Réforme de l'orthographe.

[Robert]

Bonjour à tous,

J'ai un petit scrupule à intervenir à nouveau dans cette rubrique (et la culture, que diable) ; en effet, cette présence insistante pourrait vous en laisser déduire que j'ai la vanité de penser que je suis cultivé. C'est pourtant tout le contraire et avancer en âge ne fait que me persuader que je ne sais rien, n'ai rien compris ; que vivre mille ans me laisserait encore sur ma faim ...

Mais revenons sur le serpent de mer qui me sert de sujet aujourd'hui : La réforme de l'orthographe.

Je le dis sans ambages, je me range du côté des conservateurs, aux côtés des rétrogrades allergiques à toutes les tortures et simplifications que l'on voudrait par moments faire subir à notre belle langue. Et pourtant, j'ai le douloureux souvenir d'un apprentissage lent et chaotique des subtilités du français ; au point que de dépit, je m'étais rangé résolument du côté des "scientifiques" pour qui la linguistique n'est qu'une science vaine et sans le moindre débouché concret !

Il ne me reste plus qu'à avancer quelques arguments.
- L'orthographe est un moyen de faire travailler nos méninges, notre mémoire aussi ; à ce titre c'est un exercice qu'il faut encourager.
- Notre langue a servi de support d'expression à Rabelais, Montaigne, Molière, Voltaire, Hugo , liste non exhaustive ... Pourquoi modifier un moyen d'échange si efficace.
- Notre langue est le ciment qui nous réunit sous une bannière commune, qui nous permet de nous identifier, de nous comprendre, d'échanger d'une manière fine sentiments, idées, pensées. Accepter qu'elle soit dévoyée, régionalisée, américanisée, appauvrie, me désole.

Je ne prétends pas avoir raison, mais souhaite provoquer un débat, conscient de n'être précisément détenteur de LA vérité.
Donc, la polémique est ouverte !
Et si à un moment ou un autre j'ai écorné un peu la science que je prétends défendre, je vous en demande, par anticipation, pardon !

[Denis]

Que je te rejoins Robert! On ne sait rien! Mais bien savoir ce que l'on sait, c'est deja pas mal.
Pour l'orthographe, je t'avouerai que je me souviens encore des dictées du samedi matin, que je faisais avec délectation, car je savais que c'était la bonne note assurée. Passé un moment je m'essayais à la dictée de Pivot, avec moins de resultats, car elle était vicieuse la bougresse! Je ne peux pas m'endormir sans avoir lu quelques pages (sans doute ce qui m'a aidé pour l'orthographe). D'un autre coté, je me dis que la langue a bien évolué en 2 ou 3 siecles, et qu'il est difficile de déchiffrer certains mots. Il n'y a pas eu besoin de réforme, cça s'est fait tout seul, non? Peut etre faut il se dire que le français est une langue vivante, et que donc au fil du temps, comme quand on prend des années d'experience, il change. MAis je ne suis pas pour la simplification de cette belle langue. C'est très bien comme ça!

[Robert]

Ton intervention, Denis, me remet en mémoire une citation de Joseph Cressot, dont on a parlé par ailleurs à propos de tuer le cochon.
Parlant de son instituteur, Cressot disait :
"Notre maître savait peu de choses, mais ce qu'il savait, il le savait bien".
Sujet culturel très ancien : le "tête bien faite" et "la tête bien pleine" ... avec toutes les situations intermédiaires possibles !
En tous les cas, à te lire, je regrette de n'avoir pu être ton instituteur !

[Denis]

Tu ne sais pas ce que tu dis, Robert!
Quelques extraits de mes bulletins: "doit arreter de confondre la classe avec un cirque", "étourdi mais attachant", "tete en l'air". Mais jamais irrespectueux, car si un prof me punissait avec justesse, j'en prenais le double à la maison!

[Robert]

Etourdi ?
Je ne compte plus les fois où j'ai oublié mon sac à dos, mon appareil photo ou mes lunettes. En général au sommet d'un col ou d'une jolie bosse ce qui actualise le dicton :
"Quand on n'a pas de tête, il faut avoir des jambes !
Sans compter que pour l'orthographe, l'étourderie n'est pas vraiment une qualité !

[Manyairs]

De ton côté Robert, je me rangerai aussi !
Conservateur, rétrograde ou je ne sais quel autre terme péjoratif, je m'en moque...
Bafouer notre langue, ce n'est plus la respecter, c'est baisser les bras face au refus des efforts, au refus de la distinction, du plaisir d'apprendre, du plaisir de l'exercice, du plaisir de se faire un peu mal pour avancer, un peu, chacun à son rythme !
Nous autres, les cyclistes, nous savons ce que le sens de l'effort peu nous apporter dans notre vie de tous les jours. Ne plus faire attention à la façon dont nous parlons, dont nous écrivons, c'est délibérément abandonner l'idée que le langage peut nous réunir tous, sans distinction de race, de couleur, d'opinion religieuse ou politique.
Je me range de ton côté, je me range du côté de l'effort, de la langue magnifique qui est la nôtre, avec ses qualités et ses défauts, pour que le partage continue à être un partage dans le respect, dans l'immense joie d'utiliser le bon mot pour exprimer la bonne pensée, sans jamais rien trahir.
Des fautes, j'en fait, je cherche toujours à ne pas en faire, à me corriger, à m'améliorer. Je lis pour mieux apprendre, j'apprend pour mieux comprendre ; penser le contraire, réformer pour abaisser encore et toujours l'exigence et les niveaux, c'est se voiler la face contre notre incompétence à partager notre trésor commun, ce qui nous distingue de l'animal, ce qui empêche d'utiliser la violence... Les mots, le dialogue précis pour éviter les malentendus.

[Robert]

Merci Richard.

Nous sommes déjà trois (Denis, toi et moi) à appeler de nos voeux un conservatoire de la langue, l'orthographe et sa réforme n'étant qu'un prétexte pour en parler.
Je me désole et m'étonne de constater que dans la formation, pourtant de plus en plus longue et ardue dont ils sont issus, certains de nos jeunes enseignants soient aussi légers dans leur expression écrite et orale ... Je suppose que les exigences de l'institution sont ailleurs et je me permets de le déplorer.

Si j'étais en position d'avoir des exigences, celle-ci serait pour moi très prioritaire.

Je suis si véhément, car j'ai lu récemment la prose incertaine d'une jeune enseignante ; une seule page d'écrit comportait une bonne dizaine d'offenses diverses à l'orthographe, avec des erreurs qu'il n'était pas possible d'imputer à la simple et commune étourderie. Et je m'abstiens de juger de la syntaxe du dit écrit ...
Si, d'une manière générale, je suis amical et indulgent avec tous les potes dont ce n'est pas le métier et qui par ailleurs ont bien d'autres talents, je serais très exigeant à l'égard de ceux dont c'est la profession de manier notre belle langue sans la moindre erreur.

[Tadkozh]

....personne ne s'étonnera que je partage en long, en large et en travers les sentiments de mon aîné...!! c'est un "ciment", un liant qui participe à notre unité qui n'est pas si vieille d'ailleurs (géopolitiquement s'entend.... ).

Tadkozh

[Robert]

Tad, ce n'est plus la France de Dunkerque à Tamanrasset (peut-être t'en souviens-tu ?) mais la France de Brest à Strasbourg !

[Tadkozh]

Tad, ce n'est plus la France de Dunkerque à Tamanrasset (peut-être t'en souviens-tu ?) mais la France de Brest à Strasbourg !

...bien sur mon bon Robert...! mais là, en l'espèce, mon propos ne visait que l'hexagone...

Tadkozh