A un ami disparu ...
Posté : 16 sept. 2020, 14:23
A un ami disparu …
Aux soirs, alors que l’année s’avance , que les oiseaux migrateurs nous quittent et que la nature prépare son sommeil, je pense à mes amis disparus …
Les amitiés sont de belles choses et dans une existence elles sont assez rares et précieuses pour que l’on se souvienne d'elles.
Aujourd’hui, c’est à mon ami Henri que je songe, parti depuis des lustres en un pays que je ne connais pas et dont je serai, bientôt, comme lui, citoyen.
Nous avons voyagé de concert, quelques années, réunis par des idées et la passion commune de la bicyclette.
Henri était un militant CGT, un rouge ! Au club, on l’appelait « Carlos », en référence au révolutionnaire sud américain. Le verbe haut, les convictions établies et inébranlables, il était entier et sans détours, mon pote Henri, et de ce fait, il n’avait pas que des copains mais il était mon ami.
Nous nous « chipotions » parfois … Et quand je l’avais fait souffrir un peu sur la route, il me qualifiait « d’écraseur de pédales » ce qui, dans sa bouche, avait un sens péjoratif ! Il me souvient aussi, que lors du retour de la semaine fédérale FFCT du Puy en Velay, alors que j’étais au volant et qu’Henri somnolait sur la banquette arrière, j’avais tenu des propos sur l’amitié à un autre passager que je ramenais au bercail.
Nous venions de nous engueuler avec Henri, je ne sais plus à quel propos et ses paroles m’avaient choqué. Réveillé, il s’était excusé de son attitude.
Henri et je le lui pardonne était reclus de fatigue pour avoir fait, en supplément de tous les grands parcours de la semaine Fédérale (180/200 km par jour), un brevet appelé brevet cyclo Velay/Vivarais.
Il était boulimique mon pote Henri !
A la semaine fédérale de Bourg en Bresse, à l’occasion d’une loterie organisée par le club local, j’avais gagné un compteur. Compteur que j’avais donné à Henri pour la bonne raison que j’en avais déjà un et que lui n’en avait pas.
Et il m’avait fait en retour ce cadeau inestimable, que je garde précieusement, la sculpture qu’il avait mise en exposition à la permanence de la semaine fédérale et qui trône sur mon bureau . En effet, Henri était artiste à ses heures, et sculptait et soudait des oeuvres avec des bouts de ferraille que son métier de sidérurgiste en usine lui offrait.
Une sculpture de 20 kg, que je regarde tous les jours et dont la photographie est mon avatar sur ce forum.
Encore des anecdotes :
Alors que nous nous retrouvions pour une sortie et qu’Henri venait de faire une analyse, il m’a dit pour en résumer le contenu : « Mon sang, c’est du goudron ! »
Henri était affecté du syndrome de ronflement, ce dont il souffrait. A la maison, il dormait à l’étage pour permettre à son épouse de trouver le sommeil. Au dortoir des semaines fédérales, c’était l’enfer ! Heureusement, la fatigue laissait un peu les dormeurs à leur sommeil.
Au petit matin, lorsqu’Henri était pris d’un besoin naturel, il l’exprimait ainsi : « Il faut que j’aille téléphoner au pape ! » … Et j’ai gardé cette expression que je reprends régulièrement à mon compte, dans l’intimité !
Henri était un boulimique de l’effort physique ; et s’il ne s’est pas lancé dans un PBP, seules les contraintes financières l’en ont privé, car il n’était pas riche, mon pote. Cependant, il en faisait chaque année tous les brevets préparatoires, du 200 au 1 000 km, quand ils étaient organisés pas trop loin. Il ne faisait pas que du vélo, mais aussi de la marche sportive, allait, à la belle saison, au boulot à pied, soit 20 km au quotidien !
Une année, Henri s’était lancé dans le projet de faire l’épreuve Paris-Colmar à la marche. Et, de Colmar, pour rentrer à Dieulouard (son domicile près de Nancy), il avait déposé sa bécane chez son frère qui résidait à Colmar. Au retour, sans prendre un nécessaire repos, Henri avait enfourché son vélo pour rentrer, de nuit ! Las, en chemin, à cinquante km de son domicile, il s’était endormi en pédalant. Et c’est bien écorné par un chute qu’il avait regagné son domicile.
……………………..
Le temps passe et roulent les jours.
Demeurent les souvenirs.
« Et j’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans » … Ces mots ne sont pas de moi mais d’un écrivain dont le nom m’échappe. Ma mémoire, elle aussi, s’érode et subit l’usure du temps !
Aux soirs, alors que l’année s’avance , que les oiseaux migrateurs nous quittent et que la nature prépare son sommeil, je pense à mes amis disparus …
Les amitiés sont de belles choses et dans une existence elles sont assez rares et précieuses pour que l’on se souvienne d'elles.
Aujourd’hui, c’est à mon ami Henri que je songe, parti depuis des lustres en un pays que je ne connais pas et dont je serai, bientôt, comme lui, citoyen.
Nous avons voyagé de concert, quelques années, réunis par des idées et la passion commune de la bicyclette.
Henri était un militant CGT, un rouge ! Au club, on l’appelait « Carlos », en référence au révolutionnaire sud américain. Le verbe haut, les convictions établies et inébranlables, il était entier et sans détours, mon pote Henri, et de ce fait, il n’avait pas que des copains mais il était mon ami.
Nous nous « chipotions » parfois … Et quand je l’avais fait souffrir un peu sur la route, il me qualifiait « d’écraseur de pédales » ce qui, dans sa bouche, avait un sens péjoratif ! Il me souvient aussi, que lors du retour de la semaine fédérale FFCT du Puy en Velay, alors que j’étais au volant et qu’Henri somnolait sur la banquette arrière, j’avais tenu des propos sur l’amitié à un autre passager que je ramenais au bercail.
Nous venions de nous engueuler avec Henri, je ne sais plus à quel propos et ses paroles m’avaient choqué. Réveillé, il s’était excusé de son attitude.
Henri et je le lui pardonne était reclus de fatigue pour avoir fait, en supplément de tous les grands parcours de la semaine Fédérale (180/200 km par jour), un brevet appelé brevet cyclo Velay/Vivarais.
Il était boulimique mon pote Henri !
A la semaine fédérale de Bourg en Bresse, à l’occasion d’une loterie organisée par le club local, j’avais gagné un compteur. Compteur que j’avais donné à Henri pour la bonne raison que j’en avais déjà un et que lui n’en avait pas.
Et il m’avait fait en retour ce cadeau inestimable, que je garde précieusement, la sculpture qu’il avait mise en exposition à la permanence de la semaine fédérale et qui trône sur mon bureau . En effet, Henri était artiste à ses heures, et sculptait et soudait des oeuvres avec des bouts de ferraille que son métier de sidérurgiste en usine lui offrait.
Une sculpture de 20 kg, que je regarde tous les jours et dont la photographie est mon avatar sur ce forum.
Encore des anecdotes :
Alors que nous nous retrouvions pour une sortie et qu’Henri venait de faire une analyse, il m’a dit pour en résumer le contenu : « Mon sang, c’est du goudron ! »
Henri était affecté du syndrome de ronflement, ce dont il souffrait. A la maison, il dormait à l’étage pour permettre à son épouse de trouver le sommeil. Au dortoir des semaines fédérales, c’était l’enfer ! Heureusement, la fatigue laissait un peu les dormeurs à leur sommeil.
Au petit matin, lorsqu’Henri était pris d’un besoin naturel, il l’exprimait ainsi : « Il faut que j’aille téléphoner au pape ! » … Et j’ai gardé cette expression que je reprends régulièrement à mon compte, dans l’intimité !
Henri était un boulimique de l’effort physique ; et s’il ne s’est pas lancé dans un PBP, seules les contraintes financières l’en ont privé, car il n’était pas riche, mon pote. Cependant, il en faisait chaque année tous les brevets préparatoires, du 200 au 1 000 km, quand ils étaient organisés pas trop loin. Il ne faisait pas que du vélo, mais aussi de la marche sportive, allait, à la belle saison, au boulot à pied, soit 20 km au quotidien !
Une année, Henri s’était lancé dans le projet de faire l’épreuve Paris-Colmar à la marche. Et, de Colmar, pour rentrer à Dieulouard (son domicile près de Nancy), il avait déposé sa bécane chez son frère qui résidait à Colmar. Au retour, sans prendre un nécessaire repos, Henri avait enfourché son vélo pour rentrer, de nuit ! Las, en chemin, à cinquante km de son domicile, il s’était endormi en pédalant. Et c’est bien écorné par un chute qu’il avait regagné son domicile.
……………………..
Le temps passe et roulent les jours.
Demeurent les souvenirs.
« Et j’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans » … Ces mots ne sont pas de moi mais d’un écrivain dont le nom m’échappe. Ma mémoire, elle aussi, s’érode et subit l’usure du temps !