
Petit flash back sur mes "débuts" de cycliste il y a 4 ans... A l'époque j'ignorais tout des compétitions cyclistes, excepté la seule qui comptait pour moi, le Tour de France.
Même le fait d'avoir intégré un club cycliste en septembre 2006 n'avait pour autre but que de pouvoir rouler en groupe lors de la sortie dominicale.
Petit à petit, l'idée de me mesurer aux autres a fait son chemin et c'est ainsi que j'ai pris part à ma première cyclosportive, la Jacques Gouin, en février 2007... La seule d'ailleurs où je n'ai pas été classé, en raison d'une erreur de parcours collective. A l'époque, les ''anciens'' du club me parlaient de la Marmotte comme étant le Graal de tout cyclosportif, et je me disais que ça n'était pas fait pour moi : trop long, trop loin, trop dur !
28 mois après cette première cyclo, la Marmotte 2009 est ma 50ème cyclosportive. J'aime les chiffres ronds et symboliques, j'ai pensé à ça en construisant mon calendrier en début d'année...
C'est l'événement cyclosport de mon année cycliste, bien que le seul objectif soit de terminer, idéalement en 8h30, en espérant être proche des 8h00 et sans excéder 9h00. Je n'ai pas beaucoup de points de référence sur une telle épreuve de haute montagne. Je n'ai guère participé qu'à la Time Megeve Mont Blanc 2008, et encore j'avais bifurqué sur le 110 km en raison d'un méchant mal au dos
Arrivé le jeudi midi à l'Alpe avec les copains Karl, Laulau et Alex en attendant l'arrivée de Fred le lendemain, et après un (infect) déjeuner sur le pouce dans la station, nous partons pour un petit entraînement sous un chaud soleil. Au programme, la descente vers Bourg d'Oisans, le col d'Ornon et le retour à l'Alpe d'Huez. C'est la seconde fois que je tente ces 2 ascensions et je me sens bien, c'est de bon augure pour le surlendemain. J'ai juste un peu d'inquiétude sur le fait de fournir peut-être trop d'efforts si près du jour J...
Nouvelle sortie courte le lendemain avec, pour nous accompagner cette fois, Pascal et Pierre-Marc. Il fait toujours aussi chaud et au programme nous avons mis le col de Poutran (sur les hauteurs de l'Alpe), puis une descente jusqu'à Villard Reculas et le retour à l'Alpe d'Huez.
Le Jour J
Lever à 4h45, j'ai beau avoir l'habitude, c'est toujours aussi pénible. Pourquoi diable se faire du mal comme ça ?? Le petit déjeuner est assez inhabituel pour moi, qui part volontiers à jeun et le Gatosport concocté par Laulau et cuit au micro-ondes a du mal à passer. C'est d'ailleurs la première fois que j'essaie d'en manger.
J'ai préparé un grand bidon de boisson énergétique GO2 et un autre bidon contenant de la boisson anti-crampes, bien que je ne sois pas sujet aux crampes (!).
Comme convenu, nous partons à 6h00 sonnantes pour la longue descente vers Bourg d'Oisans. Il ne fait pas chaud, et une veste à manches longues n'est pas superflue, d'autant plus que Pascal nous attend sur le parking du Casino de Bourg d'Oisans pour récupérer les vestes avant le départ.
La descente est rapidement bouclée, dans une odeur quasi permanente de caoutchouc brûlé...
Karl a fait le nécessaire pour que nous disposions de dossards prioritaires, ce qui nous permet d'aller tranquillement nous placer dans le premier sas. C'est un avantage certain lorsque l'on est en mesure de réaliser une performance, peut-être beaucoup moins quand on est un "grimpeur débutant"!!
7h05, avec un peu de retard et alors que je commence à ressentir une envie pressante (ce n'est pourtant plus le moment), le départ est donné et je suis de suite dans l'ambiance, c'est comme une cyclo banale : les 10 premiers km sont avalés à fond, en occupant toute la largeur de la route! J'arrive à remonter et à me faufiler dans la tête de peloton, et déjà en moins de 12 minutes, nous sommes à Allemont, au pied de la première difficulté, le col du Glandon.
Le Col du Glandon - 1924 m
Quelques centaines de mètres après le barrage du Verney, c'est parti pour la première ascension et je ne fais pas longtemps illusion. Ma principale erreur : avoir tenté de forcer mon allure, alors que je sais pertinemment qu'il me faut d'abord trouver mon rythme pour être bien... J'essaie de suivre Laulau et Alex, mais au bout d'à peine 1 km, j'explose déjà : grosse crampe intestinale ! Est-ce le déjeuner trop copieux et auquel je ne suis pas habitué (j'ai déjà connu un épisode identique en 2008 sur l'Etape Sanfloraine), ou le fait de n'avoir pas pu assouvir une envie naturelle avant de partir ? Bref, je ne suis pas bien du tout et pour ne rien arranger, je sue rapidement à grosses gouttes... Et cette pente qui ne s'adoucit pas !!
Après le passage un peu plus roulant au niveau du Rivier d'Allemont, et une petite descente, c'est reparti pour la fin de l'ascension. Je suis doublé de toutes parts, arrivant néanmoins à prendre un petit groupe avec lequel je rejoins le sommet du col, où je passe en 1h52. J'aperçois Claudine qui m'encourage au moment de basculer dans la descente.
Je ne suis pas fan des descentes, je démarre prudemment, en profitant pour boire un peu et manger un bout de barre énergétique, puis j'essaie de me concentrer pour ne pas perdre trop de temps. La descente est assez technique sur le haut puis difficile plus bas en raison du mauvais revêtement. Assez vite, j'adopte l'allure et les trajectoires d'un gars du VTT Gevrey, qui semble assez à l'aise. Une fois revenu sur le plat, je ne suis pas suffisamment vigilant et je manque de peu d'accrocher un groupe consistant pour parcourir la vallée de la Maurienne. C'est finalement dans un groupe suivant, moins bien organisé visiblement, que j'échoue. L'air est étouffant, je n'arrive pas à respirer correctement.
Le Col du Télégraphe - 1566 m
En sortie de Saint-Michel de Maurienne, j'aperçois sur la droite de la route le panneau col du Télégraphe 12,5. Ce dernier indique également une moyenne à 5,5%. Alors comment se fait-il que mon compteur ne décroche pas du 7 ou 8% qu'il affiche en permanence ?? Rapidement mon allure baisse et je ne parviens encore pas à suivre le groupe dans lequel j'étais au départ. Côté estomac, ça s'est bien calmé, mais le dos a pris le relais... Chaque coup de pédale provoque une douleur dans le bas du dos : difficile dans ces conditions d'appuyer sur les pédales avec toute la puissance nécessaire! Il faudra bien qu'un jour je trouve une solution pour régler ce problème...
Je laisse sur ma droite un ravitaillement de fortune, le point d'eau annoncé n'étant en fait qu'une citerne prise d'assaut, préférant attendre le ravitaillement au col du Télégraphe.
La partie haute du col est plus roulante, je reprends un peu de vitesse et je bascule au sommet en 4h13, ce qui est plutôt conforme à mon objectif. Je m'arrête pour la première fois, pour compléter mon second bidon avec de l'eau fraîche et vider plusieurs verres... Que ça fait du bien !
La descente vers Valloire est courte et ne permet pas de réellement récupérer...
Le Col du Galibier - 2642 m
Elle n'est pas très agréable, cette traversée de Valloire, avec sa zone pavée et ses rues défoncées. On m'avait signalé un km difficile à la sortie de la station, j'attends encore de voir. Après 2 km de montée, la grosse zone de ravitaillement des Verneys est en vue. Après une courte hésitation, je décide de m'arrêter et je me jette sur les verres d'eau et les quartiers d'orange, la seule chose que je peux avaler, les barres énergétiques ne passent pas depuis le départ...
Je repars sans trop forcer, bien que la pente soit plus douce, jusqu'à Plan Lachat. Un peu avant Plan Lachat, j'entends une voix derrière moi, un gars avec le maillot de Cournon d'Auvergne me dépasse : c'est Veloblan! Même si son rythme de croisière n'est que très légèrement supérieur au mien, je ne cherche pas à le suivre, le Galibier me fait peur ! Pourtant ma fréquence cardiaque peine à monter au-delà des 160 bpm en rythme de croisière...
Nouvelle halte au point d'eau de Plan Lachat, j'enfile les verres d'eau et remplis à nouveau mon bidon. Puis c'est l'ascension de la partie difficile du Galibier , sur ses 8 derniers km. Je plafonne à 8-9 km/h, je vais même mettre pied à terre 2 courtes minutes pour m'étirer un dos vraiment endolori. J'égrène les km restants dans ma tête. Si seulement je pouvais aller plus vite, je souffrirais moins longtemps !!
Encore 2 km, un signaleur nous empêche de continuer vers le tunnel. Un oeil vers le sommet, ça va être dur de monter tout là-haut ! De fait, les pourcentages du dernier km ne descendent pas sous les 10%. Le col est en vue, ouf !! 6h02, je ne suis plus dans le rythme de mon objectif.
Nouvel arrêt ravitaillement, et à nouveau les quartiers d'orange et les verres d'eau. Et toujours pas de solide dans le gosier...
C'est une longue descente qui m'attend, pour rejoindre la vallée de l'Oisans, en passant par le Col du Lautaret.
Je me sens comme libéré dans les premiers hectomètres de la descente. Je réalise que je viens de franchir mon premier col de plus de 2000 m. Alors les sentiments s'entrechoquent dans ma tête et je me surprends à laisser échapper quelques larmes : à la fois heureux d'être là où je n'aurais jamais cru pouvoir être un jour sur un vélo et tellement déçu de ne pas être complètement à la hauteur de l'événement...
La descente pourrait être agréable, la route est large, mais il y a ce vent, un peu frais en altitude et qui laisse une impression assez désagréable, chaque bourrasque rendant ma monture instable.
Je retrouve un petit groupe sur la fin de la descente, qui va s'étoffer au fil des kilomètres, après la série très surprenante de tunnels peu ou mal éclairés, notamment le premier où les véhicules phares allumés venant en sens inverse donnent l'impression d'occuper toute la chaussée !!
Mon braquet (50x13) se révèle tout juste suffisant pour suivre dans de bonnes conditions le groupe d'environ 25 unités. Je profite des courtes montées pour me replacer parce que dans les descentes et sur le plat... je mouline à mort !
J'essaie également de profiter du paysage que je ne connais pas, comme ce barrage de Chambon que nous longeons, j'y plongerais bien, avec cette chaleur accablante !
Je n'aurai pas le loisir d'arriver à Bourg d'Oisans dans ce groupe, je suis une nouvelle fois lâché, à force de faire l'élastique, au niveau du barrage du Clapier. Ce n'est pas grave, je ne suis plus à quelques minutes près...
Bourg d'Oisans, 161ème kilomètre, il ne reste plus que la mythique montée de l'Alpe. Auparavant, je fais une nouvelle halte au ravitaillement, toujours au stand "oranges" et je complète une dernière fois mon bidon d'eau. Mon bidon de boisson isotonique est toujours aux 2/3 plein, mais il fait tellement chaud que je n'ai envie que d'eau fraîche. Tant pis pour le gain d'énergie potentiel !
J'apprends au ravitellement que les premiers sont passés à midi... Impressionnant ! Mon compteur indique 7h23. Je suis tellement claqué que je ne vois pas comment je pourrais rentrer au bercail en moins d'1h10, alors que je l'ai fait sans problème 2 jours avant à l'entraînement !
L'Alpe d'Huez - 1790 m
Après cette halte salvatrice, l'ascension ne démarre pas trop mal, j'arrive à dépasser 10 km/h sur les 2 premiers virages, alors qu'il sont sensés être les plus durs. Mais rapidement mon dos vient imposer de nouveau sa loi. J'essaie d'accrocher le plus possible les gars qui ne me doublent pas trop vite, avec plus ou moins de succès... Et ce soleil qui me brûle : il me semble que mes bras ont tourné au rouge vif... quand je pense que Fred m'a proposé de mettre de l'huile solaire et que j'ai refusé...
Je lève la tête vers les pancartes indiquant le numéro de chaque virage, en décomptant le nombre de virages restants...
Un nouveau point d'eau est en vue, je m'y arrête, comme je m'arrêterai une dernière fois au point suivant, moi qui ne bois jamais suffisamment, j'aurai vraiment bu comme un trou sur cette cyclo !
Enfin, l'Alpe est en vue, il reste moins de 5 km. Un gars de noir vêtu me dépasse, sa tenue me dit quelque chose... Il s'éloigne, je n'y pense plus. Je le rejoins sans avoir pourtant accéléré, j'y repense... Ca y est, je me souviens, ce doit être Benoit Delalleau, dont je parcours régulièrement le blog, intéressé que je suis par son approche "scientifique" de la performance, au travers notamment d'un capteur de puissance et de l'analyse de ses données. J'avais signalé sur le Forum des Cyberpotes avant de venir sur place que je souhaitais le rencontrer pour en savoir un peu plus. Finalement, c'est sur la zone d'arrivée, après avoir constaté que son pédalier est bien pourvu d'un SRM que je l'aborde. Mais ce n'est pas l'endroit idéal et je le perds rapidement de vue après avoir échangé quelques mots.
Entre temps, après avoir traversé le village de l'Alpe, être passé sous la fenêtre du logement que nous occupons pour l'occasion sous les encouragements de Laulau, arrivé depuis longtemps en 7h38, à l'instar de Karl et de sa performance épatante en 6h45, et avoir manqué d'être envoyé au tapis par un abruti qui, en sprintant pour la 1650ème place, vient percuter mon avant-bras gauche, j'en finis après une montée totalement merdique de 1h29 en 8h54 (dont une bonne vingtaine de minutes passées dans les différents ravitaillements), loupant le brevet d'Or pour 5 petites minutes. Rageant, non ? D'habitude, je me moque de ces considérations, mais là... c'est la Marmotte !!
Finalement, je finis avec la satisfaction d'avoir bouclé ce parcours avec mes moyens, aussi modestes soient-ils, sans avoir connu de défaillance malgré les pépins physiques, malgré la chaleur dont je ne suis pas fan et malgré l'absence d'entraînement spécifique en montagne.
J'ai pu entrevoir également ce qui m'attend l'année prochaine où mes objectifs seront complètement différents de ceux des 2 dernières années : manger des cols, effectuer le Raid Extrême Vosgien, l'Ardéchoise Marathon, les 3 Ballons.... et la Marmotte de nouveau, avec l'objectif de gagner une heure!