogie n'aurait pas été complète sans la "batteuse elle-même..!! je m'aperçois que je ne vous ai montré que la "locomotive", à charbon qui est reliée à la batteuse par une courroie :

Image
...et voici la "batteuse" ! le grain est récolté dans des sacs sur le côté droit tandis qu'en premier plan on voit la "balle" dont, dans le temps, on faisait des matelas, des oreillers dans nos campagnes...il n'y avait que le "coutil" à acheter...mais alors, qu'est-ce que ça "piquait"... :)

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Robert
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Re: Louis Pergaud ...

Message par Robert »

Que de souvenirs Tad. Pour moi, plein de souvenirs qui remontent au temps où j'étais en vacances dans la Bresse profonde, celle de mes grands-parents maternels.
Merci pour ces images qui me parlent.
J'avais l'âge des gamins de ta première photo.
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Tadkozh
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Re: Louis Pergaud ...

Message par Tadkozh »

Robert a écrit :Que de souvenirs Tad. Pour moi, plein de souvenirs qui remontent au temps où j'étais en vacances dans la Bresse profonde, celle de mes grands-parents maternels.
Merci pour ces images qui me parlent.
J'avais l'âge des gamins de ta première photo.
...les gamins sont mon frère, moi et mon cousin... :D :D

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Robert
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Re: Louis Pergaud ...

Message par Robert »

Tadkozh a écrit :
Robert a écrit :Que de souvenirs Tad. Pour moi, plein de souvenirs qui remontent au temps où j'étais en vacances dans la Bresse profonde, celle de mes grands-parents maternels.
Merci pour ces images qui me parlent.
J'avais l'âge des gamins de ta première photo.
...les gamins sont mon frère, moi et mon cousin... :D :D

Tadkozh
Vraiment très belles photos qui ont fait remonter plein de réminiscences ; ma petite enfance a été un peu chahutée et m'a laissé peu de souvenirs, ma scolarité primaire chaotique non plus (j'ai connu les bancs de huit écoles primaires de guerre et d'après guerre) ; mes bons souvenirs d'enfance datent précisément des années 1946/1954, période où je passais l'intégralité de mes vacances alternativement chez mes grands parents et chez mon oncle et ma tante en pays bressan. Je demeure attaché à ce petit coin de France rurale.
Il y a cinquante ans, la France rurale était essentiellement vouée à une polyculture vivrière ... Depuis, l'agriculture et l'élevage sont devenus industriels, paysages et modes de vies ont changé. Jamais nous ne reverrons les chats s'agripper au gros bidons de lait pour laper la mousse qui se formait au dessus du filtre ; on filtrait le lait et les normes d'hygiène européennes n'avaient pas cours. Etions nous plus sujets aux maladies ? J'en doute, car, comme le disait ma grand mère pour justifier certaines pratiques contestables de ce point de vue : "un microbe tue l'autre !".
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Paillon
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Re: Louis Pergaud ...

Message par Paillon »

Robert a écrit :
Tadkozh a écrit :
Robert a écrit :Que de souvenirs Tad. Pour moi, plein de souvenirs qui remontent au temps où j'étais en vacances dans la Bresse profonde, celle de mes grands-parents maternels.
Merci pour ces images qui me parlent.
J'avais l'âge des gamins de ta première photo.
...les gamins sont mon frère, moi et mon cousin... :D :D

Tadkozh
Vraiment très belles photos qui ont fait remonter plein de réminiscences ; ma petite enfance a été un peu chahutée et m'a laissé peu de souvenirs, ma scolarité primaire chaotique non plus (j'ai connu les bancs de huit écoles primaires de guerre et d'après guerre) ; mes bons souvenirs d'enfance datent précisément des années 1946/1954, période où je passais l'intégralité de mes vacances alternativement chez mes grands parents et chez mon oncle et ma tante en pays bressan. Je demeure attaché à ce petit coin de France rurale.
Il y a cinquante ans, la France rurale était essentiellement vouée à une polyculture vivrière ... Depuis, l'agriculture et l'élevage sont devenus industriels, paysages et modes de vies ont changé. Jamais nous ne reverrons les chats s'agripper au gros bidons de lait pour laper la mousse qui se formait au dessus du filtre ; on filtrait le lait et les normes d'hygiène européennes n'avaient pas cours. Etions nous plus sujets aux maladies ? J'en doute, car, comme le disait ma grand mère pour justifier certaines pratiques contestables de ce point de vue : "un microbe tue l'autre !".
Ces évocations me font revenir en mémoire un souvenir d'enfant.
Vers l'âge de 9/10 ans, j’étais en vacances en Italie dans ce qui était à l'époque un petit village que certains ici connaissent bien, ils me diront si c'est toujours un village.Il s'agit de Rota Imagna.Le monde est petit. Nous allions tous les jours à l’étable du paysan qui nous faisait boire un grand verre de lait qui était trait au moment même. C'était il y a longtemps mais je me souviens très bien de la fermière assise sur son tabouret.
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Robert
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Re: Louis Pergaud ...

Message par Robert »

Rota d'Imagna ...
Lorsque nous y avons séjourné, c'est récent, je n'ai pas souvenir d'un village rural.
La modernité a fait son oeuvre, les exigences du tourisme aussi. L'endroit garde un charme montagnard indéniable, avec la proximité des grands lacs (Garde-Côme-Iséo ...), et de solides grimpées !
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Tadkozh
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Re: Louis Pergaud ...

Message par Tadkozh »

Robert a écrit :
Tadkozh a écrit :
Robert a écrit :Que de souvenirs Tad. Pour moi, plein de souvenirs qui remontent au temps où j'étais en vacances dans la Bresse profonde, celle de mes grands-parents maternels.
Merci pour ces images qui me parlent.
J'avais l'âge des gamins de ta première photo.
...les gamins sont mon frère, moi et mon cousin... :D :D

Tadkozh
Vraiment très belles photos qui ont fait remonter plein de réminiscences ; ma petite enfance a été un peu chahutée et m'a laissé peu de souvenirs, ma scolarité primaire chaotique non plus (j'ai connu les bancs de huit écoles primaires de guerre et d'après guerre) ; mes bons souvenirs d'enfance datent précisément des années 1946/1954, période où je passais l'intégralité de mes vacances alternativement chez mes grands parents et chez mon oncle et ma tante en pays bressan. Je demeure attaché à ce petit coin de France rurale.
Il y a cinquante ans, la France rurale était essentiellement vouée à une polyculture vivrière ... Depuis, l'agriculture et l'élevage sont devenus industriels, paysages et modes de vies ont changé. Jamais nous ne reverrons les chats s'agripper au gros bidons de lait pour laper la mousse qui se formait au dessus du filtre ; on filtrait le lait et les normes d'hygiène européennes n'avaient pas cours. Etions nous plus sujets aux maladies ? J'en doute, car, comme le disait ma grand mère pour justifier certaines pratiques contestables de ce point de vue : "un microbe tue l'autre !".
...on connait ma propension à consulter la "faculté". Déjà à l'époque, je n'ai jamais vu le médecin à la ferme, ceci expliquant peut-être cela...! le "véto" oui, quelques fois...Et pourtant, lorsque nous rentrions d'avoir gardé les vaches toute la journée, notre grand plaisir c'était, le temps que la grand-mère aille chercher son espèce de tabouret (à un pied...) et ses "seilles", mon frère et moi sautions aussitôt sur une vache pour boire le lait quasiment au pie. C'était notre récompense suprême...les salmonelles devaient bien exister...!! Ma foi !! "un microbe tue l'autre", ton aïeule était dans le vrai robert... ;)
Puisque nous étions dans les souvenirs de notre jeunesse, voici de nouveau une vielle photo :

Image
...deux jeunes "pastours" et leur chien. Ils se préparent à partir garder les vaches. La porte de l'étable en arrière plan est ouverte et les vaches sont dans le chemin, le temps de la photo...Si l'un des deux sourit, l'autre visiblement ne manifeste pas une joie débordante.... :D

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benoit
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Re: Louis Pergaud ...

Message par benoit »

[
Vraiment très belles photos qui ont fait remonter plein de réminiscences ; ma petite enfance a été un peu chahutée et m'a Ces évocations me font revenir en mémoire un souvenir d'enfant.
Vers l'âge de 9/10 ans, j’étais en vacances en Italie dans ce qui était à l'époque un petit village que certains ici connaissent bien, ils me diront si c'est toujours un village.Il s'agit de Rota Imagna.Le monde est petit. Nous allions tous les jours à l’étable du paysan qui nous faisait boire un grand verre de lait qui était trait au moment même. C'était il y a longtemps mais je me souviens très bien de la fermière assise sur son tabouret.[/quote]

ça alors :o quelle coincidence! tu devrais venir nous voir fin juillet au moins 2 ou 3j sur les terres de ton enfance ,plutôt en semaine vus les prix modiques du miramonti (dans les 50euros la demi pension la semaine le double le week end) ,surtout que tu es environ à 4h de voiture . A l'epoque l 'hotel miramonti ne devait pas exister il date je crois des années 80 ;le village d'envrion 900habitants a gardé tout son charme
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