Regard dans mon rétroviseur ...

C'est plutôt "café du commerce" où l'on refait le monde.
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Robert
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Regard dans mon rétroviseur ...

Message par Robert »

J'ai écrit dans un autre post : Nous vivons désormais dans la désolante solitude des écrans.

Une formule, sans doute vide de sens pour certains d'entre nous, juste pour dire combien, en un demi-siècle, le monde qui nous entoure s'est transformé.
Je fais ce retour en arrière pour essayer de reconstruire pour moi le monde des années qui ont été celles de ma jeunesse.

Fermez les yeux un instant, une machine à remonter le temps vous a déposé en ... 1958.

- Vous n'avez pas encore d'automobile ... Ce moyen de transport est rare et seuls les notables en disposent. Pour obtenir votre deux chevaux Citroën, il vous faut attendre près d'un an pour que l'engin vous soit livré ... La demande est forte, la production lente et faible.

- Si vous avez l'intention de communiquer par téléphone, il vous faudra passer par une opératrice et très rares sont les abonnés. Comme pour la voiture, une ligne téléphonique s'obtient après une attente, longue, parfois. Et vous demanderez, à l'instar de Fernand Reynaud dans un sketch, "le 22 à Asnières" ...

- Les soirées sont occupées par la lecture ... C'est la raison simple pour laquelle j'avais déjà lu tant de livres. Pas de télévision, celle-ci n'avait pas encore atteint les foyers. Oubliez la civilisation des écrans citée plus haut, vous êtes dans celle initiée par Gutenberg !

- Et à l'issue de votre apprentissage, de votre cursus scolaire ou universitaire point n'était besoin de chercher beaucoup pour trouver un emploi ... Le mot chômage n'existe à l'époque que dans les dictionnaires.

- Jeune homme, vous aviez vingt ans et s'offrait à vous la perspective d'un dû à la république : Le service militaire. J'ai eu, pour mon compte personnel, deux ans et demi de ma jeunesse consacrée à cette vie particulière. Le monde des casernements, des adjudants, des chaussettes à clous (brodequins en dotation pour les "appelés")

-La France était rurale. Je ne dispose pas de statistiques, mais j'ai le souvenir d'une ruralité prospère ... et nous n'étions que quarante-cinq millions de français.

- Les déplacements se faisaient par le train, et les locomotives fumaient encore en traction vapeur sur des lignes de chemins de fer pas encore électrifiées.

Voilà quelques repères rétrospectifs.

Depuis tout s'est accéléré, tant accéléré que j'en ai souvent le tournis.
Je me garderai bien d'user de cette formule usée : "c'était le bon temps". A défaut, c'était plutôt mon temps, celui si lent de ma jeunesse. Comment ne point le regretter ?
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Paillon
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Re: Regard dans mon rétroviseur ...

Message par Paillon »

Robert a écrit :J'ai écrit dans un autre post : Nous vivons désormais dans la désolante solitude des écrans.

Une formule, sans doute vide de sens pour certains d'entre nous, juste pour dire combien, en un demi-siècle, le monde qui nous entoure s'est transformé.
Je fais ce retour en arrière pour essayer de reconstruire pour moi le monde des années qui ont été celles de ma jeunesse.

Fermez les yeux un instant, une machine à remonter le temps vous a déposé en ... 1958.

- Vous n'avez pas encore d'automobile ... Ce moyen de transport est rare et seuls les notables en disposent. Pour obtenir votre deux chevaux Citroën, il vous faut attendre près d'un an pour que l'engin vous soit livré ... La demande est forte, la production lente et faible.

- Si vous avez l'intention de communiquer par téléphone, il vous faudra passer par une opératrice et très rares sont les abonnés. Comme pour la voiture, une ligne téléphonique s'obtient après une attente, longue, parfois. Et vous demanderez, à l'instar de Fernand Reynaud dans un sketch, "le 22 à Asnières" ...

- Les soirées sont occupées par la lecture ... C'est la raison simple pour laquelle j'avais déjà lu tant de livres. Pas de télévision, celle-ci n'avait pas encore atteint les foyers. Oubliez la civilisation des écrans citée plus haut, vous êtes dans celle initiée par Gutenberg !

- Et à l'issue de votre apprentissage, de votre cursus scolaire ou universitaire point n'était besoin de chercher beaucoup pour trouver un emploi ... Le mot chômage n'existe à l'époque que dans les dictionnaires.

- Jeune homme, vous aviez vingt ans et s'offrait à vous la perspective d'un dû à la république : Le service militaire. J'ai eu, pour mon compte personnel, deux ans et demi de ma jeunesse consacrée à cette vie particulière. Le monde des casernements, des adjudants, des chaussettes à clous (brodequins en dotation pour les "appelés")

-La France était rurale. Je ne dispose pas de statistiques, mais j'ai le souvenir d'une ruralité prospère ... et nous n'étions que quarante-cinq millions de français.

- Les déplacements se faisaient par le train, et les locomotives fumaient encore en traction vapeur sur des lignes de chemins de fer pas encore électrifiées.

Voilà quelques repères rétrospectifs.

Depuis tout s'est accéléré, tant accéléré que j'en ai souvent le tournis.
Je me garderai bien d'user de cette formule usée : "c'était le bon temps". A défaut, c'était plutôt mon temps, celui si lent de ma jeunesse. Comment ne point le regretter ?




Au cours d' une retransmission sur Eurosport, L. Fignon disait qu'il ne partageait pas du tout la façon de courir actuelle, trop de calcul, plus d'initiatives de la part des coureurs, course insipide. A la question ,"c'était mieux de votre temps? "il a répondu " je ne sais pas si c'était mieux, c'était différend, et ça me convenait."
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Robert
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Re: Regard dans mon rétroviseur ...

Message par Robert »

Si l'on comptabilise le temps que nous passons devant des écrans (télé- ordinateur - téléphone), peut venir la question suivante : Mais que faisait-on avant ? ...
Avant ? Avant on se parlait, on jouait à des jeux de cartes, de société ou autres, on lisait et les gosses de la campagne construisaient des cabanes à l'orée des bois en lieu et place de tapoter sur des touches pour s'adonner à des jeux souvent très débiles et toujours chers ... Oui, TOUT était différent.
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Tadkozh
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Re: Regard dans mon rétroviseur ...

Message par Tadkozh »

...et nous allions au bal, samedi et dimanche soir dans les campagnes, au cinéma à la salle communale ou paroissiale...à vélo d'abord, puis à Solex...!! :D

Tadkozh
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béni
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Re: Regard dans mon rétroviseur ...

Message par béni »

La transition s'est faite très vite... Déjà entre ma "jeunesse" et mes trois dizaines il y a eu un changement gigantesque ! Parfois en bien car l'accès à l'information est on ne peut plus facile (et les moyens de communication sont partout), parfois en moins bien car l’hyper-connectivité peut rendre un peu zinzin.

Au sujet de la télé, il y a un superbe bouquin là dessus, écrit par un français : TV Lobotomie (par Michel Desmurget) :
https://www.amazon.fr/NO-TV-Michel-Desm ... 8&qid=&sr=

un peu déprimant, mais au moins c'est une "vraie" étude et pas juste des "on dit" !
et la lumière fut
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Robert
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Re: Regard dans mon rétroviseur ...

Message par Robert »

Nous sommes entrés dans la civilisation du virtuel et de l'image, exposés des heures aux écrans divers.

L'autre jour, à Strasbourg, passager du tram, j'observais les gens autour de moi ; deux sur trois dialoguaient, non avec leur voisin de voyage, mais avec leur téléphone. Statistique rapide, j'aime bien compter quand je n'ai rien de mieux à faire : 80% (8 pour dix) des passager utilisaient ou au moins avaient en main un portable !

Il ne faut pourtant pas remonter loin dans le temps pour trouver celui où le téléphone portable n'existait pas.

Lorsque j'étais enseignant, jusqu'en 1993, nous étions gratifiés de deux notes de service par trimestre. Les lire prenait deux minutes. Ma fille cadette, qui a embrassé la carrière, nous disait que lorsque son travail en présence des enfants s'achève, elle consulte ses mails et, de provenances professionnelles diverses, elle a de longues minutes de lecture, avec des réponses à apporter. Ce qui est un progrès théorique génère un enfer, une présence contraignante et indésirable permanente.

Les objets que nous achetions autrefois étaient faits pour durer ; ceux dont nous faisons l'acquisition aujourd'hui portent la marque de l'obsolescence ; ils sont destinés au rebut avant même que d'avoir été utilisés.

Je le confesse : Je suis VINTAGE !
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Tadkozh
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Re: Regard dans mon rétroviseur ...

Message par Tadkozh »

Robert a écrit :Nous sommes entrés dans la civilisation du virtuel et de l'image, exposés des heures aux écrans divers.

L'autre jour, à Strasbourg, passager du tram, j'observais les gens autour de moi ; deux sur trois dialoguaient, non avec leur voisin de voyage, mais avec leur téléphone. Statistique rapide, j'aime bien compter quand je n'ai rien de mieux à faire : 80% (8 pour dix) des passager utilisaient ou au moins avaient en main un portable !

Il ne faut pourtant pas remonter loin dans le temps pour trouver celui où le téléphone portable n'existait pas.

Lorsque j'étais enseignant, jusqu'en 1993, nous étions gratifiés de deux notes de service par trimestre. Les lire prenait deux minutes. Ma fille cadette, qui a embrassé la carrière, nous disait que lorsque son travail en présence des enfants s'achève, elle consulte ses mails et, de provenances professionnelles diverses, elle a de longues minutes de lecture, avec des réponses à apporter. Ce qui est un progrès théorique génère un enfer, une présence contraignante et indésirable permanente.

Les objets que nous achetions autrefois étaient faits pour durer ; ceux dont nous faisons l'acquisition aujourd'hui portent la marque de l'obsolescence ; ils sont destinés au rebut avant même que d'avoir été utilisés.

Je le confesse : Je suis VINTAGE !
...et je te rejoins !! La mode au moment de mon départ d'activité était à la "réunionite", suivie et complétée par l'ancêtre de l'internet dans les entreprises, je veux parler de "l'intra-net", c'est à dire des mails internes. Je pouvais en avoir plus d'une centaine à la journée !
Aussi, mon ancienneté aidant, aux réunions, dès que l'on sortait de l'ordre du jour, que dialectique et propos informes apparaissaient, je quittais la réunion, rappelant que j'étais joignable à mon bureau quand ces insipides et stériles échanges auraient cessé.
Plus difficile quant aux "mails" qui figuraient bien dans ma "bête"...alors là, je dégageais des priorités et d'aucuns n'ont jamais connu ma réponse...
Tu as absolument raison, le progrès, s'il génère des avancées, peut devenir également une véritable "plaie"... !
Quant aux obsolescences programmées, dans la société libérale de consommation à outrance que nous connaissons, il faut absolument faire tourner la "machine"... ;)

Tadkozh
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