Strasbourg n’est pas MA ville. Je n’y ai aucun vécu. Ma ville c’est Metz avec la campagne qui environne l’agglomération, campagne appelée « pays messin » : J’y ai fait mes humanités, au Lycée d’abord, puis pour quatre années à L’école normale, suivi de presque trente ans de carrière d’instituteur.
Cependant, de Sarrebourg où nous demeurons désormais, la grande ville est Strasbourg, qui est la mégapole la plus proche et la plus facile d’accès pour nous, par l’autoroute. Un parking de périphérie permet, pour la modique somme de 4,20 euros, un stationnement pour la journée (tous passagers compris) avec un billet de tram qui autorise une circulation libre et pratique dans toute la cité.
Metz ou Nancy sont d’un accès bien plus compliqué et beaucoup plus cher.
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Je ne suis pas un habitué de la grande ville et je m’y sens autant à l’aise qu’un rat des campagnes lâché dans une foule de rats des villes.
Aussitôt plongé dans cet univers étranger, je me sens petit, minuscule, inconnu si ce n’est de mon épouse, sorte de fourmi anonyme en fourmilière ou termite en termitière !
Et d’observer avec étonnement mes congénères, mes contemporains, qui me semblent autant d’étrangers. Ils sont là, déambulant leurs téléphones en main, ignorants et ignorés de ceux qu’ils côtoient. Univers froid comme celui qui règne sur ce début décembre. On ne se regarde pas. On n’échange rien. Des individus enfermés dans un univers qui leur est propre.
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A peine descendus du tram qui nous a véhiculé près du centre vital de la ville et de son fameux marché de Noël, nous sommes contrôlés par une patrouille de police. Ouverture de nos sacs pour nous voir délivrer l’autorisation de passage d’un pont, sur un bras de l’Ill, vers le centre de la cité …
Ainsi nous croiserons des dizaines de patrouilles de militaires armés, CRS, gendarmes et policiers, tout au long de notre balade.
Strasbourg est une ville en état de siège ! Mais pourquoi ?
Pour une histoire de fanatisme religieux absurde.
Je n’ai aucune affection pour les religions, ni pour la mienne, celle dans laquelle je suis né et que je n’ai pas choisie, ni pour celle des autres. Tout au mieux, les religions m’indiffèrent quand elles ne se mêlent pas d’empiéter sur ma vie et ma liberté. Cependant, nous sommes désormais en but à une religion venue du fin fond des déserts d’Arabie, qui voudrait régir nos vies, nous dire comment tuer les animaux dans les abattoirs, ce que nous devons manger et comment le faire, comment jeuner, prier, régir les rapports humains, celui de dépendance de la femme à l’homme … cette religion nous emmerde ! Elle n’a pas sa place dans une république laïque et pourtant, la voilà qui s’est installée de force et qui impacte négativement et gravement notre quotidien.
Avec ses sbires malfaisants, nous vivons en sursis !
Et de nous interroger, mon épouse et moi, en imaginant ce que serait le regard d’un être humain sur cette ville assiégée qui aurait, comme la belle au bois dormant du conte, sommeillé profondément pendant cinquante ans, et qui se serait soudain réveillé, en cet après-midi du 4 décembre 2019 au coeur de cette ville qui se voudrait en fête …
Inimaginable.
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Strasbourg est incontestablement une belle ville, à forte personnalité avec ses superbes maisons et édifices de bois et de grés roses, ses vieux quartiers sur l’Ill, et ses habits nouveaux enfilés pour cette période dite des fêtes.
Nous nous dirigeons vers ce qui est son attraction de Noël : le marché qui porte ce nom.
Le "Christkindelmärkt" attire la foule. On y vend à la fois de tout et des riens. Une abondance de nourritures diverses avec des senteurs particulières de vins chauds, grillades, dans les lumières crues et les guirlandes des étals illuminés des marchands …
Et cette surabondance côtoie la misère la plus évidente ; de pauvres hères, assis sur les trottoirs dans l’air froid qui pince, qui tendent des gobelets pour recevoir d’hypothétiques oboles. Vieux ou jeunes, souvent très sales et qui respirent la misère. Où dormiront-ils ce soir ?
Les étals des marchands ne m’intéressent pas et nous passons dans ces travées étroites comme zombies perdus loin de leur univers.
Et dans le tram du retour vers le parking, bondé comme il se doit, nous nous accrochons à une barre placée là afin que les passagers ballottés tiennent un équilibre relatif.
A côté de nous se tiennent deux jeunes femmes, jolies et souriantes, accrochées elles aussi à la barre qui nous aide à nous tenir debout. L’une d’elle porte contre elle … un rat vivant. Voyant l’effet répulsif que produit sa bestiole sur mon épouse, elle invite celle-ci à caresser le rongeur … ce que ma femme ne fera pas !
Cependant, tout à coup et sans crier gare, la jeune femme au rat se colle amoureusement contre celle qui l’accompagne et se met à l’embrasser longuement sur la bouche … Un amour étalé !
Je ne suis pas particulièrement bégueule mais enfin …
Et d’imaginer cette scène ramenée cinquante années plus tôt …
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Nous rentrons, vraiment heureux de retrouver nos aimables pénates, loin de ce monde étrange et étranger.
Sans doute et contrairement à ce que dit la chanson, nous irons plutôt aux bois que dans cet univers frelaté de la grande cité !
En images.
La cathédrale et sa flèche impressionnante.

Maisons à colombage dont la célèbre Kammerzell


L'entrée du marché de Noël :

Un indien ... enguirlandé ! Et visiblement ébahi !

