Une bien belle Time effectivement.
Et pourtant, lorsque le réveil a sonné Samedi matin à 4h30 à Villeneuve, je voulais presque arrêter le vélo; trop peu de sommeil (2h tout au plus), marre de partir si loin, à quoi ça sert ? encore ces idées noires du petit matin qui m'assaillent et me font douter.
Bon, la voiture est chargée, Karl est là donc il va bien falloir y aller. D'ailleurs, s'il n'avait pas été là, pas sur que je serai parti.
Au fur et à mesure du trajet, alors que le soleil pointe ses premiers rayons et que les sommets des cimes Alpestres se font plus précis, le moral revient ! Quel bol on va avoir d'aller évoluer dans de tels paysages : "Je suis bien content d'être venu finalement !"
A l'arrivée, à peine le temps de prendre nos quartiers dans un charmant petit gîte sur les hauteurs de megève que nous voilà déjà partis pour une soixantaine de bornes afin de reconnaitre le départ de la course ainsi que la dernière descente. Ce petit périple nous fera escalader le col des Saisies par Crest-Voland, les jambes semblent être au RV.
Après une bonne nuit de sommeil, nous voilà fin prêt à en découdre; les conditions sont optimales, pas besoin de manchettes ni de coupe-vent, la température est déjà bien agréable à 8h du matin.
Je fais la connaissance de Ghislain avec qui je discute dans le sas des etc..., noyé dans la masse des 2000 participants à cette fête; énormément de monde devant, un peu moins derrière, va falloir jouer des coudes jusqu'à Flumet; Karl a pour sa part rejoint le sas des 300 dossards prioritaires.
Dés le départ, je me faufile dans le peloton et j'essaie de gratter le plus de places possible mais c'est pas simple, il y a beaucoup de monde et je ne vais pas tenter le diable. Dans la descente vers Flumet, je rejoins Alain avec qui je discute quelque peu avant de reprendre ma marche en avant; sympa le maillot cyberpotes pour pouvoir se reconnaitre !
A Flumet, on attaque la première difficulté de la journée, le col des Aravis. J'ai un bon souvenir de ce col que j'avais escaladé en 2002 lors de l'EDT, il n'est pas très difficile et il est parfait pour attaquer la journée. J'avais un peu peur des bouchons qu'il aurait pu avoir dans ces premiers lacets mais il n'en est rien même si la population reste dense. Après avoir pris mes marques pendant les premiers hectomètres, je trouve petit à petit mon rythme; les jambes tournent bien et c'est un réel plaisir de passer de nombreux coureurs durant cette montée; les 12 km de montée sont vite avalés et je suis très confiant pour la suite.
La longue descente qui suit permet le regroupement de plusieurs petits groupes; la descente est plutôt roulante et hormis ce passage alterné à La Clusaz, tout se passe pour le mieux avec des pointes à 73 km/h sans prendre de risque inconsidéré; de toutes façons, la différence se faisant dans les montées, il ne sert à rien de se forcer dans les descentes.
L'escalade des 2 cols qui suivent se passe tout aussi bien; je ne connais pas encore la croix fry, c'est une première pour moi et finalement, ce col est bien agréable à grimper; je continue à remonter des coureurs, ils sont désormais plus clairsemés mais il reste du monde, du beau monde d'ailleurs puisque qu'au détour d'un lacet, je double Jean-Pierre Papin, parrain de l'épreuve et sa garde rapprochée; il semble souffrir et je le trouve bien courageux d'être là.
Les quelques km qui suivent Manigod sont un peu plus difficiles à négocier mais rien d'irrémédiable.
Le retour vers le col des Aravis est un réel bonheur, nous évoluons vraiment dans un décor enchanteur; je suis toujours aussi bien et durant ces 2 dernières difficultés, je n'ai compté que 2 coureurs me dépassant.
La descente qui suit se passe sans encombres, je reste prudent et ne cherche pas à m'accrocher à ceux qui vont plus vite.
A Flumet, il reste donc 2 difficultés à négocier, 2 fois le col des Saisies; la première ascension se fait via Crest Voland, c'est celle que l'on avait repéré la veille avec Karl et je me souviens avoir été beaucoup mieux dans sa seconde partie, après Crest Voland justement; là, il en sera tout autre puisque c'est le contraire qui va se produire puisque je vais vraiment souffrir sur le haut de la montée; d'un coup d'un seul, la pente parait plus importante (elle doit l'être je pense à cet endroit), le coup de pédale se fait moins aérien, la chaleur se fait plus présente... Est-ce les prémices d'une défaillance ou un simple mauvais passage comme il se doit dans ce genre d'épreuve ???
Les 6 km qui suivent donc Crest Voland sont vraiment compliqués pour moi, je suis désormais bien content de suivre et d'ailleurs, je me refais passer par quelques gars que j'avais déposé plus bas. Du coup, rien n'est plus sur, le moyen parcours me tend les bras en haut des Saisies, il serait tellement facile de faire le tour du rond-point là haut ! Je commence sérieusement à y penser, la dernière boucle de 30 km autour des Saisies affichant 1000 m de dénivelé supplémentaire, je me vois mal la faire si ça ne va pas mieux !
Heureusement, le sommet du col arrive assez vite et je suis bien content de m'arrêter au ravitaillement qui suit; pas mal de gars comme moi ont eu un mal fou à finir les Saisies, ça me rassure quelque peu. J'envisage alors de monter jusqu'à Bisanne avant de décider si je rebrousse chemin ou pas; cette ascension de 2 km se passe pas trop mal et en haut, je me jette dans la descente... Désormais, il est impossible pour moi de faire demi-tour.
Cette descente est relativement dangereuse, la route y est étroite et le revêtement est très bosselé; cependant, je suis seul désormais et je peux ainsi choisir tranquillement mes trajectoires. En bas de cette descente, à Villard, je suis 84ème ce qui est pas mal vu mon départ dans la masse (je ne le sais pas à cet instant malheureusement, ça m'aurait peut-être aidé pour la suite).
Au pied de la dernière ascension, un signaleur m'indique que je suis à 1h de l'homme de tête ! Impressionnant, je n'ai pourtant pas eu l'impression d'amuser la galerie ! Cette dernière ascension est longue de 15km pour un dénivelé total de 920 m. Dés les premières rampes, je sais que ça va être très difficile, je suis scotché en plein soleil à 11-12 km/h, impossible pour moi d'accélérer, impossible d'appuyer davantage sur les pédales; le cœur ne veut pas monter au delà des 175 bpm. 2 gars sont devant moi, 50 m tout au plus, je n'arrive pas à faire la jonction, je suis dans une belle galère et ça va durer comme ça jusqu'en haut soit environ 1h15 minutes.
J'essaye de penser à autre chose qu'à la souffrance mais rien n'y fait, ni le Mont-Blanc qui me fait face au détour de quelques lacets, ni quoique ce soit. Les autres ne roulent pas plus vite puisqu'ils ne sont pas nombreux à me reprendre mais j'ai connu mieux car ce col n'est pas réellement difficile, il est même plutôt roulant avec un excellent revêtement !
La chaleur est accablante et j'essaie de profiter au mieux de quelques filets de vent rafraichissant. J'affiche l'altitude sur mon Polar et commence un long décompte sur le dénivelé restant. 700m, 650m, 600m, 500m...Décidément, ça n'évolue pas très vite, faut que j'arrête de regarder ! Je m'autorise désormais qu'un regard à chaque nouveau virage.
Peut avant Hauteluce, c'en est trop, un petit coin à l'ombre d'un arbre sur le bas côté, la tentation est trop forte et je m'arrête ! Je m'assois même dans l'herbe, ça fait un bien fou. Je ne sais pas combien de temps ça va durer, peut être 5 minutes mais je n'ai plus envie de repartir ! Là, je vois que je ne suis pas seul et ils sont désormais nombreux à me passer...
Aller, je reprends mon courage à 2 mains et c'est reparti mais c'est toujours la même misère. 400m, 300m, 200m et je m'arrête à nouveau sous ce qui ressemble à un abris-bus au détour d'un hameau à moins de 3km du sommet ! Un motard de l'organisation s'arrête et me remplis les bidons. Sympa, il me dit que le sommet est proche mais moi, il me parait bien loin encore.
La dernière étape de ce périple se fait comme le reste de l'ascension et le sommet est pour moi une vraie délivrance. Je m'arrête au ravitaillement (alors qu'il ne reste que 22 km dont moins d'une dizaine sur le plat), me jette littéralement sur la nourriture (quartiers d'orange, raisins sec, pain d'épice, coca) avant de repartir jusqu'au bout cette fois-ci !
La descente se passe bien mieux, on l'avait également repérer avec Karl la veille et je retrouve mes jambes pour aborder le faux plat montant jusqu'à l'arrivée.
Le chrono affiche 6h31 à l'arrivée (j'espérai 6h) pour une 118 ème place. Je sais pas trop à quoi est du cette défaillance, peut-être une fringale mais ce n'était pas les symptômes correspondants. Bon, je retiendrai cette état de grâce que j'ai eu durant 3 cols 1/2 et je n'étais pas si entamé que ça à l'arrivée, c'est tout de même de bon augure pour la suite.
La suite de la journée pour moi a été de prendre le repas aux côtés des cyberpotes (Karl, Ghislain et Alain, celui de l'ain) puis d'assister au podium de l'ami Karl !
Voilà, une belle journée de vélo, une de plus !
Beau CR Laulau et surtout belle prestation tout de même. J’imagine combien cela devait être dur de prendre la décision concernant le choix de ton parcours à ce fameux rond point. C’est vrai qu’en galère tout est prétexte à s’arrêter comme tu l’as fait sous cet arbre qui te tendait les bras si je puis dire. A ce moment l’esprit est plus fort mais heureusement, le corps reprends vite la direction des opérations et on remonte sur le vélo. Il faut réussir l’objectif qu’on s’est donné et c’est ce que tu as fait.
Bravo encore pour ta ténacité
Merci pour la photo. Par contre, j’en vois un qui redescend, j’imagine que c’était la partie où vous vous croisiez.
Vraiment un décor somptueux.
On croit que les rêves sont faits pour être réalisés. C'est le problème des rêves. Les rêves sont faits pour être rêvés.
Coluche