Lettre du 24 décembre…

[Robert]

Il m’arrive de relire des lettres anciennes, comme on regarde des photos du passé avec une certaine nostalgie. J’ai écrit cette lettre le 24 décembre 2021 à l’adresse de mon ami robert emprisonné dans un EHPAD de la périphérie de Metz. Pendant que j’étais sur mon lit d’hôpital, j’ai appris le décès de mon ami…

Sarrebourg, le 24 décembre.


Bien cher Robert,



Et voilà que s’achève une année bien difficile … Noël, nouvel an, des moments propices à la communication …

Communiquer est hélas devenu compliqué, la pandémie fermant la porte des établissements tels que celui qui t’accueille; Josette et moi y avons pensé mais avons reculé devant les complications.
Reste le téléphone ou l’écrit. Cette année je choisis l’écrit, certes réducteur puisque tu ne peux pas me répondre immédiatement. Mais l’écrit donne le temps de la réflexion, et puis, il reste, contrairement à l’oral qui se dissout dans l’air …

Je sais bien, Robert, que les jours qui sont les tiens désormais ne sont ceux que tu aurais souhaité … sans aucun doute. Cependant il est une chose que rien ne peut effacer : les souvenirs. Il nous faut rester avec eux.

Ainsi souvent nous vivons avec eux … Ceux qui nous sont communs sont tous bons, alors pourquoi se priver d’y penser.

Si ton physique n’est plus ce qu’il était, je sais que tu as gardé intacte tes capacités intellectuelles, alors je me permets d’évoquer quelques moments de vie que nous avons partagés.

Des moments comme le circuit dit de la « montagne de Reims », un monument cyclo-touristique, la randonnée Vars-Izoard, une journée en Argonne où il avait tant plu sur nos pauvres carcasses, de l’aube où nous étions partis, à l’arrivée, où nous nous étions changé de A à Z jusqu’au slip derrière un comptoir de bar.
Et la rando des cols du gapençais, où dans la nuit du petit matin nous nous étions éparpillés dans la totale obscurité, sur la route du col de la sentinelle.
Et nos escapades lointaines avec le Louis, autour des gorges du Verdon où vous, mes amis, vous étiez bien moqué de moi qui ramenais dans mes bagages une assiette de Moustiers Ste Marie pour Josette.
Et cette petite balade près de St André d’Embrun, avec Thérèse, où nous avions maraudé quelques cerises ; ce souvenir me revient à chacun de mes passage sur cette route familière.

D’Izoard en Cayolle, d’Allos en Bonnette en passant par la Lombarde, c’était bien toi le plus fort !

Et nos randonnées pédestres autour d’Embrun, jusqu’au lac St Anne.

………………………

Et je n’en finirai pas d’évoquer ce passé.
C’était, il est d’usage de le dire, c’était bien « le bon temps ». Gardons-le précieusement en secret dans nos coeurs.

Robert, bien cher ami, je te souhaite le meilleur pour cette année finissante et aussi pour celle à venir avec l’espoir conservé de nous revoir bientôt. Le covid finira bien par nous laisser en paix.

[Lolo90]

Il faut garder ces bons souvenirs passés avec nos amis ou nos proches en se disant que l'on a eu de la chance de les partager avec eux.

[Denis]

Une lettre si belle, je l’encadre!