Voilà, j'ai un peu tardé...
Dantesque, cette édition de la Chiappucci... Et le temps, épouvantable pour un 6 juin, n'en a pas été la seule raison !
Nous arrivons à Arnay-le-Duc, Karl, Pierre-Marc et moi, une bonne grosse heure avant le départ. Déjà, des trombes d'eau se sont abattues sur la Côte d'Or depuis l'aube et l'horizon est bien bouché. Ce n'est pas réjouissant. J'essaie de me rassurer en me disant que mes meilleures performances ont souvent été obtenues sous la pluie, ce qui est paradoxal étant donné ma grande prudence sur sol humide...
Nous retirons nos plaques à puce intégrée, et la traditionnelle bouteille de vin blanc à l'effigie du Chiapp', avant de discuter quelques instants avec Eric, Xavier ou encore Bertrand. Puis nous partons, vraiment à reculons, nous préparer. Que c'est désagréable sous cette maudite pluie ! J'opte pour les surchaussures, un sous-vêtement d'hiver et un K-way qui fut peut-être un jour imperméable... Pour cette cyclosportive du Trophée de Bourgogne, je revêts le maillot du Team Divio.
Après un départ fictif donné sous le portique d'arrivée, nous nous dirigeons vers le lieu du départ réel, en sortie d'Arnay-le-Duc, après avoir traversé le centre ville. Nous attendons quelques minutes sous la pluie, et à peine parti, déjà un hic... les lunettes sont complètement embuées ! Ni une, ni deux, je les enlève, mais ne parviens pas à les ranger dans une poche, avec ce k-way : je les range donc sous le maillot. Dans l'opération, je me suis fait déborder de toutes parts, c'est mal barré ! Nous sommes en descente, les freins ne répondent pas, je serre les dents pour ne pas rétrograder plus. Je remonte à l'avant à la faveur de la côte de Suze, au bout de 10 km. Cela étant, je sens que les jambes sont dures. Il est vrai que si d'habitude je réussis bien sous la pluie, j'ai toujours plus de mal à démarrer dans ces circonstances.
Mais on ne se refait pas, dès la descente suivante, toujours mes démons habituels ! J'ai la trouille... Pour ne rien arranger, sans lunettes, c'est encore plus compliqué, ça pique les yeus ! Alors je les remets, perdant encore du temps dans la manoeuvre... Les jambes ne suivent pas : impossible de relancer fort après chaque virage, ça permettrait pourtant de compenser les conséquences de ma trop grande prudence, comme dans ce virage à Censerey, où je perds le contact avec la queue du peloton principal... Je suis comme anesthésié, sans réaction, pas de souffle, pas de coffre !! Je commence à me demander s'il n'est pas plus sage de rentrer au bercail... mais aujourd'hui, je n'ai pas mon véhicule à l'arrivée, autant continuer !
Nous arrivons à Sussey-le-Maupas. C'est dans cette côte que l'an dernier j'avais commencé ma remontée de plusieurs pelotons suite à mon problème de cale. Autant dire que j'attendais avec impatience de m'y frotter... Et cette année encore, je me ressaisis à cet endroit. Je reviens sur un petit groupe de 4/5 gars, dont André dans sa tenue Eco Cyclo (c'est lui qui me fera signe un peu plus loin). En haut de la côte, je tente à nouveau une expérience malheureuse sans les lunettes, la pluie ayant cessé très momentanément... Mauvaise option, car dans la très rapide descente qui suit, je me fais de nouveau larguer, la pluie venant de reprendre vient me fouetter les yeux... Quelle galère cette descente les yeux entrouverts !

Au bas de la côte, je nettoie les lunettes, les remets et j'actionne le turbo pour revenir d'abord sur André puis sur le petit groupe au début de la côte suivante à La Croix.
Dans les kilomètres qui suivent, nous reprenons quelques coureurs isolés ça et là. C'est ainsi que nous retrouvons Laulau entre Arconcey et Clomot. Les jambes reviennent petit à petit. C'est bien, mais c'est trop tard !! Sur le bord de la route, j'entends les encouragements de Claudine et de Bérangère (tiens, elle n'est pas sur son vélo ?) ! Ca me redonne du tonus ! De même que les encouragements des enfants, notamment à Arconcey ! Je commence à avoir chaud et le k-way me gênant plus qu'autre chose, je l'ôte et le roule en boule pour le mettre entre le dos et le maillot.
Peu avant l'entrée dans Pouilly-en-Auxois, au détour d'un virage, l'un des éléments du groupe glisse sur la chaussée. Nous temporisons un instant pour l'attendre, mais finalement il semble renoncer... Un virage à gauche et voilà la terrible côte de Pouilly, longue de 1300 m et son passage à 15% ! J'étais surpris l'an dernier de l'avoir très bien passée. C'est encore le cas cette année, mais étant encore un peu affecté par mon mauvais départ, je gère mon effort et ne cherche pas à suivre Laulau qui a pris les devants avec une facilité déconcertante. Avec André, nous produisons l'effort sur le haut de la côte pour revenir... Le reste du groupe n'a pas suivi. En revanche, nous nous faisons dépasser par la moto et la voiture ouvreuse du 107 km, les 2 leaders nous dépassant dans le taquet final avant Civry-en-Montagne. André a flairé la bonne affaire et tente de les suivre. Laulau et moi accélérons un peu et revenons finalement sur lui un peu plus loin.
La descente est longue, dangereuse par endroits. Sur la fin, avant Commarin, je m'en vais même faire un tour sur le bas-côté... Incorrigible ! Les gars me demandent si je fais du cyclo cross ! Le groupe d'une dizaine s'est peu à peu reconstitué, 2 gars ont même tenté de prendre le large grâce à leur pointe de vitesse en descente. Nous filons désormais bon train en essayant d'organiser les relais. Un bon moment, ça tourne même rondement ! C'est ainsi que nous avons en ligne de mire un bon peloton d'environ 15 éléments, qui se rapproche à vue d'oeil. La perpective de le rejoindre nous fait redoubler d'efforts et dans l'entrée de Vandenesse-en-Auxois, la jonction s'opère. Je ne coupe pas l'effort et remonte très rapidement à l'avant me signaler à l'attention d'Eric V, étant tout heureux de le retrouver dans ce peloton. Se trouvent également dans ce peloton Marcel Paillard et quelques gars du VC Neuilly.
Nous sommes à proximité de Châteauneuf, je décide de rester aux avants-postes. Je vais désormais de l'avant et c'est ainsi que je vais trouver la confirmation que j'ai progressé en montée. En haut de Châteauneuf, je me trouve dans la roue de 2 Suisses qui sont manifestement au-dessus du lot, retardés en raison d'un incident matériel, puis je me démène pour être encore devant dans la périlleuse descente vers La Bussière. Même pas peur dans ces conditions, du coup pas besoin de relancer en bas ! Nous roulons tranquillement vers la difficulté suivante, la très raide côte d'Antheuil, après 3 km de faux-plat usant à un faux train, il reste environ 2 km entre 9 et 11%. Toujours à l'avant, dans de bonnes dispositions, je termine encore dans la roue des Suisses, les 2 répliques assez courtes sont avalées également rapidement.
Décidément, tous les signaux sont maintenant au vert, je me sens de mieux en mieux, j'ai bon espoir que l'on reprenne encore quelques groupes par la suite. Mais patatras !!! Alors que nous approchons de la longue descente vers Pernand-Vergelesse, au 104ème km, je sens les vibrations de la jante sur la chaussée : c'est la crevaison ! Je préviens Laulau de mon arrêt, descends du vélo, et commence à entreprendre la réparation : passer tout à droite, débloquer la roue arrière, l'enlever... J'énumère mentalement le process lorsque je vois Laulau qui arrive en sens inverse à mon niveau... J'essaie d'enlever la roue... elle ne veut pas venir... Put... j'ai oublié une dent à droite... ça m'énerve, j'arrache tout, la chaîne vient avec... arghhhh!! La chambre à air ne veut pas sortir, avec l'humidité elle est collée à l'intérieur du pneu... j'arrache tout bis !! Laulau pendant ce temps a pré gonflé la chambre de rechange. Je l'installe, remets le pneu et je prends ma pompe CO² pour regonfler... Rien....! J'enlève la vis : la pointe est cassée à l'intérieur... Pas de chance, elle était neuve, la précédente ayant connu le même problème !! Heureusement Laulau a la sienne et on arrive à regonfler a minima le pneu. C'est le moment de remettre la roue, mais Laulau me signale qu'il manque l'écrou de blocage... "Hein, c'est quoi, ça??" Dans la précipitation à enlever la roue, j'ai dû dévisser trop fort... Pas fait gaffe... Nous voilà à 4 pattes dans l'herbe à rechercher ce fichu écrou. Impossible de remettre la main dessus, où diable se cache t'il ? Pendant ce temps, les petits groupes passent les uns après les autres... Impossible de repartir ! Nous passons en revue le bas-côté sur 5 mètres, les taillis... Laulau trouve enfin l'écrou... sous un tas de graviers ! Sans doute aura t'on marché dessus pendant la réparation. Nous ne retrouvons pas le ressort, mais c'est un moindre mal. Il faut encore remettre en ordre la chaîne qui s'est complètement entortillée, eh oui, c'est la totale ! Il est temps de repartir : 20 mn de perdues exactement

... Au bout de 200m, demi-tour, j'ai oublié les lunettes et la chambre à air percée sur le bas-côté ! André et Patrick François ne seraient pas contents ! Quel baltringue je fais !
Du coup, on se résout à rentrer sans trop forcer... A quoi bon désormais ! Au beau milieu de la descente vers Pernand, Laulau me dit espérer que le retour se fera vent dans le dos ! Ce sera tout le contraire !! A ce stade, ce sont les encouragements des signaleurs qui me reboostent. Mais j'appuie un peu trop sur les pédales, je dois ralentir à la sortie de Savigny-les-Beaune, je n'ai pas fait gaffe, mais je suis seul ! Nous continuons notre chemin jusqu'à la côte de Bouilland, qui présente des pourcentages moins élevés qu'à Antheuil, mais qui est longue de 4300 m. Nous la passons sans forcer, mais je trouve finalement que ce n'est pas plus simple pour autant. Nous reprenons quelques gars sur la suite du parcours, qui passe non loin de Châteauneuf, jusqu'à Sainte-Sabine. Là, 4 gars nous dépassent, et j'accélère un peu pour les suivre. En me retournant, je vois que Laulau ne suit plus. Je fais demi-tour, je le retrouve au ralenti, une vilaine fringale étant en train de produire ses effets ! Ca ne me servirait à rien de rentrer seul, et de toute façon il m'a donné un sérieux coup de main sur mon pépin technique, c'est la moindre des choses que je reste avec lui. Il y a encore cette belle bosse de Cussy le Châtel à passer (
Mon Lien), avant d'aborder l'arrivée, en 5h48, soit 61 minutes de plus que l'an dernier ! Mais avec plein de souvenirs en tête.
Cette épopée nous donnera l'occasion de bien rigoler durant le repas pris avec Raphaël, Patricia, André, Pierre-Marc, Karl notamment. Les galères auront été nombreuses pour beaucoup de participants !