Vieux souvenirs
- Robert
- Messages : 26755
- Enregistré le : 21 janv. 2009, 20:38
- Localisation : SARREBOURG
- Contact :
Vieux souvenirs
Je sais deux choses :
J’ai déjà publié ce texte, il y a longtemps. Je l’ai retrouvé dans mes archives. Il m’a rappelé de bons souvenirs. Il s’agit du DF U 2014. Pour moi un cru exceptionnel.
Ça ne dira rien à certains… je pense aux autres…
……….
Ma foi, c’en est fait de moi ; ma réputation de bavard du forum, bavard disposant du temps nécessaire grâce à l’oisiveté relative que confère l’état de retraité, m’oblige au devoir d’écriture . DFU 2014, pour moi, un grand cru !
Nous en avons longuement parlé, il est terminé. Je suis rentré, j’ai retrouvé mes pénates et ce qui a été débarqué de ma voiture s’étale partout, dans un désordre que je m’autorise à qualifier de joyeux pour donner le change. Peut-on qualifier de joyeux ce qui marque la fin d’un moment heureux ?
Mon «carton» d’inscription traîne sur mon bureau, souvenir sans importance, carton où figure mes coordonnées et le numéro de mon dossard : 556. C’est une nouveauté qui aurait pu me donner l’illusion d’être un «coureur», alors que je ne puis plus qu’être un modeste bipède pédalant !
Je vous dois, mes amis, un avertissement de précaution : Je risque d’être un peu long, voire lassant, et mon récit ne sera que le reflet personnel d’un petit événement, de plus, vu à travers ma lorgnette que, bien involontairement, je tiens à l’envers ; je veux dire que chacun aura sa version personnelle de cette journée et que la mienne n’a qu’une valeur toute relative.
Mais revenons à notre mouton : Le DFU.
Je viens de passer une nuit agitée par une inquiétude injustifiée ; la seule Bonnette que j’ai mise à mon programme n’est finalement que la énième, mais je suis ainsi fait et je n’y puis rien, dominé par mes émotions.
La Bonnette, je la connais par coeur. Cependant, cette année, j’ai prévu une montée en tandem, je veux dire à deux, avec mon ami Tad, bien connu ainsi que le fameux loup blanc.
J’ai décidé de partir de Barcelonnette pour être un participant officiel au DFU alors que mon pote part de La Condamine son lieu de résidence provisoire pour un séjour de vacances chez des amis.
Le jour se lève dans la fraîcheur matinale avec du soleil qui promet une belle journée; avec l’aide de nos téléphones portables, nous nous retrouvons à Jausiers, pied de la route mythique que nous allons affronter de concert.
Tad si élancé sur son blanc destrier et moi, plus court et trapu sur une monture minuscule comparée à la monture de mon pote, a fait naître cette image : Nous ressemblons fort aux héros de Cervantès à l’assaut de moulins à vent : Tad dans le rôle de Don Quichotte de la Mancha et moi-même dans celui de Sancho Pansa. Alors que la route commence à s’élever, à la sortie de Jausiers, cette évocation romanesque me donne une envie intérieure de sourire.
Et nous voilà tous deux pédalant aussi héroïquement que les deux personnages romanesques évoqués plus haut !
Ma modestie naturelle dut-elle en souffrir, je vous dois la vérité : A l’instar de nos amis Denis, Philippe, Jean-Michel et Nathalie partis aux aurores, nous sommes doublés (enrhumés devrions-on dire - pour utiliser un vocabulaire cycliste ) par des cohortes vaillantes de cyclos partis à l’assaut de flopées de cols ; ils ont déjà des dizaines de bornes dans les pattes, assorties de centaines de mètres de dénivelées cumulées et ils nous saluent avec bienveillance pour n’être bientôt plus que petits points éparpillés sur la route qui s’élève, qui s’élève, qui s’élève ...
Parmi ces vaillants coursiers, l’un d’eux me reconnaît : C’est Laurent (dit Laulesp) sur notre forum, qui me reconnaît à mon maillot «cyberpotes». Il entame une petite conversation avec moi avant de repartir à son allure, qui n’est pas la mienne : Il est partant pour ses sept cols, ce que je mets au rang des exploits sportifs.
Mon récit ne sera fait que de petites touches, comme un tableau de peintre pointilliste (je pense à Seurat) ...
Tad et moi usons la pente, à petits coups ; une photo par-ci, un arrêt par là, arrêts souvent justifiés par des petits riens qui ne sont que prétextes à reprendre un peu de vigueur.
Vous dirais-je la grandeur des sites qui changent à chaque lacet, les alpages verdoyants et fleuris qui bientôt font place à cet univers de rocs enneigés caractéristiques de la haute montagne et qui apparaissent après la «halte 2000» et le fameux lac de la Bonnette ? ... C’est aussi pour eux que nous consentons ces efforts.
Parfois, une marmotte sentinelle siffle son avertissement à ses congénères : Ces petits rongeurs ne sauraient pourtant confondre le Sancho Pansa poussif que je suis avec l’aigle qui projette son ombre inquiétante sur les prairies fleuries !
De temps à autre, nous faisons un bout de route avec un cyclo ou une cyclote dont la seule ambition est d’arriver au sommet du col.
Mes jambes se font lourdes et je sens poindre un début de crampe qui m’incite à la prudence ... un moment de pédalage talons bas, sur les conseils de Tad, gomme un peu ce petit souci, alors que nous approchons du but.
Le but, c’est la terrible rampe finale. Après que Tad ait chaussé ses «croques» qui permettent la marche, nous terminons notre ascension «à pied» sur les trois cents derniers mètres.
Au sommet, un vent glacial nous saisit dans une foule disparate d’automobilistes et de motards ... et de cyclistes. Pour une photo finale, Tad fait déplacer un énorme motard obèse qui trônait devant la stèle sommitale, lui faisant observer justement qu’il n’y a aucun mérite à se hisser là avec un engin mécanique !
Bientôt arrivent Denis, Phiphi, Jean-Michel et Nathalie heureux comme Ulysse qui fit un beau voyage ... Une longue descente que nous faisons emmitouflés et heureux ! ...
Et puis il y a le lendemain qui chante :
cette salle des fête magistralement animée par la dynamique présidente et organisatrice du DFU qu’elle a su si bien dynamiser avec son équipe. Merci à eux. Je suis là, et je me baigne avec délice dans cette assemblée d’amis qui donne tout son sens à ce beau mot de CONFRERIE, un mot de cette famille de mots construits autour du mot FRERE.
et ce repas du lendemain, organisé par Tad à La Condamine, un couronnement pour un bien beau WE de la fin juin.
Et vive le DFU 2015 !
Robert le vieux à défaut d’être le preux !
J’ai déjà publié ce texte, il y a longtemps. Je l’ai retrouvé dans mes archives. Il m’a rappelé de bons souvenirs. Il s’agit du DF U 2014. Pour moi un cru exceptionnel.
Ça ne dira rien à certains… je pense aux autres…
……….
Ma foi, c’en est fait de moi ; ma réputation de bavard du forum, bavard disposant du temps nécessaire grâce à l’oisiveté relative que confère l’état de retraité, m’oblige au devoir d’écriture . DFU 2014, pour moi, un grand cru !
Nous en avons longuement parlé, il est terminé. Je suis rentré, j’ai retrouvé mes pénates et ce qui a été débarqué de ma voiture s’étale partout, dans un désordre que je m’autorise à qualifier de joyeux pour donner le change. Peut-on qualifier de joyeux ce qui marque la fin d’un moment heureux ?
Mon «carton» d’inscription traîne sur mon bureau, souvenir sans importance, carton où figure mes coordonnées et le numéro de mon dossard : 556. C’est une nouveauté qui aurait pu me donner l’illusion d’être un «coureur», alors que je ne puis plus qu’être un modeste bipède pédalant !
Je vous dois, mes amis, un avertissement de précaution : Je risque d’être un peu long, voire lassant, et mon récit ne sera que le reflet personnel d’un petit événement, de plus, vu à travers ma lorgnette que, bien involontairement, je tiens à l’envers ; je veux dire que chacun aura sa version personnelle de cette journée et que la mienne n’a qu’une valeur toute relative.
Mais revenons à notre mouton : Le DFU.
Je viens de passer une nuit agitée par une inquiétude injustifiée ; la seule Bonnette que j’ai mise à mon programme n’est finalement que la énième, mais je suis ainsi fait et je n’y puis rien, dominé par mes émotions.
La Bonnette, je la connais par coeur. Cependant, cette année, j’ai prévu une montée en tandem, je veux dire à deux, avec mon ami Tad, bien connu ainsi que le fameux loup blanc.
J’ai décidé de partir de Barcelonnette pour être un participant officiel au DFU alors que mon pote part de La Condamine son lieu de résidence provisoire pour un séjour de vacances chez des amis.
Le jour se lève dans la fraîcheur matinale avec du soleil qui promet une belle journée; avec l’aide de nos téléphones portables, nous nous retrouvons à Jausiers, pied de la route mythique que nous allons affronter de concert.
Tad si élancé sur son blanc destrier et moi, plus court et trapu sur une monture minuscule comparée à la monture de mon pote, a fait naître cette image : Nous ressemblons fort aux héros de Cervantès à l’assaut de moulins à vent : Tad dans le rôle de Don Quichotte de la Mancha et moi-même dans celui de Sancho Pansa. Alors que la route commence à s’élever, à la sortie de Jausiers, cette évocation romanesque me donne une envie intérieure de sourire.
Et nous voilà tous deux pédalant aussi héroïquement que les deux personnages romanesques évoqués plus haut !
Ma modestie naturelle dut-elle en souffrir, je vous dois la vérité : A l’instar de nos amis Denis, Philippe, Jean-Michel et Nathalie partis aux aurores, nous sommes doublés (enrhumés devrions-on dire - pour utiliser un vocabulaire cycliste ) par des cohortes vaillantes de cyclos partis à l’assaut de flopées de cols ; ils ont déjà des dizaines de bornes dans les pattes, assorties de centaines de mètres de dénivelées cumulées et ils nous saluent avec bienveillance pour n’être bientôt plus que petits points éparpillés sur la route qui s’élève, qui s’élève, qui s’élève ...
Parmi ces vaillants coursiers, l’un d’eux me reconnaît : C’est Laurent (dit Laulesp) sur notre forum, qui me reconnaît à mon maillot «cyberpotes». Il entame une petite conversation avec moi avant de repartir à son allure, qui n’est pas la mienne : Il est partant pour ses sept cols, ce que je mets au rang des exploits sportifs.
Mon récit ne sera fait que de petites touches, comme un tableau de peintre pointilliste (je pense à Seurat) ...
Tad et moi usons la pente, à petits coups ; une photo par-ci, un arrêt par là, arrêts souvent justifiés par des petits riens qui ne sont que prétextes à reprendre un peu de vigueur.
Vous dirais-je la grandeur des sites qui changent à chaque lacet, les alpages verdoyants et fleuris qui bientôt font place à cet univers de rocs enneigés caractéristiques de la haute montagne et qui apparaissent après la «halte 2000» et le fameux lac de la Bonnette ? ... C’est aussi pour eux que nous consentons ces efforts.
Parfois, une marmotte sentinelle siffle son avertissement à ses congénères : Ces petits rongeurs ne sauraient pourtant confondre le Sancho Pansa poussif que je suis avec l’aigle qui projette son ombre inquiétante sur les prairies fleuries !
De temps à autre, nous faisons un bout de route avec un cyclo ou une cyclote dont la seule ambition est d’arriver au sommet du col.
Mes jambes se font lourdes et je sens poindre un début de crampe qui m’incite à la prudence ... un moment de pédalage talons bas, sur les conseils de Tad, gomme un peu ce petit souci, alors que nous approchons du but.
Le but, c’est la terrible rampe finale. Après que Tad ait chaussé ses «croques» qui permettent la marche, nous terminons notre ascension «à pied» sur les trois cents derniers mètres.
Au sommet, un vent glacial nous saisit dans une foule disparate d’automobilistes et de motards ... et de cyclistes. Pour une photo finale, Tad fait déplacer un énorme motard obèse qui trônait devant la stèle sommitale, lui faisant observer justement qu’il n’y a aucun mérite à se hisser là avec un engin mécanique !
Bientôt arrivent Denis, Phiphi, Jean-Michel et Nathalie heureux comme Ulysse qui fit un beau voyage ... Une longue descente que nous faisons emmitouflés et heureux ! ...
Et puis il y a le lendemain qui chante :
cette salle des fête magistralement animée par la dynamique présidente et organisatrice du DFU qu’elle a su si bien dynamiser avec son équipe. Merci à eux. Je suis là, et je me baigne avec délice dans cette assemblée d’amis qui donne tout son sens à ce beau mot de CONFRERIE, un mot de cette famille de mots construits autour du mot FRERE.
et ce repas du lendemain, organisé par Tad à La Condamine, un couronnement pour un bien beau WE de la fin juin.
Et vive le DFU 2015 !
Robert le vieux à défaut d’être le preux !
- Lolo90
- Messages : 18309
- Enregistré le : 17 juil. 2017, 08:39
- Localisation : Belfort (90)
- Contact :
Re: Vieux souvenirs
Ah je n'avais pas lu ce post
Beaux souvenirs Robert et je retiens le plus important, ce sont les souvenirs avec les potes et cyberpotes.

Beaux souvenirs Robert et je retiens le plus important, ce sont les souvenirs avec les potes et cyberpotes.

- phiphi76
- Messages : 11673
- Enregistré le : 31 oct. 2010, 10:57
- Contact :
Re: Vieux souvenirs
Et bien, je n'avais pas lu non plus ce poste, toujours aussi admirablement écrit. Merci Robert de nous rappeler de si bons souvenir, l'ascension bien sur, mais le très agréable repas offert par les amis de Tad, un bien sympathique moment, et pendant que Denis entamait une sieste réparatrice, nous avons entrepris une petite visite dans le bout du terrain, où me semble t'il coulait un petit torrent. Quel doux souvenir.............
@ cyberpotes + !
@ cyberpotes + !
- Denis
- Messages : 19667
- Enregistré le : 29 déc. 2008, 19:26
- Localisation : Digne les bains
- Contact :
Re: Vieux souvenirs
C’est sacré la sieste…
Je me rappelle aussi de la maîtresse de maison qui avait insisté pour me faire écouter le bruit des valves cardiaques qu’on lui avait posées quelques temps auparavant… Je n’avais pas eu le temps de dire ouf qu’elle avait pris ma tête pour la poser contre son cœur. Heureusement, le contact fut amorti par ses « airbags »!
je me souviens aussi que la sieste fut entamée avec Tad sur sa fameuse chilienne… Que de bons souvenirs…
Je me rappelle aussi de la maîtresse de maison qui avait insisté pour me faire écouter le bruit des valves cardiaques qu’on lui avait posées quelques temps auparavant… Je n’avais pas eu le temps de dire ouf qu’elle avait pris ma tête pour la poser contre son cœur. Heureusement, le contact fut amorti par ses « airbags »!

je me souviens aussi que la sieste fut entamée avec Tad sur sa fameuse chilienne… Que de bons souvenirs…
- Robert
- Messages : 26755
- Enregistré le : 21 janv. 2009, 20:38
- Localisation : SARREBOURG
- Contact :
Re: Vieux souvenirs
Les journées s’étirent. Pour ne pas sombrer dans l’ennui je lis, je réponds à des mails, je confectionne des posts pour cyber potes et parfois me revient l’envie d’écrire et de puiser dans mes souvenirs. Je viens de le faire. Je vous en livre un tout petit bout.
Une nouvelle histoire d’eau.
Mes rapports avec l’eau ont une très longue histoire. J’aime l’eau. Je déteste l’eau ; en résumé, j’aime l’eau à la condition de ne pas y être plongé trop souvent.
À la suite d’un traumatisme provoqué par un professeur d’éducation physique, alors que j’étais en classe de sixième, à Mulhouse, un épisode que j’ai raconté par ailleurs, j’ai une sainte horreur des piscines, de leurs carrelages mouillés, de l’air saturé de vapeur d’eau, de l’odeur de l’eau de javel, des cris qui résonnent sous les verrières…
Il y a heureusement bien d’autres endroits pour plonger dans l’eau. J’ai bien aimé les rivages et l’eau de la rivière Seille dans la Bresse de mes vacances.
Je me suis laissé aller aussi sur les plages de la Manche, de l’Atlantique, de la Méditerranée, celle du lac de Serre-Ponçon aussi… Toujours par obligation, car par goût, je n’ai pas celui qui pousse les phoques à se rassembler sur les plages. La bronzette n’est pas ma tasse de thé.
J’ai surtout aimé la pêche à la ligne, retenant, avec mes origines gauloises, le résumé de mon livre d’histoire : « les gaulois vivaient de cueillettes, de chasse et de pêche » !
En 1943, j’étais un petit garçon en garde chez mes grands-parents. Mes grands-parents maternels habitaient Tournus, tout juste au bord de la Saône. C’est précisément à ce moment que m’est venue une vocation de pêcheur.
Il n’y avait alors que la route à traverser et la circulation automobile de l’époque était nulle. Et j’étais bien Vite au bord du fleuve.
Mes grands-parents me laissaient une grande liberté. Le gamin de cinq ans pêchait du bord de la Saône à l’endroit précis où un égout se déversait dans la rivière. C’est là que les ablettes au ventre argenté faisaient dans l’eau sombre un feu d’artifice étincelant au soleil.
Je ne me souviens pas avoir jamais mangé le fruit de ma pêche, heureusement. La pêche était un jeu comme celui qui est proposé aux enfants dans les fêtes des villages.
Et pendant ce temps-là, à Lyon, à moins de 100 km, Klaus Barbie commettait ses crimes, arrêtait et torturait Jean Moulin, loin, très loin des pensées d’un petit garçon qui pêchait l’ablette sur les bords du fleuve.
L’hiver 1943 avait été très rude. Au printemps, 1944 un dégel Rapide allait provoquer ce que ma grand-mère avait appelé « la débâcle », un grand défilé de glaçons que charriaient dans un courant énorme, les eaux tumultueuses de la Saône. un spectacle gratuit comme la nature, parfois sait nous en offrir.
Depuis, il a passé beaucoup d’eau sous le pont qui enjambe la Saône à hauteur de Tournus.
Lorsque je prenais l’autoroute qui mène vers les Alpes du Sud, Je faisais souvent le crochet et je prenais un moment pour revenir à Tournus. La petite ville médiévale est pleine de charme. Çà a toujours été pour moi un bonheur de traverser sa rue principale et de m’arrêter longuement sur les quais de la Saône qui n’ont pas beaucoup changé.
Voilà qui est en contradiction avec ce qu’a dit Baudelaire : « la forme d’une ville change plus vite, hélas, que le cœur d’un mortel ». Il parlait de Paris. Tournus est immuable avec sa rivière, ses quais, ses églises et ses couvents, son petit air presque méridional.
(Suite au prochain numéro)
Une nouvelle histoire d’eau.
Mes rapports avec l’eau ont une très longue histoire. J’aime l’eau. Je déteste l’eau ; en résumé, j’aime l’eau à la condition de ne pas y être plongé trop souvent.
À la suite d’un traumatisme provoqué par un professeur d’éducation physique, alors que j’étais en classe de sixième, à Mulhouse, un épisode que j’ai raconté par ailleurs, j’ai une sainte horreur des piscines, de leurs carrelages mouillés, de l’air saturé de vapeur d’eau, de l’odeur de l’eau de javel, des cris qui résonnent sous les verrières…
Il y a heureusement bien d’autres endroits pour plonger dans l’eau. J’ai bien aimé les rivages et l’eau de la rivière Seille dans la Bresse de mes vacances.
Je me suis laissé aller aussi sur les plages de la Manche, de l’Atlantique, de la Méditerranée, celle du lac de Serre-Ponçon aussi… Toujours par obligation, car par goût, je n’ai pas celui qui pousse les phoques à se rassembler sur les plages. La bronzette n’est pas ma tasse de thé.
J’ai surtout aimé la pêche à la ligne, retenant, avec mes origines gauloises, le résumé de mon livre d’histoire : « les gaulois vivaient de cueillettes, de chasse et de pêche » !
En 1943, j’étais un petit garçon en garde chez mes grands-parents. Mes grands-parents maternels habitaient Tournus, tout juste au bord de la Saône. C’est précisément à ce moment que m’est venue une vocation de pêcheur.
Il n’y avait alors que la route à traverser et la circulation automobile de l’époque était nulle. Et j’étais bien Vite au bord du fleuve.
Mes grands-parents me laissaient une grande liberté. Le gamin de cinq ans pêchait du bord de la Saône à l’endroit précis où un égout se déversait dans la rivière. C’est là que les ablettes au ventre argenté faisaient dans l’eau sombre un feu d’artifice étincelant au soleil.
Je ne me souviens pas avoir jamais mangé le fruit de ma pêche, heureusement. La pêche était un jeu comme celui qui est proposé aux enfants dans les fêtes des villages.
Et pendant ce temps-là, à Lyon, à moins de 100 km, Klaus Barbie commettait ses crimes, arrêtait et torturait Jean Moulin, loin, très loin des pensées d’un petit garçon qui pêchait l’ablette sur les bords du fleuve.
L’hiver 1943 avait été très rude. Au printemps, 1944 un dégel Rapide allait provoquer ce que ma grand-mère avait appelé « la débâcle », un grand défilé de glaçons que charriaient dans un courant énorme, les eaux tumultueuses de la Saône. un spectacle gratuit comme la nature, parfois sait nous en offrir.
Depuis, il a passé beaucoup d’eau sous le pont qui enjambe la Saône à hauteur de Tournus.
Lorsque je prenais l’autoroute qui mène vers les Alpes du Sud, Je faisais souvent le crochet et je prenais un moment pour revenir à Tournus. La petite ville médiévale est pleine de charme. Çà a toujours été pour moi un bonheur de traverser sa rue principale et de m’arrêter longuement sur les quais de la Saône qui n’ont pas beaucoup changé.
Voilà qui est en contradiction avec ce qu’a dit Baudelaire : « la forme d’une ville change plus vite, hélas, que le cœur d’un mortel ». Il parlait de Paris. Tournus est immuable avec sa rivière, ses quais, ses églises et ses couvents, son petit air presque méridional.
(Suite au prochain numéro)
-
- Messages : 3815
- Enregistré le : 07 nov. 2012, 19:22
- Contact :
Re: Vieux souvenirs
Continues robert c est toujours aussi agréable a lire
- Robert
- Messages : 26755
- Enregistré le : 21 janv. 2009, 20:38
- Localisation : SARREBOURG
- Contact :
- Denis
- Messages : 19667
- Enregistré le : 29 déc. 2008, 19:26
- Localisation : Digne les bains
- Contact :
Re: Vieux souvenirs
Mais si c’est génial Robert!
Quand j’étais petit, l’eau a aussi été omniprésente dans ma vie. J’ai habité Montélimar pendant 12 ans environ, quand mon père était encore militaire, et à coté de chez nous, il y avait une forêt, et un cours d’eau, le Roubion, que nous connaissions par cœur, ou nous aimions aller pêcher. Il y avait énormément d’ablettes, que nous ramenions chez nous pour faire de la friture. L’été c’était baignades à volonté. De l’autre coté de la rivière habitaient d’autres jeunes de notre âge, mais c’était une autre bande, rivale je ne sais pas pourquoi, mais rivale… On ne se croisait jamais, juste quand chaque équipe jouait sur sa berge, et ça finissait régulièrement pas des jets de boue. Mon copain Cedric avait une fois mis un caillou dans sa poignée de boue, car d’après ses dires ça ne faisait pas assez lourd… Il vise et touche à la tête un des gars en face. Le pauvre tombe par terre, pleure un moment, et de colère décide de traverser le cours d’eau pour faire une grosse tête à mon copain… Nous sommes partis en courant, et il ne nous a pas retrouvés. La pire des trouilles que nous avions à l’époque, c’était que les parents se mèlent de nos querelles, et comme nous savions qu’en face il y avait une « caserne » de gendarmes, on avait peur de voir débarquer un panier à salade…
Nous avons donc décidé de nous disperser stratégiquement chez nous, et de resortir quand le secteur serait devenu calme…
Au printemps, les grenouilles arrivaient, on leur faisait faire des courses sur des circuits en boue. Elles ne duraient jamais trop longtemps, sans doute le surentraînement…
Quand nous avons eu des vélos, on allait plus loin, à un lac dont j’ai oublié le nom. On y passait la journée à faire des cabanes… C’était une chance d’avoir la campagne pas loin, et de l’au, surtout…
Quand j’étais petit, l’eau a aussi été omniprésente dans ma vie. J’ai habité Montélimar pendant 12 ans environ, quand mon père était encore militaire, et à coté de chez nous, il y avait une forêt, et un cours d’eau, le Roubion, que nous connaissions par cœur, ou nous aimions aller pêcher. Il y avait énormément d’ablettes, que nous ramenions chez nous pour faire de la friture. L’été c’était baignades à volonté. De l’autre coté de la rivière habitaient d’autres jeunes de notre âge, mais c’était une autre bande, rivale je ne sais pas pourquoi, mais rivale… On ne se croisait jamais, juste quand chaque équipe jouait sur sa berge, et ça finissait régulièrement pas des jets de boue. Mon copain Cedric avait une fois mis un caillou dans sa poignée de boue, car d’après ses dires ça ne faisait pas assez lourd… Il vise et touche à la tête un des gars en face. Le pauvre tombe par terre, pleure un moment, et de colère décide de traverser le cours d’eau pour faire une grosse tête à mon copain… Nous sommes partis en courant, et il ne nous a pas retrouvés. La pire des trouilles que nous avions à l’époque, c’était que les parents se mèlent de nos querelles, et comme nous savions qu’en face il y avait une « caserne » de gendarmes, on avait peur de voir débarquer un panier à salade…
Nous avons donc décidé de nous disperser stratégiquement chez nous, et de resortir quand le secteur serait devenu calme…
Au printemps, les grenouilles arrivaient, on leur faisait faire des courses sur des circuits en boue. Elles ne duraient jamais trop longtemps, sans doute le surentraînement…

Quand nous avons eu des vélos, on allait plus loin, à un lac dont j’ai oublié le nom. On y passait la journée à faire des cabanes… C’était une chance d’avoir la campagne pas loin, et de l’au, surtout…
- Denis
- Messages : 19667
- Enregistré le : 29 déc. 2008, 19:26
- Localisation : Digne les bains
- Contact :
Re: Vieux souvenirs
Tu te rappelles de ton premier vélo, Robert?
- Robert
- Messages : 26755
- Enregistré le : 21 janv. 2009, 20:38
- Localisation : SARREBOURG
- Contact :
Re: Vieux souvenirs
Bien sûr Denis. C’est un Mercier violine au départ.Il est encore dans ma cave de l’immeuble à embrun. Je crois qu’en 2022, il a encore monté de belles bosses. Quand je suis allé à embrun, je n’avais pas pris d’autres vélos
Il est complètement renouvelé avec des freins hydrauliques particuliers pour les freins à patins.
Il a été ré émaillé en gris noir.
Y penser me fend le cœur.