Tu as sans doute raison Fifi. J’aurais pu (dû) m’ éloigner de la réalité pour romancer un peu.phiphi76 a écrit : ↑11 sept. 2023, 10:47Oui bien sur, il y avait tellement de détails quasi intimes qu'il ne pouvait en être autrement. Cependant je doit avouer qu'au début de ce long et beau récit, je me suis laissé " embarquer " vers un fin bien plus dramatique avant que je ne fasse le rapprochement avec l'histoire personnelle, je pensais à une mort suite à une attaque du FLN, il n'en est rien et c'est tant mieux. Comme tous je pense, même si je n'ai guère commenté entre les épisodes, j'ai bien été tenu en haleine !
@ cyberpotes + !
La chute (suite)
- Robert
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Re: La chute (suite)
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Re: La chute (suite)
C’était bien comme ça! Du coup on te connaît mieux!
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Re: La chute (suite)
Ce fut un beau lundi d’octobre. Hier dans ma volonté de me remettre sur pied, j’ai fait de gros efforts. Ma cuisse droite me fait mal. Je pense à un claquage musculaire. La cuisse est rouge, tuméfiée ; mon infirmière du matin est inquiète. Elle me propose de passer par le service des urgences de l’hôpital de Sarrebourg pour un diagnostic.
L’ambulance est commandée immédiatement, car depuis le 7 janvier, je ne connais pas d’autres moyens de transport.
À 14h je suis au service des urgences. Je suis parti pour deux heures… Pour faire un examen appelé Doppler.
Las, si l’appareil nécessaire est bien là, le médecin chargé d’en faire usage ne sera présent que demain, mardi. Le service des urgences prend la décision de me garder dans le service jusqu’au lendemain.
Je vais donc passer la nuit dans la salle réservée au passage des patients qui font appel à ces services des urgences par ailleurs largement dépassés.
Une nuit parfaitement blanche, la plus tmauvaise que j’ai passée de l’ année et pourtant j’en ai passé de bien mauvaises.
On m’administre des médicaments, dont un remède contre l’épilepsie dont je n’ai absolument aucun besoin. Une erreur dans la lecture par le médecin de mon ordonnance. Je vais ingurgiter ce médicament pendant 12 jours avant qu’à mon retour mon médecin s’aperçoive de l’erreur !
Et je vais passer dans ce service là, la bagatelle de 36 heures, sur un brancard, dans un espace qui ne dépasse pas 5 m².
La salle est quasi pleine. Tout ce qui geint, se plaint, éructe, tousse, flatule,, hurle de douleur, va défiler dans cet espace toute la nuit ! Des lumières artificielles blanches de néons aveuglants s’éteignent et s’allument dans un ordre qui m’échappe.
Une infirmière ou un soignant passe de temps à autre dans mon champ visuel.
Ce vaste entrepôt ne comporte aucune fenêtre. Je pense aux hospices de Beaune que j’ai visité il y a longtemps avec un alignement de lits identiques et auquel ce cloaque me fait irrésistiblement penser.
22 heures, 23 heures, minuit… Je compte les moutons.
Je pense qu’un prisonnier en demeure de faire des aveux, les feraient si il était placé dans ces conditions !
Il ne se passe rien… De temps à autre, la vieille dame qui est à côté de moi, se fait aider pour aller aux toilettes.
Une heure, deux heures, trois heures, le petit jour… Je me retourne douloureusement sur le brancard qui me sert de lit.
Neuf heures. On me véhicule enfin dans la salle où s’opère le Doppler. Et j’ échange quelques mots avec le médecin radiologue qui est une de mes connaissances par l’intermédiaire du vélo que nous avons pratiqué ensemble.
G
Résultat du Doppler alarmant. Une thrombose importante s’est établie dans ma cuisse droite. Reste à vérifier qu’aucun caillot n’a migré dans mes poumons. Pour le vérifier, je dois faire un autre examen appelé scanner. La chance me poursuit : des caillots ont bien migré dans mes poumons, et je suis passé tout près d’une embolie pulmonaire mortelle.
Cette année, j’ai frôlé la mort deux fois !
Et je suis ramené au service des urgences sur mon brancard où je vais passer la journée du mardi. Passer la nuit une seconde fois sur un brancard dans cette pièce me semble une épreuve insurmontable. Je n’ai aucune information. Il est 18 heures. Je n’ai pas mangé ni dormi depuis 24 heures.… je vis dans la crainte.
Enfin, un peu de nouveau, on m’annonce mon transfert vers le service de pneumologie de l’hôpital. Transfert rapide car les services sont dans le même bâtiment.
Enfin une vraie chambre et un vrai lit. Nous sommes deux dans cette chambre. Mon voisin est un homme de 96 ans que je me dois de ne pas perturber en rien. Le sommeil de ce monsieur mérite mon respect. Nous ne parlerons plus qu’à voix basse avec Josette et mes autres visites et n ’ allumeront la lumière qu’en cas de nécessité. Par contre, j’ai bénéficié de la visite que recevait mon voisin. Ses quatre enfants venaient tous les jours lui rendre visite et j’ai pu avec eux échanger librement. Et je dois dire que cet élément a été pour moi très bénéfique. j’ai eu la chance de faire la connaissance de belles personnes très intéressantes.
Les services hospitaliers sont régi par une hiérarchie qui échappe parfois aux patients. En effet, comment lire très vite l’étiquette qui porte le nom de la profession d’une personne. Il y a des aides-soignantes, des soignantes, des infirmières, et enfin les médecins, sous la coupe d’un médecin chef.
J’ai vu beaucoup de personnes appartenant aux trois premières professions citées, les médecins se font rares. Je vais passer parfois plusieurs jours sans en voir un seul !
Notre chambre était contiguë avec la pièce, utilisée comme salle de repos des soignants. Comme notre porte était ouverte et que les murs ont des oreilles, en l’occurrence, les miennes, j’ai pu entendre des propos que ceux qui les tenaient n’auraient pas aimé qu’ils soient entendus !
Des critiques acerbes contre l’administration, mais aussi des plaintes contre les patients désagréables, leurs collègues , les médecins… des récits de vacances aussi…
Je me suis distrait à entendre des choses qui n’étaient pas faites pour être entendues par des oreilles étrangères !
Au-dessus de mon lit, une pancarte où figurait cette injonction : ne pas bouger le patient, il doit rester dans la plus complète immobilité.
Je suis donc resté immobile pendant 10 jours.
Aujourd’hui, j’ai regagné mes pénates et la maison me semble douce. Cependant, beaucoup des progrès que j’avais faits vers mon indépendance se sont envolés. Il me reste à les reconquérir. …
L’ambulance est commandée immédiatement, car depuis le 7 janvier, je ne connais pas d’autres moyens de transport.
À 14h je suis au service des urgences. Je suis parti pour deux heures… Pour faire un examen appelé Doppler.
Las, si l’appareil nécessaire est bien là, le médecin chargé d’en faire usage ne sera présent que demain, mardi. Le service des urgences prend la décision de me garder dans le service jusqu’au lendemain.
Je vais donc passer la nuit dans la salle réservée au passage des patients qui font appel à ces services des urgences par ailleurs largement dépassés.
Une nuit parfaitement blanche, la plus tmauvaise que j’ai passée de l’ année et pourtant j’en ai passé de bien mauvaises.
On m’administre des médicaments, dont un remède contre l’épilepsie dont je n’ai absolument aucun besoin. Une erreur dans la lecture par le médecin de mon ordonnance. Je vais ingurgiter ce médicament pendant 12 jours avant qu’à mon retour mon médecin s’aperçoive de l’erreur !
Et je vais passer dans ce service là, la bagatelle de 36 heures, sur un brancard, dans un espace qui ne dépasse pas 5 m².
La salle est quasi pleine. Tout ce qui geint, se plaint, éructe, tousse, flatule,, hurle de douleur, va défiler dans cet espace toute la nuit ! Des lumières artificielles blanches de néons aveuglants s’éteignent et s’allument dans un ordre qui m’échappe.
Une infirmière ou un soignant passe de temps à autre dans mon champ visuel.
Ce vaste entrepôt ne comporte aucune fenêtre. Je pense aux hospices de Beaune que j’ai visité il y a longtemps avec un alignement de lits identiques et auquel ce cloaque me fait irrésistiblement penser.
22 heures, 23 heures, minuit… Je compte les moutons.
Je pense qu’un prisonnier en demeure de faire des aveux, les feraient si il était placé dans ces conditions !
Il ne se passe rien… De temps à autre, la vieille dame qui est à côté de moi, se fait aider pour aller aux toilettes.
Une heure, deux heures, trois heures, le petit jour… Je me retourne douloureusement sur le brancard qui me sert de lit.
Neuf heures. On me véhicule enfin dans la salle où s’opère le Doppler. Et j’ échange quelques mots avec le médecin radiologue qui est une de mes connaissances par l’intermédiaire du vélo que nous avons pratiqué ensemble.
G
Résultat du Doppler alarmant. Une thrombose importante s’est établie dans ma cuisse droite. Reste à vérifier qu’aucun caillot n’a migré dans mes poumons. Pour le vérifier, je dois faire un autre examen appelé scanner. La chance me poursuit : des caillots ont bien migré dans mes poumons, et je suis passé tout près d’une embolie pulmonaire mortelle.
Cette année, j’ai frôlé la mort deux fois !
Et je suis ramené au service des urgences sur mon brancard où je vais passer la journée du mardi. Passer la nuit une seconde fois sur un brancard dans cette pièce me semble une épreuve insurmontable. Je n’ai aucune information. Il est 18 heures. Je n’ai pas mangé ni dormi depuis 24 heures.… je vis dans la crainte.
Enfin, un peu de nouveau, on m’annonce mon transfert vers le service de pneumologie de l’hôpital. Transfert rapide car les services sont dans le même bâtiment.
Enfin une vraie chambre et un vrai lit. Nous sommes deux dans cette chambre. Mon voisin est un homme de 96 ans que je me dois de ne pas perturber en rien. Le sommeil de ce monsieur mérite mon respect. Nous ne parlerons plus qu’à voix basse avec Josette et mes autres visites et n ’ allumeront la lumière qu’en cas de nécessité. Par contre, j’ai bénéficié de la visite que recevait mon voisin. Ses quatre enfants venaient tous les jours lui rendre visite et j’ai pu avec eux échanger librement. Et je dois dire que cet élément a été pour moi très bénéfique. j’ai eu la chance de faire la connaissance de belles personnes très intéressantes.
Les services hospitaliers sont régi par une hiérarchie qui échappe parfois aux patients. En effet, comment lire très vite l’étiquette qui porte le nom de la profession d’une personne. Il y a des aides-soignantes, des soignantes, des infirmières, et enfin les médecins, sous la coupe d’un médecin chef.
J’ai vu beaucoup de personnes appartenant aux trois premières professions citées, les médecins se font rares. Je vais passer parfois plusieurs jours sans en voir un seul !
Notre chambre était contiguë avec la pièce, utilisée comme salle de repos des soignants. Comme notre porte était ouverte et que les murs ont des oreilles, en l’occurrence, les miennes, j’ai pu entendre des propos que ceux qui les tenaient n’auraient pas aimé qu’ils soient entendus !
Des critiques acerbes contre l’administration, mais aussi des plaintes contre les patients désagréables, leurs collègues , les médecins… des récits de vacances aussi…
Je me suis distrait à entendre des choses qui n’étaient pas faites pour être entendues par des oreilles étrangères !
Au-dessus de mon lit, une pancarte où figurait cette injonction : ne pas bouger le patient, il doit rester dans la plus complète immobilité.
Je suis donc resté immobile pendant 10 jours.
Aujourd’hui, j’ai regagné mes pénates et la maison me semble douce. Cependant, beaucoup des progrès que j’avais faits vers mon indépendance se sont envolés. Il me reste à les reconquérir. …
- callune
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Re: La chute (suite)
Et tu vas les reconquérir !
C'est un récit qui donne des frissons
incroyable ! Quelle souffrance
Quel enfer !!!
merci pour ton partage d'expérience qui laisse à méditer ...
Heureusement que tu es bien entouré .
Bonne récupération maintenant Robert !

C'est un récit qui donne des frissons



incroyable ! Quelle souffrance

merci pour ton partage d'expérience qui laisse à méditer ...
Heureusement que tu es bien entouré .
Bonne récupération maintenant Robert !

- Denis
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Re: La chute (suite)
Mon pauvre Robert, quelle épreuve… L’interdiction de bouger, tu t’en doutes, vient du/des caillots qui ne devaient surtout pas bouger… Tout le reste (temps d’attente, manque de communication avec les soignants…) sont les symptômes que l’hôpital va mal, et ça dure…
D’écrire ce qui est arrivé doit faire du bien… Le coup de la salle de repos des soignant m’aurait bien fait rigoler. Essayer de mettre ensuite des visages sur ces paroles m’aurait occupé… Mais on arrive à cette gymnastique quand on est en forme, ce qui n’était pas ton cas à ce moment là…
Te voilà maintenant dans tes pénates, et c’est tant mieux!
D’écrire ce qui est arrivé doit faire du bien… Le coup de la salle de repos des soignant m’aurait bien fait rigoler. Essayer de mettre ensuite des visages sur ces paroles m’aurait occupé… Mais on arrive à cette gymnastique quand on est en forme, ce qui n’était pas ton cas à ce moment là…
Te voilà maintenant dans tes pénates, et c’est tant mieux!
- Robert
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Re: La chute (suite)
Merci les amis. Mon texte est un premier jet. Il est un peu lourd et je vous en demande pardon. Sans doute une image de mon déclin. Je l’ai repris mais j’ai laissé le 1er jet.
Oui, le passage aux urgences a été un véritable supplice.
Le service de pneumologie a été bien plus agréable. C’est surtout l’immobilité imposée qui m’a posé problème avec l’obligation de rester au lit. Impossible de lire et d’écrire. manger au lit est aussi très désagréable quand on n’a pas usage de ses mains.
Oui, je suis bien content d’être rentré à la maison.
Oui, le passage aux urgences a été un véritable supplice.
Le service de pneumologie a été bien plus agréable. C’est surtout l’immobilité imposée qui m’a posé problème avec l’obligation de rester au lit. Impossible de lire et d’écrire. manger au lit est aussi très désagréable quand on n’a pas usage de ses mains.
Oui, je suis bien content d’être rentré à la maison.