Malgré cela, nous ne sommes pas nombreux au départ : à peine 45 engagés sur le grand parcours de 160 km (raccourci à 151) et moins d'une centaine sur le petit parcours de 90 km. Les cadors (De Vecchi, Dubreuil) et combattants des différentes catégories du trophée de bourgogne sont présents à l'appel.
Côté Cyberpotes, les absents ont eu tort ! Car ce fut un carton plein avec 3 podiums pour 3 engagés

Sur le grand parcours, départ groupé vers l'Est en direction d'Autun (perso j'ai un peu d'appréhension, je me souviens qu'un dimanche matin de fin juillet 1994, j'ai fait quelques tonneaux en voiture en sortant d'Autun) pour repartir dans l'autre sens droit sur Saint-Léger-sous-Beuvray, où nous savons tous que les choses sérieuses vont commencer...
Pas de surprise, dès la sortie de St-Léger, les costauds accélèrent, accélèrent dans le long faux-plat, la route s'élève petit à petit. J'arrive à boucher les trous qui se présentent un à un devant moi, je crois flancher, mais ça se calme légèrement au passage du col du Rebout, je rentre en compagnie de Gilbert Thimon de Trambly, nous ne sommes qu'une quinzaine, Karl m'implore de garder le contact, alors que j'essaie de récupérer, je n'ai pas de peine à reprendre mes esprits et dans la petite montée qui suit, alors que quelqu'un vient de dire que ça va revenir derrière, je m'en vais imprimer le rythme à l'avant, dans cette belle montée à 3/4% au coeur de la forêt de la Gravelle. Du coup ça repart et je retourne à mon poste de prédilection, l'arrière...!
Voici une longue descente, en direction de Luzy. Elle n'est pas spécialement difficile, ni technique, mais les descentes, il n'y a rien à faire, je n'y arrive pas. Je prends le large, obligé de tout donner pour ne pas perdre le contact. Elle dure un paquet de km, cette descente, c'est terrible, je passe par tous les sentiments, obligé de relancer après chaque virage où je freine mécaniquement même quand ce n'est pas nécessaire !
Quelques gravillons au détour d'un virage et la situation empire. Maudite appréhension...
Malgré tout, j'arrive à limiter les dégâts, et au sortir de la descente, j'ai pu rattraper 3 gars pas beaucoup plus doués que moi, et le peloton est à environ 350 m. Je me mets à la planche, ça va revenir, un motard vient proposer de nous ramener... je ne réponds pas, mais il se porte à la hauteur d'un autre gars devant, qui accepte volontiers. De toute façon, il ne reste que 100 m à boucher...
A cet instant, environ 50 km parcourus et nous ne sommes plus que 27 dans le groupe de tête, duquel personne ne s'est encore extrait, malheureusement. Malheureusement car souvent lorsque les meilleurs sont devant, il est plus facile de suivre ce qui reste du peloton !
Nous prenons une petite route vers l'Ouest pour traverser le village de Chiddes, avec son mur d'entrée de ville, il y a bien au moins 12% sur 300m. Les sensations sont franchement mauvaises, je n'arrive pas à forcer la machine, et en plus mes puls sont beaucoup trop hautes, je dépasse allègrement les 160 bpm à la moindre accélération, ce qui m'est inhabituel. Est-ce le départ en début d'après-midi ?
Les petits chemins vallonnés du côté de Sémelay sont agréables, mais font bien mal aux jambes. Les accompagnateurs motos proposent de petites bouteilles d'eau à ceux qui le souhaitent, après le points ravitaillement de Sémelay.
Après cela, c'est une longue balade à travers les Bois de Chevannes, jusqu'à Vandenesse. Karl se porte régulièrement à l'arrière pour prendre des nouvelles... Je ne suis pas bien, toujours ces puls trop élevées, manque de souffle...
Après Vandenesse, on prend le chemin du retour, qui passe par Saint-Honoré les Bains, avec une petite côte que j'ai encore du mal à passer.
Un peu plus loin, nous quittons la large route départementale pour un passage en sous-bois, après un virage à droite. Comme à mon habitude, je vire dernier, je relance assis et... je dois boucher un gros trou car ça s'est mis à accélérer devant... Je me suis encore vu passer à la trappe.
Le groupe devient de plus en plus nerveux au fil des km, tout le monde se demande quand les meilleurs vont attaquer, moi le premier...
La réponse ne va pas tarder.
Villapourçon traversé, ça se met à visser en tête. Je n'ai rien vu de ce qui se tramait, occupé à boucher mes trous à l'arrière. Aussi, je dois en mettre un sérieux coup sur les pédales pour remonter petit à petit le peloton éparpillé... Je vois l'un de mes concurrents pour le trophée qui est en train d'exploser 200 mètres devant, je fais l'effort pour tenter de le rejoindre... Je ne pourrais dire combien ils sont devant (ils étaient 6 en réalité dont Karl), car la zone est fortement ombragée et tortueuse.
Au sortir de la côte, à Dragne, de retour sur la Route Départementale, nous formons un petit groupe de 6 ou 7, mais je commence à accuser le coup. Le rythme imprimé par mon concurrent direct est nettement trop élevé pour moi à ce moment-là. Est-ce le contrecoup de mon effort particulièrement violent, qui m'a vu monter jusqu'à 179 bpm, un record pour moi depuis 3 ans ?
Toujours est-il, qu'au niveau du ravitaillement situé au pied de l'ascension du Haut-Folin, je lâche prise... Pour ne rien arranger, alors que j'essaie de récupérer un verre sans m'arrêter, 2 coureurs me passent sous le nez, et dans un état semi-comateux, je laisse tomber le ravito et continue ma route.
Impossible de reprendre le rythme. C'est la grosse panne de jambes, et j'ai une barre bien douloureuse dans le bas du dos. Peut-être mon passage chez l'ostéo dans la semaine...
La situation est délicate : j'ai reculé instantanément d'au moins 6 rangs.
Je vais passer 5 km d'ascension difficile, même si la pente est douce, je suis à pied, je me contente de tourner les jambes. Je me vois déjà rétrograder de groupe en groupe...
A quelques encâblures de la fin de l'ascension, le groupe suivant me reprend, mené tambour battant par la "mobylette" de service, autre concurrent pour le Trophée, coéquipier d'Augusto Gomes, Ferdinando Marinozzi. Bigre, il n'amuse pas la galerie... Je parviens péniblement à prendre les roues du groupe, alors qu'on bascule dans la descente roulante mais dangereuse du fait du revêtement indigne d'une route dite praticable. A fond, à fond... je serre les dents.
Petit virage à droite pour prendre la direction du Haut-Folin, en traversant le Fâchin de sinistre mémoire (

Il y a encore ces longs passages au travers des forêts de la Gravelle et de Saint-Prix, avant d'aborder ce qui sera le point d'orgue de la cyclosportive, une nouvelle grimpette de 5 à 6 km dans le Massif du Haut-Folin : longue, irrégulière avec des zones de replat ou de pente moins accentuée et quelques raidards posés ci et là... A chaque détour de virage, on pense en voir le bout, en haut de la butte suivante, puis dès qu'on s'élève un peu, on voit la bosse d'après... De vraies montagnes russes !
Notre mobylette fait l'essentiel du travail, je me demande comment il fait, je ne peux lui prendre que 2 relais en tout et pour tout... Tout d'un coup, heureuse surprise : nous venons de voir, dans une bosse un peu plus loin, le petit groupe qui m'avait faussé compagnie quelques 25 km plus tôt... Autant dire que la motivation, si besoin était, en est décuplée. D'autant plus que maintenant, la forme est bien là !
Enfin, le sommet : 901 mètres pour le Haut-Folin. Nous ne sommes plus que 3 au sommet !
Mais dans la descente, impossible de suivre ma mob', je suis repassé par les autres membres du groupe et je dois une nouvelle fois m'accrocher : 10 km de descente à toute allure. Je prends de l'assurance au fil des virages, aussi je ne suis jamais totalement décroché.
Au détour d'un virage, alors que je lutte pour grapiller mètre sur mètre dans la descente, je roule sur un caillou qui est projeté un peu plus loin. Mais j'entends un "bang" assez discret... Un peu inquiet, je ne constate rien dans l'immédiat. Je serai surpris à l'arrivée d'avoir un boyau arrière bien dégonflé (environ 4 bar), sans que le comportement du vélo n'en ait été à première vue impacté. Rassurant !
Le groupe revient enfin sur le peloton de devant en toute fin de descente, et moi un peu après, dans le virage en épingle à hauteur de Saint-Prix, dans un grand bruit strident de patins de freins avant, j'ai décidé de freiner fort au dernier moment pour rentrer quand tous manoeuvrent pour tourner. Ouf !
Il reste encore une petite bosse et une longue zone de plat, de quoi se remettre des efforts consentis pendant la descente.
Nous sommes une bonne quinzaine. Un gars de l'ECF me demande s'il reste beaucoup de km : à mon compteur j'ai 147 km, soit 13 km restant à effectuer. Je lui dis aussi de rester prudent, car dans le coin, les distances des cyclosportives sont largement surévaluées...
Bonne pioche, 2 km plus loin, des pancartes jaunes sur la droite font la promotion d'une fête à la Grande Verrière, suivies du panneau d'entrée de ville ! Nous y sommes donc déjà !
Il reste à préparer le sprint... Après ce que j'ai vécu, je ne veux pas laisser passer ma chance. Je suis en fond de paquet, mais je me replace seulement en attendant de rentrer sur la longue ligne droite d'arrivée que j'ai repérée avant le départ. J'arrive à repasser presque tout le peloton, et surtout mes principaux concurrents, pour finir sur les talons des 2 gars qui étaient partis les premiers.
Revenu du diable vauvert !
9ème, me dira Karl juste après l'arrivée !
2ème dans ma catégorie, seulement devancé par le vainqueur de la cyclosportive, le champion de France Masters et vainqueur de la Jean-François Bernard la semaine dernière (entre autres), David de Vecchi.
Enregistré, conformément au règlement de la cyclosportive du jour, dans la catégorie 30/39 et non comme habituellement dans la catégorie Z (Elite), je devrai me contenter de la seconde place sur le podium... On ne peut pas toujours tout avoir !
Au moins ça fait plaisir de tous se retrouver sur un podium, de temps en temps

Photos à venir !