Bien galère pour moi, je suis de plus en plus persuadé que je ne suis pas fait pour ce genre d'épreuve.
D'habitude, j'arrive à compenser un moral défaillant par de bonnes jambes mais aujourd'hui, il n'y avait pas de jambes !
Les seuls moments ou j'ai pris du plaisir c'est lorsqu'on a chassé à 80 km/h pour revenir après la première grosse accélération qui m'avait laissé sur le carreau, lors de la longue bosse de 10 bornes que j'ai monté à bon rythme tout seul et lors des deux dernières bosses ou j'ai lâché tous mes collègues d'infortune.
A part ça, la mauvaise impression d'avoir les jambes très très lourdes !
L'année prochaine, on fera autre chose
Encore difficile de se lever à 3h30. Il parait qu'il va y a voir de la circulation. Météo prévue 30°.
On arrive sur place avec Laulesp et Pierre Marc Lamontagne à 7h00, il valait mieux ça, ça rame pour prendre les dossards et il fallait éviter d'être trop loin dans le parking pour éviter de se mouiller les pieds dans l'herbe fraiche.
Depuis une semaine j'ai de mauvaises sensations à l'entrainement, mal aux jambes, fatigue, je me fais une raison, il faut bien qu'à un moment ou à un autre ça retombe. Mais je n'ai pas tellement roulé depuis l'Antonin Magne. J'ai bien varié mon alimentation aussi, en me faisant plaisir au niveau fruits et légumes...
La CPLP est organisée par le club de DN de Dijon, ils sont quelques un 1ère caté à prendre le départ. Vont ils faire le tempo comme l'année dernière ou faire leur course ? Ils placeront quelques banderilles mais sans plus effet de réduire le groupe de tête à 40-50...
J'ai pris l'habitude de manger une pâte de fruit tous les 30 bornes, à ma seconde que je n'ai fini d'avaler, Jean Charles Martin, un "pro" des cyclos, multi vainqueur de plusieurs place une mine, une vraie. Il adore les longs raids, dont il sort victorieux bien souvent...C'est LE client !
Je me jette dans sa roue, on virre sur une petite route à gauche sinueuse, pas de vis à vis. Il me dit d'emblée de passer, pas sur de mes forces j'hésite car je n'ai pas encore récupéré. Puis je me dit que c'est la bonne occasion, si ça doit revenir derrière avec les Elites ça aura fait de toutes manières un gros écrémage, dont j'ai tout à gagner. Alors pendant 50 bornes je lui prend de bons relais, j'appuie, ça fait mal aux jambes, j'ai cette fois l'occasion d'être essouflé, mais plus on prend de temps, moins nombreux sont ceux qui reviendront.
Des retours je n'ai aucun doute là dessus. Nous nous arrêtons remplir les bidons, ravito plus rapide pour lui que pour moi, il m'attend. A partir du klm 115 je n'ai plus la force de le relayer. Au bout de 15 bornes dans sa roue, il me demande si je vais gagner, inquiet... J'ai 3 raisons de le jouet le jeu et le lui dit. Qu'une je saurais apprécier ma place et arriver avec lui, 2, que sii j'avais la force de passer je ne prendrais pas le risque de perdre cette place et 3, j'ai plus à perdre avec lui qu'à gagner. Il me dit alors qu'il faut y aller et accélère le rythme. Vent de face ça m'arrange. Je suis à moins de 5cm de sa roue...
Les courses que j'ai gagné je les ai faite au mérite, lui il le méritait amplement, donc je respecte. Mais de toutes façons je commence à coincer, en l'espace de 25-30 bornes je n'ai pas réussi à récupérer et ai pris seulement 2 relais. J'ai l'impression de toujours monter.
Tout au long de notre périple je vois pas mal d'emballages, ça ne peut être que ceux du petit parcours, j'ai la haine, j'aimerais en surprendre un, histoire de l'engueuler.
En abordant la cote de Sussey il me prend 5 mètres, puis 10...Il reste 20 bornes, les crampes sont proches, alors je fais tourner les jambes, je me concentre en style CLM à un rythme bien moins rapide, pour ne pas me faire sauter le caisson, mais aussi pour ne pas me relâcher... Aline m'aperçois, nous nous encourageons. Il me prend donc l'idée de rattraper Richard avec qui j'ai fait connaissance avant le départ. Ca sera mon moteur, je ne cesse pas de me retourner, ceux du petit parcours que je ne largue pas franchement je m'imagine qu'ils sont du 160. Il ne faut pas lâcher, utiliser le vent lorsqu'il devient un peu favorable ou moins défavorable.
Je m'imagine être repris par les mecs de Dijon ou encore Pascal Guernut, vainqueur l'an passé, ou par les mecs des douanes...Et si jean Charles perçait ? Ca serait une victoire par défaut, pas à la régulière, mais ça fait partie de la course....Il n'en sera rien. Je n'aurais pas revu Richard, peu entrainé, pas de kilos perdus qu'il avait escompté, pour sa seconde épreuve il n'aura, je suppose, pas été en galère. Tant mieux.
Je fais la dernière descente encore en forçant, ça serait trop bête, je me retourne encore et encore, elle m'aura parue plus longue que de la monter au départ...
Ma place de 2 est acquise. Je finirai 2 minutes derrière JC Martin ....et 4 minutes devant le 3ième...J'ai eu raison de me faire mal, mais le scénario a parfaitement fonctionné plus nous allions loin à 2, moins nous avions de chance de voir revenir du monde. Scénario idéal...
Encore une marche à franchir sur le podium, je n'y pense même pas, saisir des occasions, bien gérer mon effort est le principal. Faire une "mauvaise" place comme une bonne, quand la journée se passe bien, pour moi c'est pareil. Je sais qu'hier j'ai fait la course parfaite, JC est très costaud, imbattable pour moi. Pourtant ces efforts consentis vont m'aider dans un futur proche, je suis rassuré, je peux me faire mal, alors ça m'aura aidé à progresser.
Depuis le début de saison, je considère que je n'ai que des victoires, mes résultats allant bien au délà de mes espérances. La première marche d'un podium n'est pas la finalité pour moi. Le plaisir, discuter avec des gens, partager est déjà une victoire.
Les 2 Laurent m'ont bien fait plaisir hier en remontant, peu à peu ils apprendront à progresser ainsi, et nous pourrons leur montrer et leur dire comment.
Ce matin, je me lève à 5 heures du matin avec une aisance déconcertante. Comme quoi, quand on aime !
Avec Philou nous prenons un petit dèj convivial et très agréable. Nous enfourchons la Peugeot à 4 roues (je dis enfourchons, parce que c'est une voiture qui fait au moins 7 chevaux), pour prendre l'autoroute c'est plus simple, (et pour charger nos vélos aussi d'ailleurs).
Me voilà en passager, découvrant sur le soleil levant, la campagne du Morvan. Elle me tend les bras cette campagne en remarquant bien qu'ici, c'est bien vallonnée ! Je pense déjà à tout ce que je devrais monter, sans pour autant m'en faire une montagne.
Nous nous arrêtons pour le café et pour une pause WC indispensable. Pouilly-en-Auxois et ces quelques coureurs déjà aux aguets nous plongent dans l'ambiance cyclo que je ne connais guère.
Arrivé à Chailly, nous nous garons sans mal grâce à un service d'ordre exceptionnel qui ne se démentira pas tout le long du parcours ! Je pense tout de suite, au service que ces gens nous rendent en sacrifiant leur samedi pour que tout se passe bien.
Le programme est simple, nous devons aller nous engager, prendre le dossard et le fameux ticket qui nous donnera droit à une bouteille. Il y a un peu de monde, mais tout est ok... Dossard 603. Maintenant on va s'habiller. On épingle les dossards, moi qui fut épinglé hier à Paris pour un feu rouge grillé j'en sourirai presque. (Presque).
Nous allons au départ, en espérant saluer nos cyberpotes... Et à peine nous approchons de la ligne que je reconnais Karl, Laulau, Laulesp tout de suite après. Il n'y a pas à dire, se croiser en vrai c'est quand même autre chose ! Nous nous encourageons et Philou m'emmène reconnaître la première bosse. Ce n'est pas trop loin, puisque c'est 50 mètres après la ligne. Et je vois bien l'objectif : Me rendre compte que ça grimpe.
Lorsqu'on revient le départ des 165 km est donné et cela me donne l'occasion d'encourager Karl ! Il fait le départ, il va se la donner c'est sûr !
Quant à nous, nous ne faisons pas le départ. Nous accrochons le peloton et là, je saute très très rapidement. Le peloton est dense, les mecs se placent, moi je suis un petit joueur avec mon expérience de petit peloton à Vincennes. Les mecs me passent devant, Philou est loin déjà et moi j'essaye d'accrocher tout ce que je peux, c'est à dire pas grand chose. Très rapidement, un groupetto se forme mais je n'arrive pas à recoller. Un Proimmo m'interpelle et m'encourage : "allez vas-y on va rentrer..." Mais là, je ne sais plus où j'habite, enfin si, justement je le sais trop bien, j'habite pas loin de Vincennes et les côtes sont plus rares que les arbres.
Mais je ne me décourage pas, je roule, je fais ce que je peux et je profite du profil, ça monte, ça descend, je me sens bien. Bientôt j'aperçois Philou, il m'attendait après Saulieu.
Il m'encourage et très vite nous rejoignons un groupe. Je me sens mieux, mais toujours difficile pour moi de m'imposer à ma place dans sa roue. Trop de cyclistes d'expériences me passe devant avec une facilité déconcertante et je me retrouve en bonne place mais déjà en milieu de paquet.
Nous arrivons au ravito. Nous nous arrêtons, alors que nous ne voulions pas vraiment nous arrêter, pour une petite bouteille d'eau, au final, ça me coûte de repartir.
Une nouvelle fois ça grimpe, ça roule fort et je me sens de mieux en mieux... Je grimpe, je passe devant, tout en pensant que je paierai cet excès d'orgueil, même si j'ai les jambes, je sais qu'en vélo tout se paye.
Tout se passe bien, je profite du paysage, de la rivière qui coule sur les pierres. Philou me rejoint, je prend sa roue, mais comme toujours, j'ai du mal à la garder.
Mais, alors que la côte avant St Brisson a puisée dans mes réserves, la côte d'après, est pire. Elle semble me dire, c'est là que tu payes l'addition !
Mais je résiste. J'appuie, je tire et je pousse, et malgré tout je passe cette bosse. Je sais qu'à partir de maintenant je suis seul. Même si la route est parsemée de cyclistes, qu'on me passe, et que je passe à mon tour quelques uns, je dois finir dans les temps de mon objectif (4h30).
Alors, je roule en rythme, en mettant à profit tout les kilomètres déjà parcourues. C'est un peu avant Liernais, que le dossard 496 me passe en me demandant si nous sommes loin de l'arrivée.
Je n'avais pas regardé mon compteur de kilomètres pour me concentrer uniquement sur mon pédalage. Je regarde et lui dit qu'il nous reste 23 bornes. La coursière n'est pas ravie de la nouvelle et je décide de rouler avec. Nous suivons le parcours, mais nous ratons un flèche sur la gauche avant Liernais. Il semble bien que nous faisons des bornes pour " peanuts ", et je décide d'arrêter pour utiliser le gps de l'iPhone. Bingo ! Il faut faire demi-tour, en se coltinant une côte. Nous rejoignons le parcours et sommes heureux de voir de nouveau les organisateurs et leurs indications. Nous suivons notre progression, je fais en sorte de n'être jamais trop en avant et de n'être jamais trop en arrière du dossard 496, dans l'effort on ne se demande pas le prénom, on se contente de rouler et de s'encourager !
Bientôt la côte de Sussey me fait mal, mais je sais que nous ne sommes plus très loin de l'arrivée. Je m'installe dans la douleur et me dit que le vélo est une sacrée expérience de vie. Cette côte n'en finie pas et le faux plat constant m'use à petit feu. Moi qui à la flamme, je ne vais pas me laisser faire !
Seulement, lorsque nous tournons à droite et que la côte s'élève encore, je me demande en roulant à 9 km/h pourquoi exactement je fais du vélo ? J'ai beau actionner mes vitesses je suis au bout, ma chaîne n'ira pas plus loin, et elle en connaît un rayon ! (facile, mais j'avais envie de l'écrire).
Dans le sous-bois, j'ai le temps de lire que je serai pris en photo, et que je dois sourire à 500 mètres. La photo ne risque pas d'être flou à l'allure où je passerai. 500 mètres au final, c'est une longue distance lorsque vous n'avancer pas vite.
Je me force à sourire et je me force surtout à finir. J'ai mal au jambes, mais j'arrive à jauger que je peux finir sans être dans le rouge.
Enfin nous tournons à gauche, encouragés par quelques spectateurs qui nous félicitent et la récompense de la descente revigore et rafraîchit.
Je laisse le dossard 496 devant, ces 30 kilomètres à s'aider mérite qu'elle passe la ligne avant moi.
Je descends et reconnais Chailly, la ligne d'arrivée et ... Philou qui m'attend.
Je récupère mon diplôme, 3h54 à 27,12 de moyenne, je me sens très bien et je suis très heureux de ma performance. En sachant que j'ai parcouru 6 ou 7 bornes en plus et que j'ai perdu au moins 10 ou 12 minutes dans l'histoire, je suis agréablement surpris du temps que je fais, alors que mon objectif était de faire 4h30 au mieux.
Je descend de mon vélo, satisfait, en ayant au final pas mal aux jambes et en étant pas du tout épongé. J'ai profité de ce parcours difficile et j'ai aimé l'ambiance. Les moments difficiles sont de ceux qui vous forgent des souvenirs.
Sur la route du retour, le soleil est loin encore de décliner, l'apaisement et la satisfaction m'envahissent, courir pour la paix, c'est aussi courir pour SA paix et alors que je termine ce CR dimanche matin, je m'aperçois, que je n'ai aucune douleur, sauf celle de découvrir la tête que j'ai sur les photos... Mais c'est une autre histoire !
Bravo Karl pour ta place !
Heureux d'avoir été à un moment ton "moteur". C'est très agréable en effet de se voir, et de se dire que nous sommes sur les mêmes routes pour partager un effort ! Une petite tranche de nos vies... Mon CR est au-dessus ! Tu pourras te rendre compte (hihi) de ce que j'ai vécu !
Et encore bravo pour ton podium, en voyant ton sourire au départ, je me suis douté que tu allais faire quelque chose !
Bonjour tout le monde,
Hier soir, j’avais posté un petit message mais il n’ai pas passé. Je l’ai retapé mais rien. L’orage sévissait et les tuyaux ADSL déjà lents en temps normal devaient être bouchés et pas le courage d’en faire un 3ème.
A+
On croit que les rêves sont faits pour être réalisés. C'est le problème des rêves. Les rêves sont faits pour être rêvés.
Coluche
Même pas fatigué le Karl. Il se lève à 3 H 30. N’a pas de bonnes sensations au départ mais fait deuxième et il poste son CR le premier à 7 H 30 ce matin.
Non vraiment, bravo pour ta place bien méritée et qui est le fruit de beaucoup d’années de compétition, d’expérience, de volonté et de passion.
Un CR aussi détaillé que passionnant. Un direct de course différé mais palpitant à lire.
Sinon perso, bien récupérée. Mal nul part ce matin. J’aime la chaleur mais entre 12 H et 13 H le dieu Ra ne nous a pas fait de cadeau.
Je prépare un petit CR dans la journée vu que le temps est humide et frais.
On croit que les rêves sont faits pour être réalisés. C'est le problème des rêves. Les rêves sont faits pour être rêvés.
Coluche
Merci pour ton CR qui aide à cerner une personne sur le vélo et qui enfin m'apporte une réponse à la question que nous nous fasions : "Pourquoi faisons nous du vélo ?"
Tout simplement pour prolonger la route et savoir de quoi nous sommes capable, de pourvoir repousser nos limites. Ce qui m'explicite de façon plus simple que chacun de nous se fait plaisir à son niveau.
Toi pour l'instant je pense que tu as encore pas mal de limites à repousser. Si les 2 Laurent ont un bon entrainement, leur progression ne peut se faire presque de façon tactique et d'apprendre à se faire mal pour prendre les bonnes roues et se faire au rythme imposé. Toi physiquement tu as encore de la marge...Mais encore faut il que l'organisation le permette...
Je me souviens aussi du bruit et de la vision des ce ruisseau, aussi des lacs que nous avons traversés en "ramant". Sans couper l'effort je n'ai pas oublié de tourner la tête.. Ca apporte un peu de paisibilité ces paysages, ces villages traversés d'autant plus que je n'étais en peloton, donc tout le loisir d'en profiter sans devoir faire attention aux trajectoires...