La chute (suite)

Quand j'étais môme, le garde-champêtre tambourinait sur la place du village, criait alentours "Avis à la population !" pour informer et rappeler les règles.

Dans cette rubrique, quelques rappels de l'attitude Cyberpotes. Vous trouverez aussi, à l'occasion des infos destinées à tous !
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Robert
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Message par Robert »

CHAPITRE 7




RUPTURE






Elle devait s'achever le lendemain. Sans doute cette fracture était-elle écrite déjà, sous l'orage de cet après-midi d'été que Pierre venait de revivre en songe...

C'est l'heure attendue du souper, décor inchangé. Le nain de jardin qui assume les fonctions de vaguemestre survient au moment où Pierre grignote machinalement le trognon de la pomme qui a servi de dessert.
- Maréchal des Logis Desarmoise!
- Ici!
Pierre s'est saisi de la lettre, sa lettre, celle qu'il a tant attendue. Il reconnaît l'écriture familière de Claire, ronde et nette, au libellé de l'adresse. Le vaguemestre n'a eu aucune difficulté à lire le nom du destinataire de ce message. Pierre ne pense plus qu'à s'isoler pour lire la lettre de l'aimée. Seul, il veut être seul, s'isoler, comme s'il voulait garder pour lui seul ce plaisir d'être un instant avec ELLE.
S'isoler est facile à cette heure du jour. Après le souper, chacun prend l'air si doux par la chaleur restituée par le sol chauffé au grand soleil de la journée qui s'achève. Pierre se dirige vers le dortoir où il sait qu'il ne sera pas dérangé. Il s'assied sur le lit sommairement bordé et ouvre l’enveloppe avec le couteau savoyard qui jamais ne quitte sa poche.
D’emblée, la missive lui semble bien courte pour avoir été si longuement attendue. Ce que Pierre lit...

Arroubange, le 8 novembre 1960



Pierre, je dois te dire des choses qui, je le sais, te feront mal. Cependant, plus j'attendrai et plus difficile et douloureux sera mon message.
Quand nous nous sommes quittés, fin août, je n'ai pas osé te dire mon désir de mettre un terme à notre relation. Le temps passé loin de toi, au fil des jours, a usé insensiblement l'amour si fort que j'avais ressenti pendant les deux années où tu as été tout pour moi. Et puis il y a eu notre longue séparation, et sont intervenus dans ma vie des changements sur lesquels je ne souhaite pas m'étendre. Je n'ai pas envie d'en parler; les connaître ne t'apporterait rien.
Je sais que le moment pour te dire ces mots qui te feront du chagrin est bien mal choisi, je sais que tu m'en voudras, à juste titre, mais je ne veux plus que tu m'écrives. L'amitié ne remplace jamais les amours mortes. Ne cherche pas à me revoir. Je ne pourrai jamais plus être celle que tu as aimée car celle-ci n'existe plus.
Claire

Pierre replie la feuille maudite, la glisse dans l’enveloppe, froisse le tout et écrase la boule de papier informe au fond de la poche de son treillis. Pour l’enfouir, la faire disparaître, comme pour nier l’existence du passé. Claire? Qui est-elle cette femme soudain étrangère. Il navigue indécis entre rage et abattement...
Il s’étend sur son lit, le nez dans les couvertures, les bras en couronne au-dessus de la tête. Ses mâchoires se crispent comme s'il tenait entre ses dents l'ennemi qu'il voudrait broyer. Ne plus rien voir, ne plus rien entendre, sombrer lentement dans l’inconscience. Pleurer. Pleurer lui ferait du bien mais les larmes se refusent à ses paupières closes. Il n’y croit pas vraiment. Il est dans un cauchemar dont le jour va le tirer, inéluctablement. Mais non, il s’est retourné dans son lit, a senti la boule de papier écrasée au fond de sa poche. Toute sa vie tient dans le détail de l’existence ou de l’absence de ce simple fragment de papier froissé. Pierre est à présent étendu sur le dos et sa main droite se referme au fond de sa poche sur le message enfoui. Il le déplie. Apparaît l’écriture maudite qu’il a tant attendue pourtant.« Ne cherche pas à me revoir.Je ne pourrai plus jamais être celle que tu as aimée... »
Pourquoi? ...Pourquoi?... La question demeure sans réponse. Aura-t-elle jamais une réponse? Qu’importe de savoir lorsqu’on ne peut infléchir le cours du destin.
Pierre pleure à présent. Il est sûr que le passé n’est plus. Il s’est à nouveau enfoui le visage dans les draps rudes de son lit. Il pleure à présent, silencieusement, dans la nuit pleine des stridulations des insectes, dans la nuit douce de l’automne algérien finissant. Par la porte du dortoir restée ouverte entrent les rumeurs du camp, des bruits confus de pas, des voix, des chocs. La vie ralentie s’est établie sur le djebel. Pierre est seul. De sa blessure coule l'amertume, lentement.
S’endormir. Oublier, oublier un instant, le temps de plonger dans la nuit.
S’habituer à l’idée que demain ne sera pas comme hier...Laisser au temps le soin de cicatriser les plaies.
Demain, le soleil se lèvera sur l’Atlas, chauffera les pierres de l’oued asséché et murira de l’oranger les fruits pleins de promesses
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Denis
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Re: La chute (suite)

Message par Denis »

La salope, comme dirait mon associé Sebastien! :mrgreen:
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Lolo90
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Re: La chute (suite)

Message par Lolo90 »

C'est bien triste :cry:

Mais cette période devait être très difficile à vivre pour ceux qui sont partis en Algérie évidemment mais aussi pour ceux et celles qui sont restés , les familles, les fiancés :?
On ne peut jeter la pierre à quiconque
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Robert
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Re: La chute (suite)

Message par Robert »

Dans la tête de Pierre défilent ces images. Rencontres et séparations.
Les trains. Les gares. Le rail rigoureusement déroulé sur de noires traverses de chêne et sur l’inconfortable lit du ballast de pierres irrégulières que l’homme a arraché aux rocs de lointaines montagnes. Il les a posées là il y a bien longtemps, pour s’ouvrir un chemin nouveau, un chemin de fer.
Reflets froids sur l’acier froid de la voie mouillée. Il bruine. Une pluie glaciale vernit l’enchevêtrement inextricable de pylônes, sémaphores et poutrelles métalliques qui campent le paysage ferroviaire. La nuit est tombée, trouée de lumières.
C’est un soir de décembre, sur le quai d’une gare balayé par le vent.
Ils sont là tous les deux, frileusement enlacés. Les cheveux de Claire que le vent soulève caressent le visage de celui qui la tient amoureusement serrée contre lui. Elle frissonne. Ils sont jeunes et adultes depuis peu. Rite iniatique commun à l’humanité toute entière, de tous les temps et de tous les lieux, ils se sont mariés la veille, sans prêtre, sans amis, sans parents, sans église, sans musique, sans couronne de fleurs d’oranger, sans robe blanche, sans costume ni cravate, sans banquet ni pièce montée, sans riz jeté à la sortie de l’église, sans bénédiction ni écharpe tricolore, sans les articles du code civil, sans folklore. Ils se sont mariés seuls, par leur unique volonté, parce qu’ils s’aiment. Hôtel minable dans une ville grise. Ils se sont mariés et le lien qu’ils ont patiemment tissé entre eux s'est concrétisé aujourd'hui dans leur chair. Ils pensent qu'il est éternel et inaltérable. Ils ont découvert l’amour total, par le corps et par l’âme mêlés, avec toute la perversité propre à l’espèce humaine.
L’homme repense furtivement au décor si banal de la petite chambre, à l’hôtel caché dans la ville morte qui a servi de cadre à cet événement flamboyant et magique de leur amour. Il n’oubliera jamais la magnificence de son corps de femme si blanc et si pur de nudité offerte, ses yeux rayonnant du bonheur d’avoir soudain quitté l’enfance.
Claire est encore là dans ses bras et il savoure le bonheur de la sentir sienne.
Elle ne dit rien, le silence dans le bruit de la gare. Elle a posé son front au creux de l’épaule de son amant, bras menus au cou de celui qu’elle aime. Elle sait qu’il est fort, qu’elle ne sera plus jamais seule, même si bientôt ils vont devoir se séparer. Il la tient plus serrée dans ses bras. Elle partira sans crainte. Il poursuivra sa route. Ils pensent très fort qu’ils se retrouveront.
Des employés, uniformes bleus et casquettes étoilées, apparaissent, venant de nulle part, dans un rôle silencieux et incompréhensible au voyageur profane.
La foule. La foule s’agite soudain autour de Claire et Pierre. Il ne voit que la femme qu’il aime. Elle ne voit que lui. Ils ignorent la foule. La foule les ignore et s’écoule autour d’eux comme l’eau d’un torrent contourne un obstacle ancré au fond de son lit. Il a plongé son regard bleu dans les yeux de Claire. Rien ne peut plus les atteindre. Ils sont mariés. Ils sont seuls et le monde est à eux.
Une voix artificielle, teinté de l’accent du lieu, tombe des structures métalliques des toits qui surplombent les quais d’asphalte noire. La voix annonce l’entrée du monstre d’acier.
« Le train en provenance de Paris, à destination de Mâcon et Lyon entre en gare sur la voie quatre. Messieurs les voyageurs sont priés de dégager la bordure du quai ».

Pour un instant, le train masque le paysage urbain environnant, couvre les rumeurs de la ville. Et la vapeur blanche que crache la locomotive envahit le quai. Les voyageurs pressés se précipitent vers les portières ouvertes des wagons verts. Wagons vides de première classe, wagons rares de deuxième classe, wagons bondés aux sièges de bois des voitures de troisième classe.
Elle lui a donné ses lèvres. Dernières étreintes des mains. Elle court à présent vers la porte ouverte d’un wagon qu’elle n’a pas choisi.
Il n’a pas bougé, puis il a esquissé un pas. Il la regarde partir.


« Chalon-sur-Saône...Chalon-sur-Saône...deux minutes d’arrêt...Messieurs les voyageurs à destination de Mâcon, Villefranche-sur-Saône et Lyon, en voiture s’il vous plaît. Fermez les portières» annonce la voix qui roule les « r ».
Le train démarre. Une main s’agite à la fenêtre. Sa main. Il fait de même, machinalement. Elle est partie, emportée par des forces qu’il ne maîtrise plus. Les wagons passent dans un mouvement uniformément accéléré.

L’inconnu se met à courir sur le quai. Il peut encore rester un instant avec elle, sauter sur le marchepied d’un wagon, ouvrir la portière, entrer dans le train, aller jusque Mâcon avec Claire et revenir ensuite. Bientôt la vitesse de sa course égale celle de la rame. A la fenêtre éclairée du wagon qu’il côtoie, une vieille dame très digne s’interroge et ne comprend rien à cette course folle. Ce jeune homme, pense-t-elle, va se rompre le cou.
Mais la vitesse du train dépasse maintenant celle de l’homme. Le visage de la vieille dame a disparu. Il perd le souffle. Il est tout au bout du quai. Bientôt le fanal rouge du dernier wagon disparaît à ses yeux.

Le noir. Il est plongé dans une obscurité inquiétante. Haletant et dépité, il revient vers la lumière, à l’endroit où, tout à l’heure, il tenait Claire dans ses bras.
Disparue, Claire. Disparus les uniformes bleus. Disparue la foule, engloutie dans l’escalier de granit qui descend dans le hall de la gare soudain vide et silencieuse.

Une bourrasque glacée balaie le quai où Pierre a pris racine.L’homme inconnu qui courait comme un fou sur le quai, c’était bien lui, Pierre Desarmoise qu’un tourbillon de l’histoire a emporté trop loin d’elle, trop longtemps.
Le soleil s’est bien levé sur l’Atlas. Bientôt il chauffera à blanc les pierres de l’oued asséché et murira les fruits de la terre, comme il l'a fait hier, comme il le fera demain. Le clairon sonne encore l’heure du réveil. Comme une belle exposant langoureusement sa peau aux radiations solaires sur le sable brûlant des plages d’Alger ou d’Oran, la terre bascule inexorablement vers l’astre du jour pour des aubes renouvelées.
Les lendemains ne seront pas ceux que Pierre espérait. Ils auront le mérite simple d’exister. Comme dans son rêve éveillé de la nuit qui s’achève, Pierre n’est plus vraiment lui-même
benoit
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Re: La chute (suite)

Message par benoit »

Encore un très beau texte émouvant , bravo et merci
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Lolo90
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Re: La chute (suite)

Message par Lolo90 »

Oui c'est toujours très bien écrit :P :P
C'est émouvant et triste, surtout que l'on sait depuis hier pour la lettre :cry:
J'espère que Pierre aura une explication
On attend la suite avec impatience :kapm :kapm
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Denis
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Re: La chute (suite)

Message par Denis »

On a notre feuilleton de l’été! C’est chouette!
benoit
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Re: La chute (suite)

Message par benoit »

Lolo90 a écrit : 15 août 2023, 10:21 Oui c'est toujours très bien écrit :P :P
C'est émouvant et triste, surtout que l'on sait depuis hier pour la lettre :cry:
J'espère que Pierre aura une explication
On attend la suite avec impatience :kapm :kapm
Un autre homme probablement
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phiphi76
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Re: La chute (suite)

Message par phiphi76 »

J'ai enfin trouvé le temps, en jouant les prolongations ce soir, de lire l'ensemble des chapitres si merveilleusement écrit avec force mots et détails, tantôt hilarant, tantôt bien triste pour Pierre. FA BU LEUX cher Robert, j'étais littéralement plongé dans l'action à chaque chapitre, retrouvant presque à chaque fois, quelques similitudes vécues au cours de mes 16 mois de service militaire, ayant fort heureusement évité cette douloureuse période de la sale guerre d'Algérie, où oui Robert, les soldats Français ont commis des atrocités, mais à en croire les récits fait part mes 2 beaux-frères au cours de nos rencontres, c'était du "" coup pour coup "", certainement par vengeance, le FLN n'étant pas en reste dans les atrocités commises sur les soldats Français.
Toujours est-il que tes écrits nous passionnent toujours autant, alors stp, continue de nous ravir au quotidien, et merci pour ces belles pages.
@ cyberpotes + !
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Robert
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Re: La chute (suite)

Message par Robert »

CHAPITRE 8

INSTALLATION




Le jour s’est levé. Le clairon a sonné. C’est un jour ordinaire que rien ne distingue des jours précédents. L’agitation matinale. Le mess, le café du matin, le pain rassis machinalement beurré, les conversations banales.
- Desarmoise...Desarmoise?...appelle le sergent-chef Grollier.
- Je suis là chef!
- Desarmoise, le capitaine veut te parler. Il t’attend dans son bureau à sept heures et demie.

Le capitaine Ferrand est un jeune officier, la trentaine sympathique, presque cordial. Il n’hésite pas à descendre dans l’arène de la cour de la ferme, à faire une partie de foot ou de volley avec ses subordonnés. Il ne s’embarrasse pas de préséances, n’exige pas la gestuelle militaire avec laquelle Pierre a douloureusement fait connaissance en Allemagne pendant son instruction. Ici, c’est autre chose, c’est la guerre et l’absence du cérémonial militaire de garnison ne manque pas à Pierre qui frappe à la porte du bureau et entre dans la petite pièce d’où est dirigé tout le secteur sur lequel veille la troisième compagnie du quatre cent cinquante troisième bataillon d’artillerie anti-aérienne comme on entre dans tous les bureaux de France et de Navarre.
- Maréchal des Logis Pierre Desarmoise?
- A vos ordres mon capitaine.
- Je suis heureux de vous compter parmi les sous-officiers de la compagnie que je commande. Vous êtes arrivé depuis quelques jours. Je n’ai pu vous recevoir plus tôt, pour la bonne raison que j’étais pris avec les sections combattantes de la compagnie dans le secteur de Tiaret pour une opération de ratissage. Vous connaissez notre difficile mission : Protéger les populations contre les exactions des rebelles et organiser au mieux la vie des gens regroupés sous notre protection. Cette seconde mission, qui n’est pas à proprement parler militaire, est sans doute la plus importante. Une victoire par les armes sur le terrain perdrait toute signification si nous perdions celle de la pacification. J’ai l’intention de vous affecter à l’organisation du regroupement de mille personnes, regroupement installé près de nous par commodité; nous y assurons l'administration générale; notre mission est aussi une mission humanitaire, en quelque sorte, puisque nous dispensons une assistance médicale gratuite et la scolarisation des enfants... Voyez-vous un inconvénient à être affecté dans ce secteur de notre activité?
- Aucune mon capitaine.
- Cette mission sera , je le pense, intéressante pour vous. ..Vous étiez enseignant, dans le civil?
- Oui, mon capitaine.
- Vous aurez donc la charge, entre autre, d’établir une école primaire dans le local mobile dont j’ai obtenu la mise en place la semaine dernière. Cette école sera destinée à l’alphabétisation des enfants du regroupement dont les parents le souhaiteront.
- Une classe... pour une population de mille habitants? N’est-ce pas dérisoire?
- Sans aucun doute...Ne vous en faites pas, Désarmoise. Nous partons de zéro, nous ne pouvons pas décevoir...et je doute que l’alphabétisation intéresse un très grand nombre d’enfants. N’oubliez pas que nos ouailles sont des nomades que nous avons sédentarisés de force; l’école, ils n’ont connu que celle des hauts plateaux, à ciel ouvert, celle qui était dispensée par les anciens, par les sages et par la "thalebs" avec lesquels ils psalmodiaient sans les comprendre toujours, les versets du Coran...Ce sera pour vous une enrichissante expérience et vous aurez une approche plus précise du rôle qu’ont joué, bien avant vous, les « hussards noirs de la République » à la fin du dix-neuvième siècle... Sachez que je me réserve tout de même la possibilité d’utiliser vos compétences plus militaires si le besoin d’une grande opération le rendait nécessaire. Vous demeurez un soldat. Tout ce qui touche au regroupement est désormais de votre ressort, y compris les services sociaux et sanitaire; vous ferez équipe avec le docteur Khan, médecin dans le civil mais demeuré canonnier de deuxième classe tant l’armée rebute cet homme. Vous aurez à vous tenir à l’écoute des populations regroupées, à rechercher le renseignement militaire mais sachez que vous restez sous mon autorité. Je vous aiderai et je vous couvrirai en cas de pépin. Courage!
Afin que vous preniez contact avec votre poste, je vais demander au maréchal des logis Mertens, votre prédécesseur de vous faire visiter le regroupement. Il doit arriver d’un instant à l’autre.
- A vos ordres, mon capitaine.
On frappe à la porte du bureau. Mertens est là.
- Bonjour mon capitaine
- Bonjour Mertens. Je vous présente votre successeur, le Maréchal des logis Desarmoise. Il nous vient de l’Est, comme vous... Ce sera votre dernière mission, puisque vous nous quittez demain pour la métropole! Je vous demande de passer la journée avec Desarmoise pour le mettre au courant.Quant à nous, nous nous retrouverons ce soir au mess pour vos adieux. A ce soir.
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