
c'est avec les conseils de mon médecin que je prépare ce courrier qui est seulement un premier jet.
Je suis gentille car je ne parle que d'un centième de ce qui se passe au quotidien dans l'établissement.
J'ai conscience que ce post n'a rien à faire dans un forum de vélo mais vous comprendrez peut être pourquoi je fais autant de km quand je ne suis pas au taf

Si vous avez des remarques, n'hésitez pas. J'attends pour l'envoyer de l'avis de mon médecin lundi à Saint Nectaire...
Lettre à F. N. ma chef de Service (je n'écris pas "cheffe", j'exècre cette orthographe qu'on voudrait nous imposer

F.,
Par ce mail, je tenais à vous dire pourquoi je suis dans l’incapacité de venir travailler à l’IME F et pratiquer mon métier d’enseignement.
En effet, le groupe d’élève qui m’a été confié cette année est ingérable.
La répartition des classes début juillet, m’a beaucoup inquiétée cet été et la rentrée ne s’est pas faite sereinement.
Depuis la semaine qui a suivi la rentrée scolaire, je vous alerte sur l’impossibilité de faire la classe dans un groupe qui dysfonctionne gravement, notamment en raison de la présence d’un enfant dont le comportement perturbe l’ensemble des activités pédagogiques ainsi que l’apprentissage des autres élèves.
Cet enfant, R., souffre de troubles du spectre autistique sévères. Son langage est lacunaire à part quelques mots, il n’est pas lecteur et peut seulement recopier des mots en lettres capitales. Ses faibles compétences en mathématiques sont peu ou pas évaluables. Il choisit ses activités, il est donc difficile de lui en imposer (sinon il devient agressif). Il n’accepte aucune contrainte, aucune activité en groupe classe. (rituels, apprentissage de la lecture, lecture d’histoire, poésie…).
Malgré toute l’attention que je peux lui porter (sachant qu’il n’est pas seul en classe) il fait du bruit en permanence, psalmodie des rengaines, peut répéter le même mot pendant plusieurs heures, crie, hurle, jette des objets, est incapable de rester assis plus de quelques minutes, tourne autour de la classe et saute de l’estrade, fouille dans mon bureau , les placards, les affaires personnelles des élèves, etc.
Il devient alors impossible de lire ne serait-ce qu’un album en lecture collective.
Ceci mène certains élèves de la classe à des comportements agressifs à son égard: E. a tenté à plusieurs reprises de l’étrangler, Lu et M. hurlent, Lé. l’a frappé en le poursuivant en courant dans la classe, Mat. est souvent proche de la crise.
Vous comprendrez que dans un tel climat, les enfants peuvent difficilement se mettre au travail ou lorsqu’il y sont ne peuvent se concentrer et rester sereins.
Lors de la réunion de rentrée, avec les éducateurs de l’internat et vous même, le 26 août dernier après-midi, nous avons fait le point sur les accueils éducatifs des enfants.
Remarquant que R. n’avait aucun accueil, contrairement aux autres j’ai tenté à plusieurs reprises d’en faire la demande. Je n’ai pas été écoutée.
Lors de temps informels les jours qui ont suivi cette réunion, j’ai questionné différents personnels sur cette absence d’accueil. Il m’a été répondu que le projet de R. était: « Socialisation en classe » donc classe toute la journée, toute la semaine. Il m’a été également adressé que R. avait effectivement un accueil éducatif: « médiation aquatique » le jeudi matin. Un accueil qui n’en est pas un puisque le jeudi matin nous sommes en EPS cycle natation, donc un temps de classe.
Il est à noter que lorsque Rayan est en extérieur avec sa classe (piscine ou randonnée), son comportement est plutôt adapté, il ne présente que peu de troubles qui pourraient nuire à sa sécurité ou celle des autres. Il est bien accepté par le groupe.
Je vous ai rencontré une première fois le mardi 8 septembre 2020 pour vous informer de mes problèmes avec cet élève dans cette classe. Vous m’avez fait part de votre étonnement et répondu que je n’avais pas de souci à me faire, que j’allais y arriver sans me laisser le temps d’exposer mes arguments.
Vous m’avez dit par la suite que j’avais « une bonne petite classe sympathique ».
Lors de notre première réunion d’enseignants le mardi 15 septembre, avec M. M., A. L. et vous même, j’ai évoqué mes difficultés. Certaines de mes collègues m’ont dit que je n’avais pas laissé suffisamment de temps à R. pour trouver sa place en classe. Vous m’avez assuré cependant que vous alliez tenter de trouver des solutions. Une a été proposée par A. L.: l’intervention de l’équipe du Centre Régional Autisme. Il m’a paru alors que cette hypothétique solution, sans pour autant que je la refuse, ne correspondait pas au caractère d’urgence de la situation. J’ai évoqué les souffrances possibles pour un enfant tel que R. à rester en classe des heures durant. J’ai employé un mot qui définissait cette souffrance de façon maladroite sans doute. Mais était-il approprié que vous me hurliez dessus avec une telle violence ?
J’ai demandé le jeudi suivant, à M.M., à participer à la réunion avec les éducateurs de l’externat le vendredi 18 septembre en présence d’A.L., pour tenter de trouver des pistes de solutions au niveau des accueils éducatifs. J’ai dû attendre la fin de la réunion avant que l’on évoque mon problème. Personne ne s’est proposé même si Madame M. m’a assuré qu’il en serait certainement trouvées. A la sortie de cette réunion, je me suis sentie tout de même très seule et dépourvue, ressentant un manque de compassion de mes collègues.
Le mardi 22 septembre, je n’ai pu reprendre mon travail après une journée de classe très éprouvante le lundi. J’ai été arrêtée jusqu’au 9 octobre.
La personne qui m’a remplacée, une éducatrice spécialisée, a connu de grandes difficultés à gérer ma classe et a assuré à la fin de son remplacement qu’elle ne souhaitait plus jamais faire de remplacement d’enseignant et en tous cas, pas dans ma classe.
Lorsque j’ai repris mon travail, un accueil éducatif a été mis en place le lundi matin. Cependant R. a été ingérable l’après midi , induisant de graves problèmes de comportement aux autres élèves et mettant en péril leur sécurité.
Je l’ai signalé à Madame M.le lendemain dès 8h. Elle m’a répondu que nous en discuterions en réunion le soir même, que le problème n’était pas le mien mais celui de l’ensemble de l’équipe. C’est avec ces propos rassurants et malgré une journée exécrable et exténuante que je me suis rendue en réunion le mardi 13 octobre à 16h30.
Vous avez attendu la fin de la réunion avant de discuter du problème de R. qui me semblait pourtant urgent.
J’ai évoqué à maintes reprises mon désarroi face à une situation pour laquelle je n’avais plus de ressources.
J’ai évoqué la violence des autres élèves envers R.. Vous ne m’avez pas écoutée lorsque j’ai parlé d’E. (qui a tenté plusieurs fois d’étrangler R.). Et lorsque j’ai parlé des violences de Lé. qui le frappait de façon inquiétante, vous avez souri en me répondant que c’était « normal » car Lé. ne prenait plus de traitement (son père refusant de lui donner).
Vos seules réponses: « on ne choisit pas ses élèves », « Une équipe du CRA interviendra », « vous refusez notre aide ». Je vous ai alors demandé de cesser de me prendre pour une « idiote « ayant le sentiment que vous ne preniez pas le temps de m’écouter avec attention. C’est alors que vous m’avez encore une fois hurlé dessus avec une grande violence.
Je n’ai pas oublié l’année scolaire 2018/2019 face à un enfant extrêmement violent avec ses camarades et les adultes, pour lequel j’avais une suspicion d’absence de traitement dès la rentrée. J’ai attendu 6 mois pendant lesquels je n’ai cessé de vous alerter ainsi que Madame V., Psychiatre avant qu’un traitement soit enfin donné à B.
Je ne peux plus attendre 6 mois avant que l’on agisse.
Je n’ai pas oublié non plus votre réaction, en janvier dernier, alors que je venais de me faire gifler et mordre par une élève. Vous m’avez seulement répondu : « Ah c’est Lu. !?! »…
Dans l’impossibilité donc de gérer cette crise que vous semblez refuser d’accepter , qui nuit à l’ensemble des élèves et qui pourrait avoir des conséquences graves sur ma santé, les médecins ont jugé préférable de me mettre en arrêt de travail.
J’ai rencontré à ce jour le Docteur F, médecin du travail au Rectorat, le Docteur F, médecin du travail à l’AIST, et Monsieur … , Inspecteur du travail à la DIRECTTE
Vous noterez toutefois que je ne remets pas en cause l’accueil et l’aide que vous m’avez souvent apportés en d’autres circonstances.
Bien cordialement.
Véronique C
P.S; copie envoyée à Monsieur B.T, chef d’établissement,, à Madame C.F médecin du travail AIST, à Madame S.F médecin du travail du Rectorat d'Académie , à Monsieur… inspecteur du travail de la DIRECTTE.